Enfin libéré de l'emprise de Lance Armstrong, le Tour de France 2006 promettait du suspense mais on ne se doutait pas à quel point. On annonçait un duel entre Ullrich et Basso mais à la veille du départ, les deux prétendants au trône disparaissaient sur présomption de dopage. Aussitôt, les pronostiqueurs se tournaient vers Floyd Landis et l'ancien domestique d'Armstrong allait ultimement leur donner raison, non sans avoir frôlé la catastrophe à quatre jours de l'arrivée.

Battu sur une défaillance aussi spectaculaire qu'inattendue, Landis signe le lendemain un exploit qui le replace dans le rôle de favori alors qu'on l'avait enterré.

Quand on se remémorera le Tour 2006, c'est d'abord la chevauchée fantastique vers Morzine qu'on évoquera. L'équipe du maillot jaune Pereiro n'a rien à se reprocher, ayant tout donné ce jour-là dans la poursuite derrière Landis mais les formations de Carlos Sastre et Andreas Kloden ont pour leur part commis l'erreur de croire que Landis allait craquer.

Oscar Pereiro est deuxième à Paris parce que l'équipe de Landis lui a offert le maillot jaune à une semaine de l'arrivée mais on ne peut nier le panache de ce coureur talentueux sur la dernière semaine du Tour.

Parmi les faits marquants de cette excitante édition 2006, le long cavalier seul du grimpeur Danois Rasmussen pour sa deuxième conquête du maillot de la montagne, le jour même où le maillot jaune Landis s'effondrait.

Le Luxembourgeois Franck Schleck, enlève l'étape myhtique de l'Alpe d'Huez et termine 11e à Paris à son premier Grand Tour en carrière. À 26 ans, il prend rendez-vous avec la Grande Boucle, tout comme Damiano Cunego qui découvrait l'épreuve à 24 ans et en repart avec le maillot blanc, le meilleur chez les 25 ans et moins, 12e au classement final.

Comment ne pas rappeler les deux victoires contre-la-montre du vieux Sergei Honchar qui fait la barbe aux spécialistes de la jeune génération.

Enfin, Tom Boonen se présentait à Strasbourg fort de 17 victoires en 2006 et devait être le grand sprinter du Tour. Dominé par McEwen et Freire, c'est un champion du monde démoralisé qui quitte le Tour dans les Alpes, sans faire de bruit.

Privé de suspense depuis sept ans, le Tour de France 2006 nous aura tenus en haleine jusqu'au bout.

À bientôt 31 ans, Floyd Landis n'est pas en voie d'aligner six autres victoires et aussi sympathique soit-il, personne ne s'en plaindra.

Encore 49 semaines et on recommence...