Le Giro 2013 est à nos portes avec la première des 21 étapes qui aura lieu samedi à Naples, dans le sud de l’Italie.

La grande question : est-ce que le Canadien Ryder Hesjedal sera en mesure de défendre son titre et devenir le premier coureur depuis Miguel Indurain en 1992 et 1993 à remporter le Giro deux années successives?

À partir du moment où il a gagné le tour l’an dernier, il faut le considérer pour remporter le Giro. Mentalement, il est un cycliste très « solide » qui ne connaît jamais une mauvaise étape. Il se dit plus décontracté que jamais et en meilleure forme qu’à la même période l’an dernier. Seulement du bluff pré-course pour se donner confiance? Je ne crois pas. Ryder est un homme de peu de mots. Il ne déclare pas des choses pour le simple fait de déclarer des choses. S’il se dit plus fort, il faut le croire. Zéro affirmation en l’air dans ses propos.

Garmin-Sharp n’est pas l’équipe la plus forte, comme l’an dernier. En fait, l’an dernier, Ryder avait très adroitement su profiter du travail des autres équipes, notamment celle d’Ivan Basso, dans les étapes de montagne pour gagner. Peut-on croire à ses chances de répéter? Oui.

Si des rivaux l’ont pris à la légère l’an dernier, et on ne le saura jamais puisqu’il y a beaucoup de respect entre coureurs, ils ne referont pas la même « erreur » cette année. L’an dernier, Ryder a montré assez rapidement aux Basso, Michele Scarponi, Joaquim Rodriguez qu’il n’était pas à prendre à la légère.

Il va s’en dire que les deux principaux prétendants au titre cette année, Vincenzo Nibali et Bradley Wiggins, vont avoir Hesjedal à l’œil puisqu’il est le champion en titre et un candidat sérieux au podium. Ils connaissent ses qualités. Ryder est un cycliste très constant qui ne connaît jamais une mauvaise journée lors des grands tours. Dans un grand tour comme le Giro, une seule mauvaise étape peut te faire perdre le tour. Il est aussi excellent lors de la troisième semaine, la plus décisive peu importe l’allure du parcours.

Ryder a également déclaré qu’il pouvait être meilleur que l’an dernier, et dans une condition physique supérieure, et ne pas gagner le tour parce que la compétition est très relevée avec la présence de Nibali et Wiggins, qui, dans leur spécialité respective, la montagne et le contre-la-montre, sont supérieurs à Hesjedal.

Peu importe l’allure du parcours, la crème finit toujours par remonter dans un tour de trois semaines. Il peut se produire des surprises lors des courses d’une journée (le meilleur coureur qui est aux prises avec des ennuis mécaniques, des crampes, etc.). En trois semaines, ce sont les coureurs qui décident et non pas le parcours. Ce qu’il y a d’intéressant avec le Giro, c’est qu’avec le relief des premières étapes (la quatrième sera particulièrement difficile, 244 km, la plus longue de l’édition 2013), on saura rapidement qui sera dans le coup et en forme et qui ne le sera pas.

Il y a un contre-la-montre par équipes le deuxième jour, c’est bon pour Ryder et Wiggins qui sont bien entourés. Il y a aussi un contre-la-montre individuel de 55 kilomètres à la 8e étape. Sur papier, Wiggins devrait gagner. Les contre-la-montre sont le terrain de prédilection de Wiggins, c’est grâce à ça qu’il a gagné le Tour de France en 2012.

S’il y a encore des écarts serrés en fin de Giro, le tour risque de se jouer à la 19e et à la 20e étape, deux étapes de montagne qui ont été qualifiées de « terrifiantes » par Samuel Sanchez. L’objectif de Nibali, possiblement le meilleur grimpeur du Tour 2013, est de se donner de l’avance sur Wiggins en montagne parce qu’il est un meilleur grimpeur. Wiggins peut gagner du temps au contre-la-montre (il y en a un autre à la 18e étape – 19,4 km), mais il ne peut céder trop de temps en montagne parce qu’il ne peut entreprendre la 18e étape avec six minutes de retard.

Ryder, lui? Il est bon en montagne, il l’a prouvé par le passé. Il n’est pas mauvais contre la montre. S’il perd contact en montagne, il devra limiter ses pertes. Pour revenir à ce que je mentionnais en début d’article, l’équipe Garmin-Sharp, certes, n’est pas la plus forte, mais elle n’est pas mauvaise non plus. Il y a de très bons éléments pour protéger Ryder pour la montagne. Tom Danielson, qui affiche de bons résultats depuis son retour à la compétition le 1er mars, Peter Stetina, qui a terminé 22e du Tour d’Italie l’an dernier et qui est bon en montagne, et Christian Vande Velde, qui est un coureur capable d’appuyer Ryder en montagne en plus d’être un excellent capitaine de route en raison de son expérience, entourent bien le cycliste canadien.