BERLIN (AFP) - La presse allemande, comme un seul homme derrière Jan Ullrich depuis le début du Tour de France cycliste 2003, maudissait la malchance dimanche, après la chute du coureur allemand la veille lors du contre-la-montre, et rendait un hommage poignant à son "héros" resurgi de ses cendres.

"Le Dieu du Tour était contre lui!", tempête le quotidien populaire Bild, qui consacre cinq pages au "drame", à grand renfort de photos montrant la chute séquence par séquence.

"Hier (samedi), Jan a juste eu de la malchance. La météo était contre lui, et je crois que, d'une manière ou d'une autre, le +bon Dieu+ aussi était contre lui", écrit le commentateur Rudi Altig, ancien cycliste professionnel.

Tout en tirant "doublement" son chapeau au probable vainqueur du Tour, l'Américain Lance Armstrong, Altig salue un "extraordinaire +come back+", relevant que "le feu sacré brûle à nouveau" en Jan Ullrich.

Pour rendre hommage à Ullrich, le quotidien Bild a fait appel à onze personnalités du monde sportif, politique et médiatique: ainsi le quintuple champion du monde de Formule 1 Michael Schumacher exprime son "admiration", et l'ancien champion de tennis, Boris Becker, le qualifie de "battant au grand coeur" et de "vrai héros du Tour".

"Fidélité"

Par ailleurs, sur toute une colonne, le vainqueur du Tour de France 1997 remercie ses supporteurs: "Tout au long de la course je sentais votre soutien, j'entendais vos encouragements, je voyais vos banderoles. Votre fidélité m'a aidé pour chaque kilomètre, surtout lorsque la fièvre m'a saisi. Lors de cette lutte, j'ai aussi pensé aux millions de +fans+ chez eux, qui tremblaient et espéraient chaque jour devant leur écran."

La photo du champion à terre, près de son vélo, fait la Une de tous les journaux: "Armstrong ne tombe pas", titre le journal dominical berlinois Der Tagesspiegel, refusant de lui reconnaître une victoire totalement méritée. La chute d'Ullrich était "une malchance", martèle le journal, qui salue "la bravoure" du champion.

"Fin tragique", "malchance douloureuse": le journal dominical Welt am Sonntag ne cache pas sa déception mais relève que "les Allemands ont à nouveau un héros qu'ils peuvent admirer. Leur +Ulle+ a combattu les Alpes et les Pyrénées, la diarrhée et la fièvre."

Le journal publie aussi un commentaire du coureur allemand Erik Zabel, six fois vainqueur du maillot vert du Tour et encore présent sur la course cette année, qui honore la "volonté et le moral" de fer du champion pour sortir de l'abîme où il était tombé.