TARBES (AFP) - Le cyclisme doit encore faire des efforts dans le domaine de la lutte antidopage, a estimé jeudi le ministre français des Sports, Jean-François Lamour, qui s'est déclaré satisfait du début du Tour de France.

Présent à Tarbes au départ de l'étape qu'il a suivie en compagnie du directeur du Tour, Christian Prudhomme, le ministre français a souligné "le geste fort de la part des intervenants dans cette affaire, en particulier des organisateurs qui ont pris leurs responsabilités", par rapport à l'éviction de plusieurs coureurs impliqués dans l'affaire de dopage en Espagne.

"Il s'est passé quelque chose d'important. Mais cela ne règle pas tout", a déclaré Jean-François Lamour qui a dit ignorer "si d'autres sports sont concernés par l'affaire espagnole".

"J'en ai assez que le Tour soit malmené en permanence. Ce qui m'intéressait surtout, c'est qu'on puisse démarrer le Tour sans qu'une semaine plus tard, un maillot jaune, un vainqueur d'étape, soient montrés du doigt, soient confrontés à la réalité des éléments fournis par cette enquête espagnole", a précisé le ministre français qui était intervenu fin juin auprès de son collègue espagnol pour obtenir la levée du secret de l'instruction.

Un écran de fumée

Jean-François Lamour s'est exprimé aussi sur la présomption d'innocence, susceptible d'être bafouée dans ce type d'affaires: C'est un risque qu'il faut prendre. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Sinon j'ai vraiment le sentiment que ces sportifs-là nous font en permanence des bras d'honneur et on ne peut pas continuer comme cela."

Le ministre français a répliqué aussi à l'Union cycliste internationale (UCI) qui l'a vivement attaqué la semaine passée: "Il y a toujours entre l'UCI et ce qui devraient être ses partenaires, une vision différente de ce que doit être la cohérence dans la lutte antidopage. Pour ma part, je ne vois que les faits, c'est que l'un des principaux conseillers de l'UCI (le directeur sportif Manolo Saiz, ndlr) se retrouve mêlé à une affaire dramatique en matière de trafic."

A propos de sa mise en cause personnelle, Jean-François Lamour a déclaré: "J'appelle cela l'écran de fumée. Quand on ne veut pas parler des sujets de fond, on commence à lancer des attaques personnelles. Si tout cela allait un jour vers la diffamation, je réagirais. Mais, je n'ai pas l'impression que ce soit le cas. Sincèrement, je me contrefous de savoir ce que pense tel ou tel dirigeant du cyclisme international de ma personne. Ce qui m'intéresse, c'est de travailler à une bonne coordination en matière de lutte antidopage."

Quelques grosses alertes

En revanche, le ministre français a salué le travail de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et de son président Dick Pound: "Jamais, dans n'importe quel dispositif international, on n'est allé aussi vite dans la réalisation, la conception, l'écriture d'un code mondial, adoptable par tous les pays, par toutes les fédérations."

"Les cyclistes ne sont pas les seuls à être contrôlés, a ajouté le ministre français. Il y a eu quelques grosses alertes, le Tour 1998, l'affaire Cofidis et, avec l'affaire espagnole, on se rend compte qu'on est encore loin d'avoir trouvé les solutions. C'est un message clair et fort qui est envoyé au monde du cyclisme: il y a encore des efforts à faire en ce domaine."

Quant à ceux qui mettent en cause la crédibilité sportive du Tour, Jean-François Lamour a coupé court à leur argumentation: "Quand on commence à dire cela, cela veut dire qu'il faut arrêter le Tour et je ne suis pas de ceux-là, définitivement. Cela voudrait dire que les dopeurs ont gagné et cela, je ne le veux pas."