Le Tour s'affaiblit mais gagne en crédibilité
Cyclisme vendredi, 28 juil. 2006. 10:29 vendredi, 13 déc. 2024. 04:30
PARIS (AFP) - La multiplication des affaires de dopage, dont l'analyse positive du vainqueur Floyd Landis est la dernière en date, affaiblit à court terme le Tour de France cycliste en même temps qu'elle augmente sa crédibilité sportive, bien que la suspicion accompagne désormais ses leaders.
"Les têtes tombent", a résumé Christian Prudhomme, directeur du Tour, après l'annonce jeudi du résultat positif du coureur américain. Les têtes tombent, et avec elles, le symbole sportif de la course jusqu'à présent préservé malgré la révélation des affaires qui touchent ce sport, depuis 1998 surtout et l'affaire Festina.
Les doutes, les interrogations, parfois les preuves, ont accompagné les derniers vainqueurs de l'épreuve centenaire. A titre divers, le Danois Bjarne Riis (1996), l'Allemand Jan Ullrich (1997), l'Italien Marco Pantani (1998) et l'Américain Lance Armstrong (1999 à 2005) ont tous été confrontés à ce problème.
Au tour, maintenant, de Landis, le seul toutefois à faire l'objet d'un contrôle positif à la première analyse, soupçonné d'avoir eu recours à un produit qui n'a rien de révolutionnaire pour avoir été utilisé dès les années 1980.
L'Allemagne traumatisée
En demandant aux équipes de procéder à un grand coup de balai avant le départ, dans un effort qui n'a guère d'équivalent dans le sport moderne -imagine-t-on l'équipe de France de football se priver de ses meilleurs joueurs avant la Coupe du monde? -, les organisateurs ont pourtant choisi la clarté. Quitte à attirer un peu moins de monde sur le bord des routes, à dérouter une partie du public habituée à ses têtes d'affiche et désireuse de les supporter... aveuglément.
L'option a payé, à voir la foule venue sur la Grande Boucle. "C'est le Tour qui crée les champions, pas l'inverse", a répété Christian Prudhomme, dans le droit fil de ses prédécesseurs, Jacques Goddet et Jean-Marie Leblanc, qui ont dirigé à tour de rôle l'épreuve depuis la reprise en 1947.
Encore faut-il que les champions le soient vraiment, persiflent les critiques en soulignant le problème quasi-culturel du dopage, l'ancrage des habitudes dans une partie du peloton. Mais, soulignent les optimistes, nombre de coureurs ont entamé ou déjà opéré leur révolution, si l'on en juge par le discours de plus en plus ferme de plusieurs responsables d'équipes.
L'Allemagne, traumatisée par l'implication de sa star Jan Ullrich dans l'affaire de dopage en Espagne, en est le meilleur exemple. L'une des chaînes publiques (ZDF) s'interroge sur son avenir de diffuseur, les journaux tapent durement sur le Tour ("tromperie", "désastre", etc).
Les deux équipes de haut niveau (T-Mobile, Gerolsteiner) n'ont d'autre choix que de s'engager vers "un changement radical et profond du cyclisme professionnel", selon les mots du porte-parole de T-Mobile, qui a licencié Ullrich.
Le filet et les tricheurs
"La guerre continue, elle n'est pas terminée", avait annoncé Christian Prudhomme fin juin avant le départ de Strasbourg. Les faits confirment le propos du directeur du Tour dont la ligne de conduite ferme est généralement comprise par les parraineurs et par le diffuseur principal, France Télévisions qui a fait part de son "entière solidarité".
"Nous n'avons pas affaire aux propriétaires d'une compétition qui nous cacheraient des choses", a déclaré Daniel Bilalian, directeur des sports des chaînes publiques françaises. "On est partenaires, on le reste".
Sur le fond, le cyclisme paye le tribut à un lourd passé et à ses efforts tardifs pour endiguer le fléau.
"On ne trouve que ce qu'on cherche", rappellent les spécialistes de la lutte antidopage. Ainsi, le cyclisme et l'athlétisme se retrouvent-ils accablés dans l'esprit du public par la répétition des affaires.
Le Tour est-il pour autant crédible sportivement ? En toute logique, il l'est davantage au fur et à mesure que les mailles du filet se resserrent.
