PARIS (AFP) - L'Américain Lance Armstrong est candidat au record inédit de six victoires dans le Tour de France cycliste, qui partira samedi de Liège (Belgique) dans un environnement troublé par des affaires de dopage à répétition et une suspicion récurrente.

Armstrong, invaincu dans le Tour depuis 1999 malgré l'alerte de l'année passée, se présente pour dépasser les quatre autres coureurs qui ont eux aussi gagné à cinq reprises la plus célèbre course du monde (Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Miguel Indurain).

S'il atteint son but, le 25 juillet à Paris où se conclut
traditionnellement la Grande Boucle, le champion texan occupera une place à part dans l'histoire de son sport, lequel affronte depuis le scandale Festina du Tour 1998 une succession d'épreuves.

Les rebondissements de l'affaire Cofidis, avec les aveux de prise d'EPO (erythropoïetine) de l'Ecossais David Millar la semaine passée, ont précipité la décision du directeur du Tour Jean-Marie Leblanc de refuser tout coureur impliqué dans une procédure judiciaire ou une enquête policière pour dopage.

Accusations de dopage

Depuis le début de l'année, le dopage a occupé l'actualité, des révélations de l'ancien coureur de l'équipe espagnole Kelme Jesus Manzano en mars au "blitz" mené fin mai sur le Giro, sans même évoquer la mort par overdose en février du malheureux italien Marco Pantani à qui sera dédiée la montée de l'Alpe d'Huez le 21 juillet.

Armstrong lui-même a été sur la sellette par le biais d'un livre qui l'accuse implicitement de dopage. Le coureur de l'US Postal, qui a porté l'affaire en justice, a toujours nié la prise de produits interdits.

Sur le terrain, l'Américain doit s'attendre à batailler ferme. Son comportement dans la première quinzaine de juin au Dauphiné, une course qu'il avait gagnée les deux années précédentes, a surtout provoqué la perplexité.

Est-il sur le déclin ? A près de 33 ans, anniversaire qu'il fêtera en septembre, le Texan est évidemment confronté à l'usure du pouvoir, fatale en 1996 à l'Espagnol Miguel Indurain, et aussi à la multiplicité d'adversaires apparemment décomplexés.

Le match avec Ullrich

Quand il est invité à désigner son adversaire principal, Armstrong cite en priorité le nom de son éternel dauphin, l'Allemand Jan Ullrich, très près de le détrôner dans le Tour du Centenaire l'an dernier.

Ullrich, conformément à son habitude, a fait l'impasse sur le début de saison. Sa montée en puissance, tardive, s'est vérifiée lors du récent Tour de Suisse pour son premier succès de l'année.

A 30 ans, le seul coureur allemand à figurer au palmarès du Tour (1997), qui compte aussi cinq (!) deuxièmes places, sait que le temps lui est compté. Il affiche ouvertement ses ambitions ("gagner") au sein d'une équipe qui déplore le forfait sur blessure du Kazakh Alexandre Vinokourov (3e en 2003).

L'Américain Tyler Hamilton, les Espagnols Iban Mayo et Roberto Heras, voire l'Italien Ivan Basso, s'imposent comme les principaux prétendants au podium qu'aimerait tant atteindre Christophe Moreau, premier Français l'an passé (8e).

Dans le peloton des 189 coureurs (21 équipes), les objectifs sont multiples, du record de victoires dans le GP de la Montagne visé par Richard Virenque aux sprints massifs prévisibles en début de course. Avec l'Italien Alessandro Petacchi pour inévitable favori malgré le retour de son compatriote Mario Cipollini et la poussée d'un débutant, le Belge Tom Boonen.

Jusqu'à Quimper (8e étape), hormis le jour important du contre-la-montre par équipes (4e étape), les sprinteurs ont toute latitude pour s'exprimer avant l'entrée dans le Massif Central. Cette année, en effet, le parcours innove avec un passage en moyenne montagne avant d'attaquer les Pyrénées puis les Alpes.

Le suspense devrait durer longtemps. Le contre-la-montre inédit de l'Alpe d'Huez, temps fort annoncé, précède la grande étape alpestre qui intervient à trois jours seulement de l'arrivée à Paris.