PARIS (AP) - Alors que l'échantillon B de Floyd Landis commencera à être analysé jeudi par le Laboratoire national de dépistage du dopage de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), le porte-parole du vainqueur du Tour de France cycliste a confirmé les rumeurs de forte concentration de testostérone découverte dans l'échantillon A de ses urines.

"Le ratio est de 11 pour 1", a déclaré Michael Henson alors que la limite fixée par l'Agence mondiale antidopage concernant ce ratio testostérone/épitestostérone est de 4 pour 1. Le ratio normal chez l'être humain moyen oscille entre 1 pour 1 et 2 pour 1.

A propos de la testostérone, classée parmi les agents anabolisants, le code mondial antidopage est formel: "Un échantillon sera considéré comme contenant cette substance interdite, si la concentration de la substance s'écarte suffisamment des valeurs normales trouvées chez l'homme pour qu'une production endogène normale soit improbable", explique ce code mondial.

"Si le laboratoire a rendu un rapport T/E supérieur à quatre (4) pour un (1) dans l'urine, une investigation complémentaire est obligatoire, afin de déterminer si le rapport est dû à un état physiologique ou pathologique, sauf si le laboratoire rapporte un résultat d'analyse basé sur une méthode d'analyse fiable, démontrant que la substance interdite est d'origine exogène", ajoute le code mondial.

La défense utilisée par Landis, expliquant son contrôle positif par un taux naturellement élevé de testostérone dans son organisme, semble fragile. Car le LNDD de Châtenay-Malabry utilise comme méthode de dépistage, selon de bonnes sources, la spectrométrie de masse isotopique basée sur la teneur en carbone 13. Cette méthode fait la différence entre la testostérone endogène produite par l'organisme et celle synthétique, administrée en contravention avec les règlements.

Floyd Landis risque deux ans de suspension et d'être déchu de son titre dans le Tour de France si l'analyse de l'échantillon B confirme le résultat de l'échantillon A.

L'Américain sera représenté jeudi à Châtenay-Malabry par l'un de ses avocats, Me José Maria Buxeda, qui assistera à l'ouverture de l'échantillon B des urines de son client. Me Buxeda a défendu en vain l'Espagnol Roberto Heras, convaincu de dopage sur la Vuelta l'an dernier. Heras, vainqueur de cette Vuelta, avait été déclassé au profit du Russe Denis Menchov. Il a été suspendu deux ans par la Fédération espagnole de cyclisme.

Le résultat de l'analyse de l'échantillon B sera connu samedi, a précisé Enrico Carpani, l'attaché de presse de l'Union cycliste internationale (UCI).

Pat McQuaid, le président de l'UCI, a indiqué que même si l'échantillon B est lui aussi positif, les éventuelles sanctions ne seront pas prononcées avant longtemps.

"Aucune sanction ne sera prononcée avant la fin de la procédure disciplinaire. Cela peut prendre des semaines", a prévenu M. McQuaid.

Phonak, la formation de Landis, a annoncé son intention de le licencier s'il est reconnu coupable de dopage.

Landis, âgé de 30 ans, a couru le Tour de France avec une hanche nécrosée, séquelle d'une fracture subie en 2003. Il a obtenu une dérogation médicale pour prendre des corticoïdes et soulager la douleur, avait-il fait savoir par le médecin de son équipe, à Bordeaux le 10 juillet dernier.

A Morzine, Landis avait réalisé l'exploit de gagner l'étape après 130 kilomètres courus en solitaire en altitude. La veille, il avait connu une terrible défaillance à La Toussuire.

Après l'annonce de son test positif, l'Américain avait expliqué avoir bu quatre whisky le soir de La Toussuire. Comme deuxième explication à son taux de testostérone anormal, il avait dit devoir soigner une hyperthyroïdie. Avant de changer définitivement son fusil d'épaule en indiquant que c'est naturellement que son organisme produit ce fort taux de testostérone. Ce troisième moyen de défense pourrait ne pas résister longtemps à l'analyse.