ROME (AFP) - Le cyclisme italien, gangréné par le dopage et boudé par les parraineurs, a subi un nouveau coup dur avec la décision du champion Mario Cipollini, 35 ans, leader de l'équipe Acqua e Sapone, d'abandonner la compétition en plein milieu d'une saison pourtant bien commencée.

Dans un communiqué paru sur son site internet, le champion a fait état en guise d'explication de "son amertume de ne pas pouvoir courir le Tour de France, avec la possibilité de remporter encore une victoire d'étape".

Il a également mis en avant "la déception causée par les principaux sponsors de (son) équipe, qui n'ont pas reconnu la valeur de (ses) sacrifices" et qui l'ont "amené à prendre la décision drastique de dire +ça suffit avec le cyclisme+".

Le routier-sprinteur toscan a remporté 177 victoires au cours de sa carrière professionnelle entamée en 1988, et l'année 2002 avait commencé de la meilleure manière possible avec des victoires dans Milan-Sanremo et Gand-Wevelgem, ainsi que six victoires d'étape dans le Giro.

Star

Son équipe est "tombé des nues", selon la Gazzetta dello Sport qui a interrogé le cycliste à son domicile à Monaco.

"Je ne supporte plus d'être traité de médiocre et d'être snobbé. Par qui ? Par tous, même par vous les journalistes: personne n'a pris ma défense dans la polémique avec (Jean-Marie) Leblanc", le patron du Tour de France qui a décidé de ne pas inviter mon équipe, a déclaré le coureur au journal.

Peu avant le départ du Tour, Jean-Marie Leblanc avait exprimé ses réserves sur le style Cipollini, en avouant son "admiration" pour le champion mais sa réticence vis-à-vis de la "star".

"Les raisons sont de nature sportive au sens où elles sont liées à ma profession. Ne pensez pas à des choses étranges, problèmes de dopage ou pas dopage. Je n'ai pas aimé le comportement de certaines personnes de notre milieu", a ajouté Mario Cipollini cité par la Gazzetta.

Le départ du champion est le dernier en date des coups durs encaissés par le cyclisme italien qui louvoie entre les cas de dopage, les retraits des parraineurs et la désaffection du public.

Ainsi, le groupe Mapei qui soutenait depuis dix ans l'équipe éponyme, a décidé de se retirer du cyclisme à la fin de la saison en cours.

Affaires

Dans le même temps, la société italienne RCS Sport, organisatrice des principales courses cyclistes en Italie, le Giro notamment, a annoncé la suspension de la prochaine édition du Trophée des Grimpeurs du 27 au 29 août.

RCS Sport a estimé "devoir pour le moment prendre une pause de réflexion avant de recommencer à organiser des courses", et affirmé avoir pris sa décision "au terme du Giro d'Italie", après avoir "évalué à fond tous les faits de la manifestation sportive, sous de multiples aspects".

La dernière édition du Giro a été une nouvelle fois frappée par de multiples affaires de dopage impliquant plusieurs coureurs, dont les Italiens Stefano Garzelli (Mapei) et Gilberto Simoni (Saeco), deux anciens vainqueurs contrôlés positifs et suspendus par leurs équipes.

Le Tour d'Italie 2001 est resté pour sa part davantage gravé dans la mémoire du public pour une descente spectaculaire antidopage de la police contre les cyclistes et leur entourage que pour ses résultats.

Sans compter les déboires judiciaires du "Pirate" Marco Pantani, suspect dans de nombreuses affaires de dopage présumé.