Dans son éditorial de vendredi, L'Equipe a souligné un paradoxe apparent: "Ce n'est pas parce qu'on démasque de plus en plus de tricheurs qu'il y a de plus en plus de tricheurs". Et le journal d'ajouter: "C'est parce qu'on démasque de plus en plus de tricheurs qu'il y aura de moins en moins de tricheurs."
"Les têtes tombent", a résumé Christian Prudhomme, directeur du Tour, après l'annonce jeudi du résultat positif du coureur américain. Les têtes tombent, et avec elles, le symbole sportif de la course jusqu'à présent préservé malgré la révélation des affaires qui touchent ce sport, depuis 1998 surtout et l'affaire Festina.
Les doutes, les interrogations, parfois les preuves, ont accompagné les derniers vainqueurs de l'épreuve centenaire. A titre divers, le Danois Bjarne Riis (1996), l'Allemand Jan Ullrich (1997), l'Italien Marco Pantani (1998) et l'Américain Lance Armstrong (1999 à 2005) ont tous été confrontés à ce problème.
Au tour, maintenant, de Landis, le seul toutefois à faire l'objet d'un contrôle positif à la première analyse, soupçonné d'avoir eu recours à un produit qui n'a rien de révolutionnaire pour avoir été utilisé dès les années 1980.
L'Allemagne traumatisée
En demandant aux équipes de procéder à un grand coup de balai avant le départ, dans un effort qui n'a guère d'équivalent dans le sport moderne -imagine-t-on l'équipe de France de football se priver de ses meilleurs joueurs avant la Coupe du monde? -, les organisateurs ont pourtant choisi la clarté. Quitte à attirer un peu moins de monde sur le bord des routes, à dérouter une partie du public habituée à ses têtes d'affiche et désireuse de les supporter... aveuglément.
L'option a payé, à voir la foule venue sur la Grande Boucle. "C'est le Tour qui crée les champions, pas l'inverse", a répété Christian Prudhomme, dans le droit fil de ses prédécesseurs, Jacques Goddet et Jean-Marie Leblanc, qui ont dirigé à tour de rôle l'épreuve depuis la reprise en 1947.
Encore faut-il que les champions le soient vraiment, persiflent les critiques en soulignant le problème quasi-culturel du dopage, l'ancrage des habitudes dans une partie du peloton. Mais, soulignent les optimistes, nombre de coureurs ont entamé ou déjà opéré leur révolution, si l'on en juge par le discours de plus en plus ferme de plusieurs responsables d'équipes.
L'Allemagne, traumatisée par l'implication de sa star Jan Ullrich dans l'affaire de dopage en Espagne, en est le meilleur exemple. L'une des chaînes publiques (ZDF) s'interroge sur son avenir de diffuseur, les journaux tapent durement sur le Tour ("tromperie", "désastre", etc).
Les deux équipes de haut niveau (T-Mobile, Gerolsteiner) n'ont d'autre choix que de s'engager vers "un changement radical et profond du cyclisme professionnel", selon les mots du porte-parole de T-Mobile, qui a licencié Ullrich.
Le filet et les tricheurs
"La guerre continue, elle n'est pas terminée", avait annoncé Christian Prudhomme fin juin avant le départ de Strasbourg. Les faits confirment le propos du directeur du Tour dont la ligne de conduite ferme est généralement comprise par les parraineurs et par le diffuseur principal, France Télévisions qui a fait part de son "entière solidarité".
"Nous n'avons pas affaire aux propriétaires d'une compétition qui nous cacheraient des choses", a déclaré Daniel Bilalian, directeur des sports des chaînes publiques françaises. "On est partenaires, on le reste".
Sur le fond, le cyclisme paye le tribut à un lourd passé et à ses efforts tardifs pour endiguer le fléau.
"On ne trouve que ce qu'on cherche", rappellent les spécialistes de la lutte antidopage. Ainsi, le cyclisme et l'athlétisme se retrouvent-ils accablés dans l'esprit du public par la répétition des affaires.
Le Tour est-il pour autant crédible sportivement ? En toute logique, il l'est davantage au fur et à mesure que les mailles du filet se resserrent.
Dans son éditorial de vendredi, L'Equipe a souligné un paradoxe apparent: "Ce n'est pas parce qu'on démasque de plus en plus de tricheurs qu'il y a de plus en plus de tricheurs". Et le journal d'ajouter: "C'est parce qu'on démasque de plus en plus de tricheurs qu'il y aura de moins en moins de tricheurs."