L'exception française irrite
Cyclisme jeudi, 25 janv. 2007. 11:35 vendredi, 13 déc. 2024. 16:48
LAUSANNE (AFP) - En voulant exercer sans attendre sa compétence dans le cas de Floyd Landis, vainqueur sous testostérone du Tour de France cycliste 2006, en traquant son dauphin Oscar Pereiro, l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) agace les autorités mondiales antidopage.
"C'est une situation compliquée... mais c'est aussi un pays compliqué", souriait Richard Pound, président de l'Agence mondiale antidopage, à l'issue de la conférence de l'AMA, mercredi à Lausanne.
Soucieux de respecter l'esprit du code mondial antidopage, et la "prééminence de la justice sportive américaine" puis internationale, sur son homologue française, M. Pound a demandé en décembre à l'AFLD de surseoir à l'examen du cas Landis jusqu'à la fin des autres procédures... qui n'ont pas encore débuté.
Cette demande, verbale, n'a pas empêché M. Bordry, président de l'AFLD, de convoquer le 8 février l'Américain, contrôlé positif à la testostérone durant le Tour comme l'ont révélé les échantillons A puis B. Convocation confirmée mercredi par M. Philippe Dautry, secrétaire général de l'AFLD, qui a annoncé que le collège déciderait ce jour là de suspendre son enquête ou bien de la poursuivre, "au nom de la loi française". Une loi qui n'est plus en vigueur depuis octobre 2006 mais l'était au moment du Tour.
Abracadabrant
"Il faut que l'instruction des cas aille plus vite, reconnaît Richard Pound. Dans le cas Landis, comme dans l'affaire Puerto (du nom de l'opération de la justice espagnole qui met en cause des dizaines de cyclistes), il n'y a pas de sanctions alors que la saison commence. Mais dans le cas Landis, ce n'est pas un problème de vitesse mais de priorité. C'est à l'Agence antidopage américaine (USADA) de juger, puis à la Fédération internationale (UCI) et enfin, éventuellement, à l'AMA, via le Tribunal arbitral du sport (TAS)", dit-il.
Si, le 8 février, l'AFLD devait sanctionner le vainqueur du Tour 2006 et si les audiences prévues par l'USADA à partir de mars devaient accoucher d'un non-lieu ou traîner en longueur, rien n'empêcherait Landis de participer à la saison 2007, à l'exception notable des courses organisées en France, au nom d'une loi désormais obsolète.
Une situation abracadabrante pour les observateurs étrangers, américains surtout. Une perspective intellectuellement "gênante" pour les Français qui envisagent mal de collaborer, par inaction, à l'impunité d'un sportif convaincu de dopage sur leur territoire.
Médiatisation gênante
Tout aussi diviseur est le cas d'Oscar Pereiro, contrôlé positif au salbutamol mais couvert par une autorisation d'usage thérapeutique (AUT) lors du Tour dont il pourrait être déclaré vainqueur en cas de disqualification de Landis.
En demandant à l'Espagnol de justifier médicalement l'AUT délivrée par l'UCI, justification obtenue jeudi, et surtout en évoquant son cas dans les médias avant qu'il ne soit jugé, l'AFLD a provoqué l'ire des instances internationales. "C'est un cas qui ne se reproduira pas", a ainsi commenté sévèrement David Howman, directeur général de l'AMA, sous-entendant qu'en vertu de la nouvelle loi qui la régit, l'AFLD n'aurait plus à interférer avec les décisions des instances mondiales mais s'occuperait seulement de délivrer des AUT aux sportifs français pour des compétitions nationales.
Le docteur Patrick Schamasch, directeur du département médical et scientifique du Comité international olympique (CIO), juge lui le fond de l'affaire justifié: "Revoir une AUT fait partie du travail normal de l'agence", dit-il. "Mais porter l'anathème sur qui que ce soit avant que le dossier ne soit totalement bouclé, c'est inadmissible", ajoute-t-il en référence à la publicité faite par l'AFLD autour du cas Pereiro. Médiatisation que l'agence française justifie par le statut de l'Espagnol, lauréat potentiel d'un Tour qui n'en finit pas.
