CASTRES - Les démêlés du maillot jaune avec les "affaires" n'ont pas commencé avec le Danois Michael Rasmussen, mais sont au contraire un feuilleton récurrent du Tour de France.

Voici les derniers porteurs du maillot jaune confrontés depuis 30 ans à la suspicion, parfois sanctionnés, d'autres fois blanchis:

1978: Le Belge Michel Pollentier remporte magnifiquement l'étape de l'Alpe d'Huez et s'empare du maillot jaune... qu'il ne portera que quelques minutes sur le podium.
Le soir même, pour satisfaire au contrôle antidopage, il utilise un ingénieux dispositif: une poire contenant de l'urine qu'il presse pour remplir le flacon que lui tend le médecin. Il est démasqué, et immédiatement mis hors course. Le Néerlandais Joop Zoetemelk repart avec le maillot jaune, que Bernard Hinault lui ravira avant l'arrivée à Paris.

1988: "L'affaire Delgado". L'Espagnol a course gagnée, ayant dominé ses adversaires en montagne, lorsque la nouvelle de son contrôle positif tombe au soir de l'étape de Bordeaux, à quelques jours de l'arrivée.

Le produit incriminé, le probénécide (diurétique), peut être utilisé comme masquant des anabolisants. Il est interdit par le Comité olympique international, mais l'UCI (Union cycliste internationale) n'a pas encore harmonisé sa liste avec celle du CIO. Réglementairement, l'UCI ne peut rien contre Pedro Delgado, qui est déclaré vainqueur à Paris.

Dans le journal l'Equipe, le patron de la société du Tour de France, Jean-Pierre Courcol, écrit un court billet intitulé: "J'ai honte".

1999: Lance Armstrong utilise une pommade à base de corticoïdes pour soigner une dermatite allergique au départ du Tour de France.

En fin de Tour, on apprend que l'Américain, maillot jaune, a subi un contrôle positif. La confusion est de courte durée. L'UCI constate rapidement qu'il ne s'agit pas d'une pratique de dopage, et blanchit totalement Armstrong.
Trois semaines plus tard, Armstrong remporte le premier de ses sept Tours de France, sans jamais être contrôlé positif une seule fois.

Des analyses de ses échantillons sanguins prélevés en 1999, effectuées a posteriori en 2006, auraient révélé la présence d'EPO dans son sang. Mais le règlement ne permet pas de remettre en cause les résultats du Tour 1999.

2006: L'Américain Floyd Landis remporte le Tour et reçoit tous les honneurs à Paris. La nouvelle de son contrôle positif à la testostérone ne tombe que quatre jours après l'arrivée. La contre-expertise confirme la première analyse.

Landis clame son innocence et utilise tous les recours de droit pour se défendre. Un an plus tard, l'UCI est toujours obligée d'attendre la fin de toutes les procédures pour se prononcer. On ne sait toujours pas officiellement qui a gagné le Tour 2006.