PARIS (AFP) - Zen, voilà le maître mot pour définir Floyd Landis, le leader de l'équipe Phonak vainqueur dimanche du Tour de France, élevé dans sa jeunesse dans la rigueur mennonite et, ensuite, en tant que coureur cycliste, à la baguette par son chef de file Lance Armstrong.

Anciens équipiers, les deux hommes ne partiraient d'ailleurs pas en week-end ensemble. Foi de Jacques Michaud. "Entre eux, c'est bonjour, bonsoir", témoigne le directeur sportif de Phonak, sur un ton amusé.

Mais Floyd et Lance ont ce point commun, indélébile: ce n'était pas tous les jours dimanche lorsqu'ils portaient les culottes courtes dans leurs foyers respectifs, lui en Pennsylvanie, l'autre au Texas.

"L'éducation très stricte a permis à Floyd d'avoir ce caractère en béton armé et cette grosse santé, observe le Savoyard. Floyd est atypique. Il est capable de dormir dans une chambre climatisée, de rouler en voiture avec la glace grande ouverte et de passer sa journée en t-shirt, dans les couloirs et les courants d'air. C'est un dur".

Un dur façon Armstrong. Mais, contrairement au septuple vainqueur du Tour de France, son visage peut soudainement s'éclairer sous une casquette tournée à l'envers, à l'américaine. "Il a un visage qui se prête à la caricature, note du reste Mric, dessinateur humoristique au village du Tour. Il a une bonne bouille, facile à croquer. Contrairement au faciès de Lance Armstrong, sec et hermétique".

Ne jamais abandonner

Lui aussi toujours enclin à la plaisanterie, Jacques Michaud s'enflamme à l'évocation de son protégé. "J'ai jamais vu un garçon aussi zen, tranquille en toutes circonstances, insiste-t-il. C'est un type formidable, taillé pour être un leader. Il n'a pas de manie ni de grande passion, sauf peut-être la musique, et Cliff Richards en particulier. Et il est toujours de bonne humeur".

Chacun semble d'ailleurs aimer ce chef de file américain, si différent de l'autre. Ecoutons Alexandre Moos, seul Helvète de l'équipe suisse: "Il est cool avec nous. Il nous demande de faire le travail et, quand il est bien fait, il nous le fait comprendre. Il est content et se laisse envahir par la décontraction. Floyd n'est pas chiant. C'est pas le style dictateur, c'est un gars bien..."

Même son de cloche du côté du Français Nicolas Jalabert. "Quand il est arrivé à table mercredi, on s'attendait à voir un mec dépité. Il avait au contraire le sourire. Et, loin de se décourager, il nous a annoncé: +Demain, j'attaque, quitte à prendre vingt minutes+. En tant qu'équipier, c'est agréable de voir que son leader ne se retranche pas derrière la facilité".

Businessman heureux, le patron de l'entreprise d'appareils auditifs, Andy Rihs, ne tarit également pas d'éloges sur son champion. "Il nous a appris à ne jamais abandonner...". Peut-on entendre plus bel hommage?

Et ce n'est sans doute pas demain la veille que cela se terminera, si l'on en croit le grand Eddy Merckx. "C'est toujours le premier Tour qui est le plus dur gagner, tranche +le Cannibale+. Indurain avait couru cinq Tours avant d'en gagner un".