MONTCEAU-LES-MINES (AFP) - L'humour sous-jacent, l'Américain Floyd Landis a répondu samedi, à Montceau-les-Mines, aux questions de la presse internationale après sa prise de pouvoir dans le Tour de France qu'il a désormais en mains. Il est le favoris pour l'emporter dimanche.

Q: Floyd, que ressentez-vous ?
R: Le Tour n'est pas encore fini... mais j'espère garder ce maillot maintenant. Ce que je ressens surtout, c'est de la fatigue."

Q: Comment s'est passé le contre-la-montre ?
R: "Quand on va chercher le maillot jaune, on donne tout. Au départ, j'avais un peu peur de payer les efforts exceptionnels d'il y a deux jours. Après, c'était OK. J'étais informé aussi des écarts."

Q: Avez-vous rêvé de ce maillot jaune quand vous étiez le coéquipier de Lance Armstrong ?
R: "Je l'ai espéré. Etre leader d'une équipe, avoir le maillot jaune. Mais je sais que cela demande beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices. J'étais prêt à relever ce challenge. Voilà, c'est fait."

Q: Pouvez-vous nous décrire votre façon de vous comporter en course ?
R: "Parfois, je réagis à l'émotion. Mais la plupart des actions sont calculées. Après ma défaillance, je devais récupérer dix minutes. C'était un coup de colère. Après, il fallait réfléchir. Ce qui me motive, c'est la victoire."

Q: Existe-t-il une raison particulière à cette nouvelle victoire américaine après les sept de Lance Armstrong ?
R: "C'est grâce à Lance qu'il y a eu cet engouement aux Etats-Unis pour le Tour. Je fais partie de cette lignée mais je suis sûr que sur le Tour, d'autres coureurs voulaient autant que moi la victoire. Il faut aussi de la chance."

Q: Pensez-vous être aidé par votre enfance et votre adolescence particulières ?
R: "Il y a une influence. Mes parents m'ont appris à travailler dur, à patienter pour atteindre les objectifs que l'on se donne. Il m'a fallu beaucoup de temps pour apprendre la patience, ne pas me décourager."

Q: Qu'avez-vous ressenti le jour de votre défaillance ?
R: "J'ai été humilié, le pire sentiment d'humiliation de ma vie. J'étais dans un état de dépression. Une défaillance pareille n'était pas prévue. Pendant l'étape, j'ai pensé seulement à aller jusqu'à la ligne d'arrivée. Ensuite, dès que j'ai commencé à me sentir mieux, j'ai retrouvé mon esprit de lutte, l'envie de repartir au combat. Eddy Merckx m'a dit qu'il pensait que c'était toujours possible. Ce que j'ai fait, il le faisait à son époque."

Q: Que pensez-vous de l'affaire de dopage survenue avant le départ du Tour ?
R: "Je n'ai rien à dire à ce sujet."

Q: C'était un Tour assez fou, non ?
R: "De notre point de vue, ce n'est pas un Tour bizarre. On a pris le départ avec l'idée de gagner. On a essayé de contrôler la course mais, après la journée terrible que j'ai passée, on a dû changer nos plans. J'ai pu prouver grâce à cela ce que j'étais capable de faire. C'est une bonne chose pour nous... et pour la télévision."

Q: Que répondez-vous aux gens qui soulignent les absences de Basso et d'Ullrich ?
R: "Depuis le début, j'ai dit la même chose, qu'on arrête avec ces questions, qu'on parle de cette course... Autre chose ?"

Q: Comment envisagez-vous votre opération à la hanche ?
R: "Je me sens plus relax. J'aurais été déçu si je n'avais pas gagné le Tour et si je ne pouvais pas revenir après l'opération. Je vais me battre pour revenir, peut-être l'année prochaine, et si ce n'est pas possible l'année suivante. Ce sport est le plus beau de tous. Je suis heureux de le pratiquer."

Q: Cette victoire va-t-elle changer votre vie ?
R: "J'espère qu'elle ne va pas la changer trop. Je me sens très heureux comme ça."

Q: Prévoyez-vous de courir le Championnat du monde fin septembre ?
R: "Malheureusement, je ne serai pas à Salzbourg. Je vais être opéré dans les deux prochains mois."

Q: Votre expérience dans l'équipe d'Armstrong vous a-t-elle aidé ?
R: "C'était une chance de faire partie de son équipe. Peu de coureurs ont pu connaître cette expérience, de vivre à cent pour cent pour le Tour, sans jamais cesser de croire que c'est possible."

Q: Voulez-vous envoyer un signal fort contre le dopage pour les nouvelles générations ?
R: "Notre sport se bat beaucoup contre le dopage, pour la prévention et pour la lutte elle-même. C'est aussi à cause de cela qu'on a cette réputation. C'est aux parents de bien expliquer les choses à leurs enfants, de les élever comme mes parents l'ont fait avec moi."