PARIS (AFP) - De retour en Californie, l'Américain Floyd Landis doit être fixé samedi sur le résultat de la contre-analyse du contrôle antidopage subi pendant son Tour de France victorieux qui a donné un résultat "anormal".

L'issue de cette contre-expertise fixera l'avenir immédiat du coureur américain, sur le gril depuis que son équipe Phonak a annoncé jeudi dernier le problème posé par son rapport testostérone/épitestostérone, supérieur au seuil autorisé.

En d'autres termes, Landis court le risque d'être l'objet d'une procédure disciplinaire qui serait ouverte par les autorités américaines. Avec, au bout du compte, la perspective d'écoper d'une suspension de deux ans et de perdre sa victoire dans le Tour.

Depuis la révélation du cas, les avocats espagnols de Landis ont allumé les contre-feux. Ils ont estimé que l'on ne pouvait pas parler de dopage et ont ciblé la défense sur la production endogène de testostérone après les premières déclarations du coureur évoquant d'autres explications possibles (thyroïde, alcool).

Une longue bataille

Me Jose Maria Buxeda, présent jeudi à l'ouverture de l'échantillon "B", a évoqué une longue bataille pour défendre leur client, une procédure sur plusieurs mois. Par avance, il avait tenté la semaine passée de disqualifier les résultats du test permettant de déceler un apport exogène.

Landis, qui a nié s'être dopé, a reconnu qu'il s'attendait à ce que l'analyse de l'échantillon "B" confirme le résultat de l'échantillon "A". Me Buxeda s'est situé sur la même ligne, lui qui avait défendu au cours d'une procédure interminable l'Espagnol Roberto Heras convaincu de dopage (à l'EPO) lors de la Vuelta-2005 et déchu de sa victoire.

La contre-analyse a été demandée lundi après-midi auprès du laboratoire français de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) par l'Union cycliste internationale (UCI), qui l'a motivée par sa volonté de "transparence" et de faire avancer le dossier. Le laboratoire français a prévu, en effet, de fermer ses portes à la fin de la semaine.

Comme il l'avait annoncé, Landis a formulé la même demande aussitôt après. Conformément au règlement, il a pu se faire représenter pour la contre-analyse et a fait appel à l'expert Deuwin de Boer.

Les opérations ont été menées par les experts français en présence notamment de Martial Sauyy, directeur du laboratoire accrédité de Lausanne (Suisse).

Si le résultat de l'échantillon "B" est négatif, un cas de figure rarissime en la matière, le dossier sera clos.

Un vainqueur en pointillés

Dans l'hypothèse contraire, le résultat sera communiqué par le laboratoire à la commission antidopage de l'UCI. A charge, pour elle, de transmettre le résultat aux autorités américaines pour l'ouverture d'une procédure disciplinaire.

Après le verdict, il existe encore la possibilité de faire appel. Dans ce type d'affaire, le dernier mot appartient le plus souvent au Tribunal arbitral du sport (TAS) basé à Lausanne (Suisse).

Autant dire que le Tour de France risque d'attendre encore plusieurs mois avant de connaître le nom de son vainqueur 2006 qui pourrait être l'Espagnol Oscar Pereiro (Caisse d'Epargne), deuxième à Paris à 57 secondes de Landis.

Pour la dernière Vuelta, la victoire du Russe Denis Menchov, deuxième derrière Heras, avait été annoncée plus de six mois après l'arrivée de la dernière étape.

S'il est convaincu de dopage, Landis (30 ans) encourt une suspension de deux ans, suivant le règlement UCI qui s'aligne sur le Code mondial antidopage. Pendant deux années supplémentaires, il ne pourrait rejoindre une équipe de l'élite en application du code éthique signé par les formations du ProTour.

Le coureur de Phonak a fait l'objet d'un premier résultat positif (à la testostérone) après sa victoire le 20 juillet dans la 17e étape à Morzine.