DOHA, Qatar - Peter Sagan, véritable guerrier du peloton, a conservé le maillot arc-en-ciel de champion du monde à l'issue d'une course qui a pris tournure... à 177 kilomètres de l'arrivée, dimanche à Doha.

Le facétieux Slovaque, l'un des coureurs les plus populaires du peloton, a devancé de plus d'une roue au sprint le Britannique Mark Cavendish. Onze ans après son titre à Madrid, le Belge de 36 ans Tom Boonen a pris la troisième place.

Fait rarissime, le podium qatari réunit trois coureurs déjà sacrés avant ces premiers Mondiaux de cyclisme organisés au Moyen-Orient, sous une chaleur éprouvante.

Dans cette course qui s'est apparentée à une classique flandrienne... par 36 degrés de température, la Belgique a tenu parole. « Tout le monde s'attend à ce qu'on fasse une bordure, et on va la faire », avait annoncé Boonen.

Promesse tenue. Les coureurs belges, maîtres à courir dans le vent, ont porté l'allure à près de 70 km/h à l'approche du changement de cap, tout au nord du Qatar. Six d'entre eux ont fait éclater le peloton et des candidats au titre (Gaviria, Démare) ont ainsi perdu toute chance après moins de 80 kilomètres de course.

Même le deuxième groupe (Greipel, Kittel, Bouhanni, Groenewegen), le plus souvent mené par l'Allemagne, a fini par abdiquer malgré les efforts désespérés de l'Allemand John Degelkolb, malchanceux au possible. Une crevaison, survenue alors qu'il était à l'avant, l'avait rejeté à l'arrière et prématurément condamné.

Le regret de Cavendish

Sagan et Cavendish sont eux restés tranquillement « au chaud » dans le groupe de tête qui s'est présenté à 26 coureurs pour le dernier tour de circuit (15,2 km) sur l'île artificielle The Pearl. Sous la conduite des coureurs belges, suivis de près par les Italiens, représentés par quatre éléments.

Seul, le Néerlandais Tom Leezer a tenté d'anticiper le sprint aux 2300 mètres. Il a été repris dans les 500 derniers mètres et Sagan, dans le sillage de l'Italien Giacomo Nizzolo, a attendu pour produire son effort et s'imposer très nettement.

« Je pouvais gagner mais j'ai commis une erreur tactique dans le sprint. Je m'en souviendrai longtemps! », a regretté Cavendish, sacré en 2011.

« Quand j'ai vu que le vent soufflait de face sur la ligne d'arrivée, j'ai décidé de sprinter de l'arrière. C'était un risque. J'ai eu la chance que Nizzolo ne me ferme pas la porte », s'est félicité Sagan, sixième coureur dans l'histoire à garder son titre après les Belges Georges Ronsse, Rik Van Steenbergen et Rik Van Looy, les Italiens Gianni Bugno et Paolo Bettini.

Supérieur athlétiquement, le Slovaque a conclu une saison pleine qui l'a vu gagner à 26 ans son premier « monument », le Tour des Flandres et décrocher le titre européen, le mois passé, sur les terres bretonnes de Plumelec. Le coureur le plus rock'n roll du peloton, qui n'aime rien tant que surprendre son auditoire, a aussi enlevé trois étapes du Tour de France et ramené un cinquième maillot vert du classement par points à Paris.

Ces Mondiaux ont tourné à la déroute pour plusieurs nations fortes du cyclisme. Parmi lesquelles, l'Espagne, aucune médaille durant la semaine, et la France, dont les deux chefs de file, Nacer Bouhanni et Arnaud Démare, n'ont pu prendre place dans la première bordure. Comme tant d'autres.