PARIS - En dépit des menaces réitérées de l'Union cycliste internationale (UCI), les équipes ont confirmé vendredi à 48 heures du départ leur participation à Paris-Nice.

Les équipes, qui ont décidé par un vote acquis à la majorité des membres de leur association internationale (AIGCP), se sont prononcées après avoir eu connaissance de l'avis du Tribunal arbitral du sport (TAS) qui s'est déclaré incompétent sur les sanctions envisagées par l'UCI.

D'ores et déjà, les équipes ont averti que leurs coureurs
seraient solidaires en cas de sanctions pour leur participation à Paris-Nice, une épreuve de la société ASO (Amaury Sport Organisation) également responsable du Tour de France.

Pat McQuaid, le président irlandais de la fédération internationale, a expliqué l'escalade des derniers jours dans ce conflit récurrent depuis plus de trois ans. "Je n'ai pas le choix de faire autrement", a-t-il déclaré sur RTL. "C'est ASO qui a décidé d'organiser la course, et qui ne respecte pas les règles de l'UCI. La fédération française a aidé ASO."

Auparavant, le président de l'UCI s'en était pris aux autorités françaises dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde. Il avait accusé ASO de vouloir échafauder une Ligue privée avec le soutien du ministère français des Sports.

Un camouflet

Dans son texte, Pat McQuaid dénonçait le "chantage" d'ASO, accusée d'utiliser le Tour de France pour contraindre les équipes à participer à Paris-Nice. "En favorisant la sortie du cadre fédératif d'un organisateur, le ministère donne, de facto, sa bénédiction à la création d'une ligue privée", ajoutait l'UCI.

Quelques heures plus tard, l'UCI annonçait l'ouverture de procédures disciplinaires à l'encontre de la fédération française (FFC), sous l'égide de laquelle Paris-Nice se tiendra, et de son président Jean Pitallier, à qui ils reprochent d'"avoir trahi leur obligation de loyauté", ainsi que d'Eric Boyer, le président français de l'AIGCP.

Toujours est-il que le président de l'UCI doit maintenant trouver une issue dans un conflit qui a bafoué directement son autorité.

Si Eric Boyer s'est gardé de jeter de l'huile sur le feu ("non, ce n'est pas un pied de nez vis-à-vis de l'UCI", a-t-il dit), la décision de l'association des équipes ressemble à s'y méprendre à un camouflet.

"Quand l'UCI a voulu nous interdire de disputer Paris-Nice, on a répondu qu'on voulait trouver une solution. On l'a trouvée avec ASO", a résumé Eric Boyer tout en ajoutant: "La porte est ouverte au dialogue à tout moment."

"On ne veut pas se trouver en otage"

L'association des équipes, qui a abordé la réunion divisée, a fini par se rallier à une large majorité (15 voix pour, 8 absent ou abstentions). Elle a prévu de tenir une réunion le jour de l'arrivée de Paris-Nice (16 mars) avec ASO afin, a expliqué le président de l'AIGCP, "de ne pas avoir à revivre ce qu'on vient de connaître" pour la suite de la saison.

"On ne veut pas se trouver en otage dans cette situation mais on ne donne pas carte blanche à ASO", a souligné l'un des directeurs sportifs. "Il n'est pas question de se retrouver dans le futur dans ce type de situation".

Quant à ASO, l'un de ses dirigeants, Gilbert Ysern, a tenu à démentir "cette rumeur selon laquelle ASO vise à être indépendant". En réponse à une question sur une éventuelle Ligue privée, il a répondu: "Ce n'est pas aujourd'hui ce qu'on est en train de préparer."

Au terme de cette journée à rebondissements, Pat McQuaid est apparu sonné: "Si l'UCI a laissé ASO organiser la course en dehors des règles de l'UCI et que les équipes disent 'OK, allez comme vous voulez' (aux coureurs), je n'ai plus qu'à fermer la porte de l'UCI et à donner les clés à Paris."