PLATEAU DE BEILLE - Patrice Clerc, le président d'Amaury Sport Organisation (ASO), a apporté dimanche son plein soutien à Christian Prudhomme, qui a été attaqué par Pat McQuaid, le président de l'Union cycliste internationale.

"Je soutiens complètement Christian Prudhomme", a déclaré à l'AP Patrice Clerc, remonté contre l'UCI. "Voilà des gens (l'UCI) avec qui on décrète l'union sacrée dans la lutte contre le dopage au-delà de tous les problèmes, de toutes les divergences, pourtant nombreuses avec les personnes qui détiennent le pouvoir sportif. Et qu'est-ce qu'on voit? On voit des gens qui ont des informations qu'ils diffusent ou qu'ils font diffuser pendant le Tour de France, et qui portent une atteinte au Tour de France, qui renforcent la mauvaise image qu'il y a aujourd'hui autour de ce sport, sans nous le dire."

La révélation jeudi de l'avertissement reçu de l'UCI par Michael Rasmussen avant le Tour pour ne pas avoir pu être localisé lors de plusieurs contrôles antidopage, a fait planer le doute concernant les performances du Danois, maillot jaune de la Grande Boucle.

Prudhomme, le directeur du Tour, s'est étonné le soir même du moment choisi pour faire cette révélation, l'UCI et la Fédération danoise étant au courant de l'avertissement infligé à Rasmussen avant le début du Tour.

Prudhomme aurait immédiatement téléphoné à McQuaid, le président de l'UCI, pour lui demander s'il voulait "tuer le Tour" par ces révélations.

"Ils font de fausses conclusions. Ils sont paranoïaques à l'égard de l'UCI et je ne sais pas pourquoi (...) Je souhaite des excuses de Prudhomme", avait répliqué McQuaid samedi à Dublin, en Irlande, où il passe des vacances avec sa famille.

"Peut-être que M. McQuaid n'est pas au courant de ce qui se trame, il est en vacances. Peut-être que ce sont d'autres personnes qui tirent les ficelles dans l'ombre, on peut croire ça aussi, répond Clerc. Je comprends que Christian pique un coup de sang et se sente offensé. Voilà des gens avec qui on a décidé de faire l'union sacrée pour unir nos forces dans la lutte contre le dopage, et se sentir trahi a ce point..."

Il estime que cette révélation a pour but de porter atteinte au Tour de France et que s'il avait eu connaissance de l'avertissement infligé à Rasmussen, le Danois n'aurait peut être pas pris le départ de la Grande Boucle.

"Si nous avions su, premièrement que comme je l'ai lu dans les gazettes, l'UCI avait recommandé à l'équipe Rabobank de ne pas aligner Rasmussen dans le Tour; deuxièmement, que la raison de son avertissement était la non communication de sa localisation; troisièmement, qu'il était suspendu par sa fédération pour les championnats du monde et peut-être pour les Jeux olympiques: je pense qu'à ce moment-là, on aurait réfléchi de manière différente et que vraisemblablement on aurait eu une discussion de fond avec l'équipe Rabobank qui, je l'espère, aurait été suivie d'effets."

Clerc rapproche la "révélation Rasmussen", de celle du contrôle positif à la testostérone de l'Allemand Patrik Sinkiewitz.

"Ce contrôle effectué le 8 juin sort un mois et demi après. On l'apprend le 18 juillet sans attendre le résultat de l'échantillon B. C'est hallucinant. Normalement, il faut attendre l'échantillon B. Mais certaines personnes se sont dit puisqu'il est à l'hôpital - il est tombé à Tignes - c'est embêtant que ça sorte après le Tour de France car ça ne lui portera pas atteinte."

Clerc s'étonne aussi que le président de l'UCI ait pu dire avant le Tour que si l'un des favoris du Tour venait à le gagner (le Kazakh Alexandre Vinokourov), sa victoire serait entâchée de suspicion (pour sa collaboration avec Michele Ferrari).

Concernant Rasmussen, Clerc rappelle "qu'une lettre d'avertissement, ce n'est pas une suspension. Ou alors il faut changer le règlement. Et alors, on doit nous communiquer la liste de tous les coureurs qui ont été avertis, car j'imagine qu'il n'y en a pas qu'un seul, j'imagine qu'il y a en a d'autres dans le peloton qui ont été avertis, mais alors pourquoi celui-là? Parce qu'il est maillot jaune?

"Il y a un certain nombre de gens qui ont clairement décidé d'entrer en guerre contre le Tour de France et de l'affaiblir. Et ces gens-là, ils sont à mon avis en train d'être démasqués", conclut Clerc.