MILAZZO, Italie - Le Giro a vécu à l'heure des polémiques, lundi, dans sa troisième étape enlevée à Milazzo par l'Italien Daniele Bennati mais surtout marquée par plusieurs chutes sur le parcours de 221 kilomètres contournant l'Etna pour la dernière journée sicilienne.

Au lendemain de son succès d'étape, Riccardo Ricco, la victime la plus notable, s'est retrouvé à terre dans la traversée de Messine. Quelques gouttes de pluie ont suffi à rendre encore plus glissante la chaussée, au revêtement souvent gras et inégal, sur des routes truffées de rétrécissements et de pièges.

Le grimpeur italien, à terre dans un enchevêtrement d'une vingtaine de coureurs, a pu repartir et réintégrer le peloton. Mais celui qui est surnommé le "Cobra" s'est vite plaint de la main gauche, pensant avoir un doigt cassé.

À l'arrivée, l'étoile montante du cyclisme italien a lâché: "Je préfère ne pas m'exprimer sur le parcours, je dirais des choses trop graves. Je dirai seulement que nous avons tout vu aujourd'hui, des routes qui se rétrécissaient brusquement, dangereuses, des rails sur la chaussée, et tout et tout..."

À l'approche de Milazzo, port d'embarquement vers les îles Eoliennes au parfum entêtant de romantisme, une autre chute collective a interrompu le déroulement de l'étape. Cette fois, l'Australien Bradley McGee, ancien maillot rose de l'épreuve (en 2004), a dû être évacué vers un hôpital pour passer des radios (probable fracture d'une clavicule).

Le sprint de Bennati

Les accusations sur le parcours - une tradition quand le Giro visite le sud de l'Italie - ont été renforcées par les chutes de la veille, entre Cefalu et Agrigente, dans la traversée nord-sud de l'île. Avec, pour victimes, l'Américain David Zabriskie et, à un degré moindre, le grimpeur colombien Mauricio Soler au devenir incertain dans le Giro.

Dans le final, le "local", Vincenzo Nibali, alias le "requin du détroit" (de Messine), a essayé de se faire la belle. Mais la poursuite des équipiers de Danilo Di Luca, le vainqueur 2007 qui se comporte visiblement en patron de la course, a provoqué l'échec de la tentative.

Au sprint, Bennati a produit son effort de loin, avant l'ultime courbe très large. Dans sa roue, l'Allemand Erik Zabel est resté à hauteur de pédalier sans pouvoir mettre en cause la première victoire du Toscan dans le Giro.

À 27 ans, Bennati a complété son palmarès dans les grands tours, un an après avoir enlevé deux étapes du Tour de France et trois de la Vuelta. Dans le Giro, sa seule expérience (en 2004) s'était interrompue après une journée.

Son coéquipier de la formation Liquigas, Franco Pellizotti, a gardé le maillot rose pour rejoindre le continent. Après l'arrivée, le peloton du Giro a pris la direction de la Calabre où il disputera mardi la quatrième étape, entre Pizzo Calabro et Catanzaro lungomare, sur un parcours de 183 kilomètres encore favorable aux sprinteurs malgré un col de 3e catégorie dans la première moitié de course.