BERGAME (AFP) - Plutôt que d'évoquer son triplé dans le Tour de Lombardie, le cyclisme italien, le meilleur du monde dans les classiques, s'interroge encore et toujours sur sa défaite au Championnat du monde qu'il ressent tel un KO.

Par coïncidence, les deux triomphateurs de la dernière épreuve de la saison incarnent les deux faces de la récente course arc-en-ciel. Michele Bartoli, vainqueur indiscutable du Tour de Lombardie, a été évincé de la sélection italienne. Paolo Bettini, lauréat de la Coupe du monde, lui a été préféré dans le rôle de chef de file de la "Squadra" le 12 octobre.

Très vite, le sujet est revenu sur le tapis jusqu'à oublier la vénérable classique des feuilles mortes. Les blessures de Hamilton sont encore ouvertes pour la presse italienne qui n'en est pas encore revenue de la défaite de ses représentants (Bettini 4e), toujours dominateurs en Coupe du monde.

Visiblement, Bettini a eu du mal lui aussi à digérer la déception. "Je me suis retrouvé à l'hôtel après la course sans avoir rien compris", a avoué le grillon toscan, pourtant réputé pour sa lucidité. Dépité, le favori du Championnat du monde a même demandé à son lieutenant préféré, Luca Paolini, de lui dire franchement s'il lui avait semblé fatigué dans le dernier tour.

L'approbation de Bartoli

A remâcher sans cesse la problématique de la course, Bettini a fini par y voir à peu près clair: "On dit que nous aurions dû prendre plus de risques. Mais, à l'arrivée, il y a un coureur détaché, un petit groupe derrière puis un peloton. C'est la preuve que la sélection a eu lieu, que l'équipe a fait son travail."

Dans son souci de décharger le sélectionneur italien Franco Ballerini -encore un Toscan !-, Bettini a pris sur lui toute la faute: "L'erreur, c'est moi qui l'ai commise en sous-évaluant Igor Astarloa. Je ne pensais pas qu'il ferait la différence dans le final. J'ai trop attendu pour voir la réaction des autres. En un instant, il a pris quinze mètres et, ensuite, c'était trop tard."

Bartoli, dont les relations avec Bettini ont été parfois tendues quand l'actuel numéro un mondial est devenu un rival, a approuvé son ancien équipier: "Je ne suis pas d'accord avec ceux qui le critiquent, qui lui reprochent d'avoir fait des efforts inutiles en attaquant trop tôt. Il a pris des initiatives, il a fait ce qu'il devait faire". Et de glisser, comme une évidence: "Il lui a manqué un coéquipier qui durcisse la course."

Rêves de JO

Direct dans son propos, Bartoli est revenu sur son conflit avec Ballerini, qui ne l'avait pas retenu déjà l'an dernier dans l'équipe italienne: "Nous avons eu un désaccord mais nous sommes des adultes, pas des enfants. Quand je ne suis pas content, je le dis. Cela ne m'empêche pas d'espérer être aux JO d'Athènes l'an prochain."

Sans le savoir, les deux Toscans ont tenu un discours parallèle au moment d'évoquer leur programme 2004. Avec le Tour de France en pivot de la saison pour ces deux remarquables chasseurs de classiques (six pour Bettini, sept pour Bartoli).

"Deux titres majeurs me font défaut: les JO et le Championnat du monde", a affirmé Bettini. "Si je sors du Tour de France avec les mêmes jambes que cette année, je peux espérer réussir aux Jeux", a-t-il poursuivi.

"Je n'ai rien gagné dans le Tour et cela me manque", a renchéri Bartoli avant d'ajouter: "ce n'est pas facile pour un coureur intuitif comme moi car le Tour, comme le Giro et la Vuelta, sont des courses qui se programment. Mais j'aimerais remporter une étape".

En attendant le rendez-vous olympique s'il trouve grâce, cette fois, aux yeux du sélectionneur.