GENÈVE, Suisse - Les dirigeants du milieu du cyclisme ont laissé la culture du dopage se développer et ont brisé leurs propres règles afin de permettre à Lance Armstrong de devenir l'étoile internationale recherchée en trichant, selon un rapport cuisant sur la culture du dopage dans ce sport.

L'Union cycliste internationale a été sévèrement critiquée pour ne pas avoir agi au cours de l'ère du dopage dominée par Armstrong, mais le rapport de 227 pages publié par l'UCI tôt lundi matin ne mentionne pas de preuve permettant de croire qu'il a payé les dirigeants afin qu'ils ferment les yeux sur des tests positifs.

Le rapport avait été commandé par les nouveaux dirigeants de l'UCI afin de faire lumière sur le dopage qui a détruit la crédibilité du cyclisme et qui a mené au retrait des sept titres du Tour de France d'Armstrong en 2012.

Si l'enquête d'un an n'a pas mené à des découvertes majeures, et n'a pas permis de trouver des preuves sur les allégations selon lesquelles Armstrong a payé l'UCI pour couvrir un test positif, elle suggère tout de même que le dopage est toujours présent au plus haut niveau de cyclisme sur route.

L'UCI espère aussi que la publication du rapport permettra de tourner la page sur une époque noire de son histoire et aidera le public à faire à nouveau confiance au cyclisme.

Le manque de volonté de l'UCI pour expulser Armstrong et d'autres cyclistes du sport lors d'une ère « infestée » par l'utilisation d'érythropoïétine (EPO) est ce qui ressort le plus du rapport.

« On voyait ça comme une chasse aux sorcières qui nuirait à l'image du cyclisme », a conclu le panel de trois enquêteurs.

Les anciens présidents de l'UCI Hein Verbruggen et Pat McQuaid sont décrits comme des leaders "autocratiques" et "faibles" qui ont nui aux efforts antidopage.

Le rapport indique que les deux hommes ont à un moment ou à un autre défendu et protégé Armstrong « et ont pris des décisions parce qu'ils étaient en sa faveur ».

Le rapport confirme aussi que le premier des sept titres d'Armstrong au Tour de France en 1999 a été uniquement possible puisque l'UCI a accepté une prescription antérieure pour des corticostéroïdes afin d'expliquer un test positif pendant la compétition.

Armstrong a été une des 174 personnes qui ont témoigné lors de l'enquête menée par Dick Marty, un politicien suisse qui a déjà enquêté sur l'utilisation de prisons d'interrogation secrètes de la CIA en Europe.

« Aucun cycliste n'a admis volontairement avoir violé les règles antidopage », peut-on lire dans le rapport.

Plusieurs cyclistes ont toutefois mentionné qu'ils croyaient que le dopage était toujours répandu dans le sport puisque les athlètes se sont adaptés pour contourner les nouvelles méthodes de détection, comme le passeport biologique créé par l'UCI.

« Un cycliste professionnel respecté a dit qu'encore aujourd'hui, 90 pour cent du peloton se dopait », dit-on dans le rapport.

On ajoute que le dopage « généralement sophistiqué » est fait à l'extérieur du contrôle des équipes, quand les cyclistes rencontrent des "spécialistes du dopage".

Cependant, on croit que les cyclistes qui ne se dopent pas ont maintenant la chance d'être compétitifs. Les doses minuscules de produits dopants consommées de nos jours afin d'éviter de laisser des traces dans le passeport biologique augmenteraient les performances de seulement « trois à cinq pour cent, contre 10 à 15 pour cent lors de l'ère de l'EPO ».