PARIS (AFP) - L'Italien Mario Cipollini, qui fête samedi son 36e anniversaire, veut gagner Milan-Sanremo en portant la tenue arc-en-ciel du champion du monde cycliste, un exploit qui n'a pas été accompli depuis plus de 20 ans.

Super Mario en a parlé dans l'heure qui a suivi son déboulé triomphant de Zolder (Belgique), le 13 octobre dernier. A une question portant sur ses objectifs 2003, "Cipo" a répondu aussitôt: "Battre le record des victoires d'étape dans le Giro et gagner Milan-Sanremo une deuxième fois car ce serait alors avec le maillot de champion du monde. Par là, j'entrerais dans un club très réduit."

Cipollini, l'un des plus grands sprinteurs de l'histoire, connaît ses classiques puisque quatre champions du monde seulement, un Belge (Eddy Merckx, par deux fois) et trois Italiens (Alfredo Binda, Felice Gimondi, Giuseppe Saronni), sont parvenus à gagner sur la Via Roma à la suite de leur sacre. Saronni fut le dernier, un jour pluvieux de mars 1982,
quand le futur "Roi Lion" n'était encore qu'un adolescent.

Cette année-là, "Cipo" était venu sur les bords de la route pour encourager son frère Cesare, une "gregario" de l'époque. Il n'avait pas reconnu son aîné, noyé dans le peloton de la "classicissima". Mais, fasciné, il s'était alors promis de gagner un jour la course qui fait fantasmer tous les coureurs italiens.

Freire enfonce le clou

Douze mois plus tard, le grand Toscan revient en majesté au départ de Milan. Son titre mondial a hissé au sommet sa popularité dans un pays qui admire sa plastique et son sens du spectacle autant que ses seules performances sportives.

Invité en toute occasion depuis l'automne, jusqu'à ouvrir le festival de la chanson de... Sanremo, une émission-phare de la télévision italienne, "Cipo" dit avoir préparé avec soin son grand rendez-vous du début de saison. Avec un entourage identique à celui de l'année passée (Bennati, Lombardi et Scirea notamment) et un patronyme différent pour son équipe, qui s'appelle désormais Domina Vacanze, du nom d'une société de vacances.

"Il est dans la même condition que l'an dernier, voire mieux", affirme Giovanni Lombardi, l'ancien champion olympique de la course aux points qui lui sert de rampe de lancement. Deux victoires d'étape la semaine passée dans Tirreno-Adriatico, une évidente facilité dans les moments forts de la course selon les témoins, plaident en ce sens.

Mais Cipollini, qui n'a rien gagné en février contrairement à son habitude (un retard de préparation ?), s'est aussi incliné mercredi dans la septième et dernière étape de Tirreno-Adriatico. A la régulière, dans les conditions préférées de Super Mario qui se voyait déjà gagnant pour la 184e fois de sa carrière. "Je l'aurais battu même s'il n'avait pas levé les bras trop tôt", a ajouté le double champion du monde, l'Espagnol Oscar Freire, pour enfoncer le clou.

Le clan de "Cipo" a relativisé la déception. "C'est un mal pour un bien", a estimé Lombardi. "Mario va arriver à Milan-Sanremo encore plus remonté". Ses adversaires ne disent pas autre chose. Freire, qui veut lui aussi gagner sur la Via Roma, l'a reconnu: "Cipollini reste le grand favori."