ANGOULÊME - Les dirigeants du Tour de France se sont servi de ces trois semaines pour régler leurs comptes, a estimé samedi le président de l'Union cycliste internationale (UCI), l'Irlandais Pat McQuaid.

"Ce n'est pas une bonne façon de procéder", a déclaré Pat McQuaid, présent à Angoulême sur le Tour de France avec un badge au nom d'une chaîne de télévision.

Le président de l'UCI a été vilipendé par les organisateurs du Tour qui lui reprochent d'avoir bafoué l'union sacrée scellée début mai contre le dopage.

"Je préfère attendre que les dirigeants du Tour de France se calment. Ce qu'ils proposent de faire n'est pas si simple, beaucoup de choses sont à considérer. Je ne pense pas qu'une grande épreuve telle que le Tour de France puisse fonctionner toute seule, à l'écart du pouvoir sportif. Il n'y a aucun sport majeur qui fonctionne comme cela", a estimé Pat McQuaid.

Samedi, les responsables du Tour ont annoncé qu'ils allaient travailler de leur côté, avec les instances spécialisées dans l'antidopage, pour établir une sorte de préalable éthique en vue de l'édition 2008.

"Dans l'histoire du Tour, le dopage existe bel et bien depuis 90 ans... Pendant tout ce temps, les organisateurs ont quasiment été complices. Maintenant que la société a changé, que l'on veut être plus transparent, on ne peut pas cacher ces choses-là aussi facilement. Le public se demande si on peut gagner le Tour sans prendre quelque chose", a déclaré à l'AFP le président de l'UCI.

Une réaction "irrationnelle"

Pat McQuaid a mis aussi en cause la difficulté de la course: "ASO refuse de voir le problème: peut-être le Tour est-il la cause du dopage..."

"Pendant le Tour, les gens du Tour sont dans leur bulle, ils n'ont pas assez de recul", a-t-il ajouté. "Le vrai problème avc ASO (la société organisatrice du Tour, ndlr), c'est que l'argent est devenu la priorité. Il y a même des coureurs qui sont déçus du Tour de France, par exemple Bradley Wiggins".

Interrogé dans le détail sur le cas du Danois Michael Rasmussen, maillot jaune du Tour viré par son équipe Rabobank, le président de l'UCI s'est justifié: "Je dispose des éléments pour prouver que nous ne pouvions pas l'exclure. Lui, il n'a subi aucun contrôle positif et sa carrière est touchée gravement par tout ce qui s'est passé."

A propos de l'Espagnol Alberto Contador, nouveau maillot jaune et probable vainqueur final, Pat McQuaid a déclaré: "Après Rasmussen, c'est au tour de Contador. J'ai lu un article dans lequel on dit qu'il est impliqué dans l'opération Puerto. Je peux confirmer que ce n'est pas vrai."

Quant au cas de l'Allemand Patrik Sinkewitz, dont l'annonce du contrôle positif a été jugée beaucoup trop tardive par le Tour de France, le président de l'UCI a relevé: "Sinkewitz a été contrôlé par l'Agence antidopage allemande, le laboratoire a dû prendre son temps pour travailler et a informé la fédération allemande qui a publié un communiqué sans en parler à l'UCI. L'UCI n'a joué aucun rôle dans cette procédure."

"Le Tour a réagi de façon irrationnelle, a estimé Pat McQuaid. Est-ce que le Tour va maintenant reprocher à l'UCI les cas de Vinokourov et de Moreni (contrôlés positif pendant la course, ndlr) ? La situation est devenue ridicule et ce n'est pas de cette façon que l'on va avancer".