Michael Woods voyait grand pour sa première participation au Tour de France à titre de meneur de l'équipe Israël Start-Up Nation. Une victoire d'étape, peut-être même un top-10 au classement général. La chute massive causée par une spectatrice lors de la première étape a changé la donne. Aura-t-elle aussi un impact sur sa performance olympique?

Le cycliste d'Ottawa a finalement décidé de quitter la Grande Boucle avant sa conclusion, ne se présentant pas au départ de la 19 étape, vendredi. Relégué à plus d'une heure au classement général, il a décidé de devancer son départ pour Tokyo afin de mieux se préparer pour les Jeux.

Chose certaine, ce n'est pas tout à fait la préparation que Woods souhaitait en vue de la course sur route des Jeux olympiques de Tokyo, qui sera disputée le samedi 24 juillet, au parc Musashinonomori, un parcours qu'il connaît bien.

« J'ai vu le parcours en 2019 quand j'ai participé à la Coupe du Japon. J'ai vu que le parcours est très difficile, avec de bonnes ascensions. Mais je crois que si je suis en bonne condition, que je ne traîne pas de blessure, je suis en bonne position pour monter sur le podium. »

S'il connaissait les risques, Woods estimait à quelques jours du départ du Tour qu'il n'y avait pas meilleure préparation possible en vue de la course olympique que de prendre part à une grande classique comme le Tour de France.

« Si tu chutes dans un tour comme ça, tu peux gâcher tes Jeux, expliquait-il. En même temps, je pense que c'est un risque qu'il faut assumer. Je suis à mon meilleur une semaine après un Grand Tour environ. Quand j'ai terminé troisième aux Mondiaux, en 2018, c'était une semaine après la Vuelta, où j'avais gagné une étape. Oui, c'est un risque, mais la préparation que le Tour va m'apporter, si je m`en sors sans blessure, fera en sorte que je livrerai bataille pour une médaille (à Tokyo). »

Peu importe sa condition, l'athlète de 34 ans sera bien entouré au Japon, alors qu'il sera secondé par les Québécois Guillaume Boivin et Hugo Houle au sein de l'équipe canadienne.

« Nous avons une équipe très forte, a souligné Woods. Les trois, nous avons fait le Tour de France cette année, ce qui constitue la préparation idéale pour nous. L'objectif est de gagner une médaille. »

L'aboutissement d'un rêve

Reste maintenant à voir si Woods pourra se faire justice à ses deuxièmes Jeux. Rio de Janeiro, en 2016, il n'a pu faire mieux qu'une 55 place après une vilaine chute au Tour de Pologne.

 « Je me suis cassé le fémur. Je n'étais pas à 100 pour cent pour les JO », analyse simplement Woods, pour qui le rêve olympique a commencé avec l'athlétisme.

Coureur de demi-fond, il a une première fois dû renoncer à son rêve en raison de blessures.

« De prendre part aux JO en cyclisme, c'est certainement une façon d'accomplir un rêve que j'ai dû abandonner plus tôt dans ma carrière d'athlète. Les JO sont beaucoup plus importants pour moi que pour les autres cyclistes, je pense. »

« Quand je faisais du demi-fond, les Olympiques étaient le seul objectif de ma vie. Quand les blessures ont mis fin à ma carrière en athlétisme, ç'a été dur d'accepter qu'il y avait de fortes chances que je ne participe jamais aux Jeux olympiques. Quand j'ai pu m'y qualifier en cyclisme, ç'a été la réalisation d'un rêve. D'y retourner à Tokyo m'apporte des émotions toutes aussi fortes. Je suis très fier d'être un Olympien et de représenter le Canada. »

Ce désir olympique est né en 1996, quand le relais canadien a enlevé le 4x100 m aux Jeux d'Atlanta.

« Je me souviens parfaitement de ce moment, qui m'a beaucoup inspiré. C'est après cette victoire qu'est né mon désir d'aller aux Jeux olympiques. J'aimerais comme eux pouvoir inspirer un jeune athlète canadien par mes performances. »

Même s'il est conscient que l'expérience olympique ne sera pas la même cette année en raison de la pandémie, Woods est d'avis que d'aller de l'avant avec les Jeux de Tokyo était la bonne décision à prendre.

« C'est important à mes yeux que les JO aient lieu. Ça nous permettra de montrer que nous sommes prêts à tourner la page sur les derniers 16 mois, que nous sommes prêts à continuer de vivre,» a-t-il expliqué.

« C'est certain que ce ne sera pas la même expérience qu'à Rio de Janeiro, notamment parce qu'on n'habitera pas au Village olympique: nous habiterons un hôtel en banlieue de Tokyo, a-t-il poursuivi. En même temps, ce sont les Olympiques: je sais que les Canadiens vont regarder la course et je sais que les gens vont être témoins de ce qui va se passer. Ce sera le moment pour moi d'arborer le drapeau canadien. Même s'il n'y a pas plusieurs personnes sur le parcours, ce sera aussi important qu'en 2016. »