FIGEAC - Figeac, au lendemain du premier contrôle positif du Tour: l'atmosphère est morose au village, les sourires y sont moins francs, et sur le parking des équipes, les coureurs ne veulent pas mettre le nez hors des bus. L'ambiance, ce samedi, est décidément plombée par cette maudite pluie !

Manuel Beltran (Liquigas) est suspecté de prise d'EPO. Tant pis, le grand cirque de l'été tracera sa route sans l'Espagnol. Le Tour n'en semble guère bouleversé.

Les médias sont quand même en alerte. C'est le jour d'après. Le coin du village réservé à l'organisation, refuge de Patrice Clerc et Christian Prudhomme, est en zone occupée. Par les journalistes, dont pas mal d'Allemands, hyper-sensibles sur le sujet depuis l'épisode Sinkewitz l'an passé.

Le sujet Beltran est évidemment sur toutes les langues. On parle aussi d'Ivan Basso, coureur italien recruté par Liquigas, un des rares à avoir été suspendu (deux ans) dans le cadre de l'affaire de dopage sanguin Puerto.

Attention, voilà le bus vert pomme de Liquigas ! C'est le deuxième à arriver après celui de Garmin. Aussitôt, une petite horde de journalistes s'élancent à ses trousses, surtout des caméras de télévision.

Beltran, probable néo-retraité, n'est pas là, évidemment. "Il est rentré en Espagne", apprend-on. L'attroupement est impressionnant.

Mine contrite, le manageur général Roberto Amadio se rend très disponible: "On a fait 200 contrôles dans l'équipe mais il y peut toujours y avoir des tricheurs, on ne peut jamais être tranquille. Je me sens trahi mais les coureurs sont encore plus déçus car il savent quelles peuvent être les conséquences."

Riis: "J'aime ça"

Moins d'une heure après l'arrivée du bus, il n'y a presque plus personne autour. Retour à la normale.

Pas très loin, chez CSC. "Plus il y a de contrôles, mieux c'est, j'aime ça", déclare Bjarne Riis, repenti du dopage à l'EPO.

Thomas Voeckler confie en allant signer la feuille d'engagement que Beltran "ne va pas (lui) manquer". Tout le monde dans le même sac ? "Je ne sais pas, mais lui, il n'était pas dans le même sac que nous...".

Dans l'ensemble, l'air préféré du peloton et des suiveurs reste: "ça permet de voir que la lutte antidopage fonctionne bien". C'est le leitmotiv de George Hincapie (Columbia), ancien lieutenant de Lance Armstrong, qui ajoute: "Il faut voir le côté positif (sic) des choses: ça s'améliore".

David Moncoutié, chez Cofidis, est dépité. "A cause de Beltran, le vélo est encore touché, ça fout un peu les boules... Mais qu'est-ce qu'on peut y faire? S'ils veulent tricher, c'est leur problème et s'ils se font attraper, tant mieux."

A en croire Francis Van Londersele, directeur sportif chez Cofidis, l'annonce n'a pas fait l'effet d'une bombe au sein d'une équipe qui s'était retirée du Tour l'an passé après le contrôle positif à la testostérone de son coureur italien Cristian Moreni.

"On a appris ça hier (vendredi) à la radio, raconte-t-il. Il y avait déjà des bruits. C'est difficile de comprendre que des coureurs peuvent encore commettre des fautes aussi minables à 37 ans. Ces gars-là n'ont rien à foutre dans le vélo !"

L'heure de l'appel approche. Les coureurs s'installent sur la ligne, les mines se crispent. Concentration.

"Je n'ai pas envie de parler de ça maintenant", tranche Christophe Le Mével. Le secrétaire d'Etat aux Sports Bernard Laporte passe devant lui rejoindre la voiture de direction. Le Tour repart, et la pluie tombe sur Figeac.