LUZ-ARDIDEN (AFP) - Parce qu'il triomphe de tous les combats qu'il mène, tant sur les routes que dans les hôpitaux, l'Américain Lance Armstrong, vainqueur lundi en haut de Luz-Ardiden, tire fierté du surnom dont il est affublé: "le boss".

Le Texan est craint et aimé à la fois de ses fidèles postiers, qu'il irait même jusqu'à border le soir après le repas, souvent fait de pâtes dont il raffole. Il passerait presque pour un saint s'il n'avouait son incroyance.

Le quadruple vainqueur du Tour de France a en effet toujours le mot ou le geste qui réchauffe. Il n'oublie jamais qu'il en a bavé durant son existence, l'ayant fait surmonter l'absence d'un père et la présence d'un cancer alors qu'il tenait déjà le haut du pavé.

"Il est honnête, sociable et correct et a bon coeur", entend-on dans son entourage, lequel met toutefois en garde: "La seule chose dont il a horreur, c'est qu'on lui mente." Mais, qui oserait fâcher ce "boss" confessant posséder "peu d'amis" et n'"ayant pas besoin d'en avoir beaucoup"?

On n'a pas souvenir de l'avoir vu en colère. Ou si peu comme sur le Dauphiné Libéré, où il n'avait pas pardonné au Français Patrice Halgand de l'avoir, selon lui, attaqué alors qu'il était à terre.

Lance préfère Petit-Breton

Ses mots, "fucking guy", avaient eu l'effet d'un coup de canon. On n'avait pas vu cela depuis Bernard Hinault (dont il apprécie la poigne de patron). Heureusement depuis, le climat paraît s'être détendu. A preuve, les Lance's boys n'ont-ils pas bu le champagne dans un hôtel commun à la santé de l'éphémère maillot jaune de Jean-Patrick Nazon ?

Lance Armstrong aimerait être quelqu'un de bien à l'heure du bilan, lorsqu'il aura raccroché le vélo à l'un des mur de sa maison de campagne, curieusement baptisée "Milagro" (Miracle), sur les hauteurs d'Austin.

Mais, en attendant, il bataille en Europe autour de son quartier général à Gerona (Espagne) où il réside, ayant signé lundi sa 16e victoire individuelle sur la Grande Boucle qu'il chérit mais dont il ne connaît pas vraiment bien l'histoire.

Avant de partir à la conquête d'une cinquième levée, Lance Armstrong (33 ans) ne savait pas très bien quel pionnier avait inscrit son nom pour la première fois, il y a cent ans, au palmarès du Tour.

"Je croyais que c'était Petit-Breton", avait-il soufflé avant que Johan Bruyneel, son directeur sportif, ne l'informe de l'identité réelle du premier lauréat: Maurice Garin.

"Bon, mais je préfère Petit-Breton, a ensuite lâché le boss. Un Texan ressemble à un Breton. Pas à un Basque. Il ne revendique pas l'indépendance."