LIEGE, Belgique (AP) - Une question se pose: les organisateurs du Tour de France ont-ils dessiné le parcours de l'édition 2004 de la course dans le but de compliquer la tâche de Lance Armstrong?

L'Américain, qui vise cette année un sixième succès consécutif historique dans la Grande Boucle, a déclaré qu'il avait entendu cette hypothèse. Mais il estime que les organisateurs ont plutôt pensé à privilégier le spectacle.

Le Texan pense toujours que le meilleur coureur gagnera la course, tout en se préparant à disputer son Tour le plus difficile.

"La course sera serrée, ce sera très dur de gagner", a-t-il dit à Liège, où se disputera le prologue, samedi.

Parmi les difficultés qui attendent l'Américain, la principale concerne les modifications apportées aux règlements du contre-la-montre par équipes, un exercice dans lequel sa formation a l'habitude de briller.

En 2003, les coureurs de l'équipe US Postal avaient creusé des écarts à Saint-Dizier. Elle ne pourra pas causer les mêmes dégâts cette année. En vertu des nouveaux règlements, la dernière des 21 équipes en lice sur le Tour 2004 n'aura pas pu perdre plus de trois minutes le 7 juillet à l'issue de la 4e étape disputée entre Cambrai et Arras. Et l'équipe arrivée deuxième ne concédera que 20 secondes au maximum aux vainqueurs, même si elle a perdu plus de temps sur la route.

L'an dernier, la dernière équipe avait perdu près de cinq minutes par rapport à l'US Postal, et la Once, deuxième de l'étape, avait abandonné 30 secondes. Quant à Jan Ullrich, l'adversaire principal d'Armstrong, il avait perdu 43 secondes ce jour-là avec son équipe Bianchi, qui avait terminé 3e. Avec le nouveau système, l'Allemand n'aurait abandonné que 30 secondes.

Selon les organisateurs, cette nouveauté permettra de s'assurer qu'une équipe ne tue pas le suspense dès le début de la course. En tout cas, elle ne séduit pas Armstrong.

"J'ai encore du mal à comprendre cette règle, a-t-il déclaré. Une équipe peut perdre deux minutes et demie dans la première partie de l'étape et puis décider de se relever en disant 'OK, on a perdu deux minutes et demie.'

Mais les soucis d'Armstrong ne s'arrêtent pas là. Cette année, l'un des deux contre-la-montre individuels se disputera dans les 21 virages de la montée vers l'Alpe d'Huez. Une aubaine pour les grimpeurs qui d'habitude doivent batailler pour ne pas perdre trop de temps par rapport à Armstrong dans les exercices chronométrés.

Depuis ses débuts sur le Tour de France, Armstrong a remporté six contre-la-montre, sans compter le contre-la-montre par équipes de l'an passé et les deux prologues qu'il a enlevés.

Armstrong est également un bon grimpeur. En 2002, il a gagné les deux étapes pyrénéennes qui sont de nouveau au programme cette année, à La Mongie et au Plateau de Beille, et il a gagné à L'Alpe d'Huez en 2001. Mais il pense que c'est l'Espagnol Iban Mayo qui y triomphera cette année.

"La course est vraiment très bien pour les grimpeurs", a déclaré l'ancien coéquipier d'Armstrong Roberto Heras, désormais leader de l'équipe Liberty Seguros et qui compte bien ennuyer l'ancien champion du monde dès que la route s'élèvera.

A 32 ans, Armstrong admet que ses meilleures années sont peut-être derrière lui. Mais seul un fou pourrait commettre l'erreur de le sous-estimer.

"Quand vous gagnez cinq Tours de France, ça veut dire que vous avez très peu de points faibles", a d'ailleurs déclaré Heras.

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