SAINT-BRIEUC - Pour Greg LeMond, vedette surprise du village départ du Tour de France dimanche à Auray, l'heure du "comeback" dans le monde du cyclisme est peut-être revenue.

On aurait dit le retour du fils prodige. Sollicité de toutes parts, cerné par les micros, les caméras, assailli par les demandes d'autographes, distribuant bons mots, franches accolades et poignées de main, jonglant du français à l'anglais, LeMond semblait heureux comme un gosse.

L'Américain triple vainqueur du Tour, qui passe deux jours sur l'épreuve à l'invitation de son ami Eric Boyer, le manager de Cofidis, ex-coéquipier chez "Z", a dû laisser de bons souvenirs pour susciter telle curiosité.

A moins que ce ne soit la durée de son absence, lui qui n'était pas venu sur le Tour depuis 2003 et le centenaire, selon un membre de l'organisation, même s'il avait couru l'étape du Tour avec son fils l'an passé.

"Greg m'a dit qu'il voulait voir de nouveau ce qui se passait dans le vélo, de l'intérieur, de près, explique Boyer. Il veut redonner au cyclisme ce qu'il lui a apporté. Ses dix-quinze dernière années l'ont tellement attristé..."

Cheveux blancs mais yeux toujours perçants, le sympathique américain de 47 ans est tombé dans les bras de Luc Leblanc, trop heureux de revoir son coéquipier chez La Vie Claire en 1987, quand +Lucho+ n'était qu'un néo-pro.

"Est-ce que tu vas revenir ?, demande Leblanc à son aîné, bras dessus bras dessous. Greg, avec ton aura, tu dois faire quelque chose. Tu sais, c'est reparti, on est sur la bonne voie !"

LeMond hoche la tête, rebondit sur le discours de l'ancien champion du monde. "Il y a de vrais changements dans le vélo", confirme-t-il.

"Je vois les mentalités changer, j'ai parlé avec Bob Stapleton (Columbia) et Jonathan Vaughters (Garmin), ce sont des gens qui disent on doit et on va changer, ils montent des équipes à leur image."

"Crédible"

"Le moment est venu pour que des équipes comme ça existent et gagnent", poursuit celui qui s'est retiré en 1994, quand l'EPO faisait décoller les pelotons.

"Ces quinze dernières années, ce n'était pas possible mais là ça le devient. En 2001, j'avais un parraineur qui voulait s'engager avec moi. Ils m'ont demandé si on pouvait gagner le Tour sans dopage. J'ai préféré être honnête et leur dire non. Cela n'est pas allé plus loin."

"Ce qu'il faut, c'est avoir la certitude que tout le monde soit sur la même ligne de départ. Si on trouve une solution pour faire ça, ça me donne envie de trouver un parraineur."

L'Américain précise toutefois qu'il ne se passera rien avant que son procès avec Trek, la marque de cycles avec lequel il était sous contrat et qui équipait aussi Lance Armstrong, soit fini.

"Trouver la solution pour éliminer le dopage, c'est la responsabilité de tout le monde. Comment ne peux-tu pas essayer de faire le maximum quand tu vois des coureurs qui meurent de crise cardiaque ou qui se suicident à cause de ça?"

"L'UCI a beaucoup changé ces deux dernières années mais je pense que l'antidopage ne doit pas être du ressort d'une entité sportive, il faut une agence qui s'en foute de l'image du vélo et qui soit vraiment là pour trouver les tricheurs. Plus ce sera transparent et plus les coureurs auront confiance."

En tout cas, pour LeMond, invité à suivre la deuxième étape dans la voiture de Patrice Clerc, le patron d'ASO, "ce Tour est crédible".