Rouler 120 kilomètres sur 163 dans le groupe de tête du prestigieux Tour des Flandres, c’est ce qu’a fait Olivia Baril, dimanche, en Belgique. La cycliste de la formation Valcar - Travel & Service a fait partie de l’échappée matinale de quatre coureuses et ce sont ces kilomètres en avant qu’elle retiendra de sa journée, bien plus que de sa 46e place (+3 minutes 46 secondes).

La championne de Belgique Lotte Kopecky (SD Worx) a fait plaisir à la foule en s’imposant au sprint devant la Néerlandaise et ancienne championne du monde Annemiek Van Vleuten (Movistar).

Après quatre heures et quart d’efforts où elle est allée au bout de ses réserves comme rarement dans sa carrière de cycliste, Baril a écrit ces mots à Sportcom en réponse à une demande d’entrevue peu de temps après la course.

« Je t’envoie un message vocal sous peu… j’ai de la difficulté à vivre maintenant », a texté la Québécoise en prenant le soin d’ajouter des émojis humoristiques pour agrémenter son message. Trois heures plus tard, c’est de vive voix qu’elle a commenté sa folle journée où elle a brûlé 3500 calories selon ses données recueillies.

« L’atmosphère de la course était vraiment cool ! Les fans criaient, ça sentait la bière et ils connaissaient nos noms », a expliqué Baril, qui a pu compter sur l’appui des Tifosi qui l’encourageaient, car elle fait partie d’une équipe italienne.

L’athlète de Rouyn-Noranda n’analyse pas cette longue échappée comme un fait saillant personnel, mais bien comme une preuve qu’elle a su faire le travail qu’on attendait d’elle. Et cela se sent dans son propos.

« Mon directeur sportif croit énormément en moi et ça me touche vraiment beaucoup ! Il m’a dit : « Tu es tellement forte et là, tout le monde le sait. » J’ai fait une bonne performance, mais je ne me sens pas comme une personne différente. Je suis la même coureuse et je suis contente parce que j’ai pris de la confiance. J’ai atteint mon objectif d’être dans l’échappée et l’équipe est fière de moi. C’est vraiment ça l’important. »

Baril est considérée comme la grimpeuse de son équipe et c’est presque à reculons qu’elle s’est présentée sur les pavés belges cette semaine.

« Ce n’est pas fait pour moi physiquement et c’est extrêmement technique. Je n’ai jamais fait ces courses-là, mais mon directeur a cru en moi pour que je soutienne mes coéquipières », a révélé l’athlète de 24 ans qui en était seulement à la quatrième course de sa carrière sur les pavés.

« Quand on a fait la reconnaissance du parcours, je me suis dit : « je vais faire la course dimanche, mais ensuite, je n’ai plus jamais envie de la refaire », a poursuivi la Québécoise en riant et confirmant qu’elle ne sera pas à Paris-Roubaix afin se concentrer sur les Ardennaises et des courses en Espagne, le mois prochain.

Le film de la course

Olivia Baril a joint ses efforts à ceux de Clara Honsinger (EF Education-TIBCO-SVB), Sofie Van Rooijen (Parkhotel Valkenburg) et Maria Martins (Le Col - Wahoo) en début d’épreuve et elles ont maintenu un écart sous les 4 minutes. Van Rooijen et Martins se sont fait décrocher à 85 kilomètres de la ligne et les deux Nord-Américaines ont poursuivi leur cavale. Le duo a ensuite été rejoint par trois coureuses avec 56 kilomètres à faire et 15 kilomètres plus tard, Honsinger n’avait plus les réserves pour suivre le rythme.

« Mon directeur sportif m’a dit de continuer et c’était ma job d’être dans l’échappée, alors j’ai continué. À chaque fois qu’on faisait un mur (montée en pavés) je me disais que je me ferais dropper, mais je ne me faisais pas dropper ! »

Déjà décrochée de la tête de course, c’est dans le Taaienberg, avec 35 kilomètres à faire, que Baril a été rattrapée par le peloton des favorites. La Québécoise a pu reprendre son souffle dans ce groupe qui a tardé à organiser la chasse sur les premières.

« J’essayais d’aider ma coéquipière Silvia (Persico, 11e) et quand j’ai vu que le peloton principal était cassé en deux, j’ai fait des efforts pour l’aider », a précisé celle qui a finalement été éjectée de son peloton dans l’ascension du Kruisberg/Hotond, endroit où la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten (Movistar) s’est portée à l’attaque.

Cette dernière est revenue à la charge dans le Paterberg à 13 kilomètres de la ligne d’arrivée et c’est ensuite Chantal Van den Broeke (SD Worx) qui a fait l’attaque qui allait décider du podium deux kilomètres plus tard.

Van Vleuten a chassé fort pour revenir sur elle avec Lotte Kopecky, bien calée dans sa roue. À deux contre une, les SD Worx ont parfaitement contrôlé leur avance et réglé le sprint en faveur de Kopecky, qui signe sa deuxième victoire de la saison après avoir levé les bras à Strade Bianche.