"C'est une situation compliquée... mais c'est aussi un pays compliqué", souriait Richard Pound, président de l'Agence mondiale antidopage, à l'issue de la conférence de l'AMA, mercredi à Lausanne.
Soucieux de respecter l'esprit du code mondial antidopage, et la "prééminence de la justice sportive américaine" puis internationale, sur son homologue française, M. Pound a demandé en décembre à l'AFLD de surseoir à l'examen du cas Landis jusqu'à la fin des autres procédures... qui n'ont pas encore débuté.
Cette demande, verbale, n'a pas empêché M. Bordry, président de l'AFLD, de convoquer le 8 février l'Américain, contrôlé positif à la testostérone durant le Tour comme l'ont révélé les échantillons A puis B. Convocation confirmée mercredi par M. Philippe Dautry, secrétaire général de l'AFLD, qui a annoncé que le collège déciderait ce jour là de suspendre son enquête ou bien de la poursuivre, "au nom de la loi française". Une loi qui n'est plus en vigueur depuis octobre 2006 mais l'était au moment du Tour.
Abracadabrant
"Il faut que l'instruction des cas aille plus vite, reconnaît Richard Pound. Dans le cas Landis, comme dans l'affaire Puerto (du nom de l'opération de la justice espagnole qui met en cause des dizaines de cyclistes), il n'y a pas de sanctions alors que la saison commence. Mais dans le cas Landis, ce n'est pas un problème de vitesse mais de priorité. C'est à l'Agence antidopage américaine (USADA) de juger, puis à la Fédération internationale (UCI) et enfin, éventuellement, à l'AMA, via le Tribunal arbitral du sport (TAS)", dit-il.
Si, le 8 février, l'AFLD devait sanctionner le vainqueur du Tour 2006 et si les audiences prévues par l'USADA à partir de mars devaient accoucher d'un non-lieu ou traîner en longueur, rien n'empêcherait Landis de participer à la saison 2007, à l'exception notable des courses organisées en France, au nom d'une loi désormais obsolète.
Une situation abracadabrante pour les observateurs étrangers, américains surtout. Une perspective intellectuellement "gênante" pour les Français qui envisagent mal de collaborer, par inaction, à l'impunité d'un sportif convaincu de dopage sur leur territoire.
Médiatisation gênante
Tout aussi diviseur est le cas d'Oscar Pereiro, contrôlé positif au salbutamol mais couvert par une autorisation d'usage thérapeutique (AUT) lors du Tour dont il pourrait être déclaré vainqueur en cas de disqualification de Landis.
En demandant à l'Espagnol de justifier médicalement l'AUT délivrée par l'UCI, justification obtenue jeudi, et surtout en évoquant son cas dans les médias avant qu'il ne soit jugé, l'AFLD a provoqué l'ire des instances internationales. "C'est un cas qui ne se reproduira pas", a ainsi commenté sévèrement David Howman, directeur général de l'AMA, sous-entendant qu'en vertu de la nouvelle loi qui la régit, l'AFLD n'aurait plus à interférer avec les décisions des instances mondiales mais s'occuperait seulement de délivrer des AUT aux sportifs français pour des compétitions nationales.
Le docteur Patrick Schamasch, directeur du département médical et scientifique du Comité international olympique (CIO), juge lui le fond de l'affaire justifié: "Revoir une AUT fait partie du travail normal de l'agence", dit-il. "Mais porter l'anathème sur qui que ce soit avant que le dossier ne soit totalement bouclé, c'est inadmissible", ajoute-t-il en référence à la publicité faite par l'AFLD autour du cas Pereiro. Médiatisation que l'agence française justifie par le statut de l'Espagnol, lauréat potentiel d'un Tour qui n'en finit pas.