PARIS (AP) - Hein Verbruggen, le président de l'Union cycliste internationale (UCI), souhaite que la prise de corticoïdes ne puisse plus entraîner de sanction pour les sportifs coupables d'en utiliser. "Ce n'est pas du dopage, affirme-t-il dans une interview publiée lundi dans le journal 'L'Equipe'.

"Je sais que la cortisone est employée ailleurs (que dans le monde du cyclisme). Les joueurs de soccer en ont réellement besoin. Si je ne conteste pas que ces produits ont un certain pouvoir euphorisant, ils ne sont pas efficients lors des courses à étapes. Pour une journée, en revanche, ça aide."

Les corticoïdes, qui figurent sur la liste des produits interdits soumis à restriction, sont actuellement interdits par l'UCI sous certaines formes d'administration, mais la détection ne peut prouver comment ils ont été administrés.

Puissants anti-inflammatoires, les corticoïdes ont des effets euphorisants sur leurs utilisateurs. Leur prise prolongée inhibe la production endogène de cortisone par l'organisme, et peut provoquer de graves lésions notamment rénales en phase de sevrage. Les corticoïdes administrés de façon soutenue entraînent encore la destruction des cartilages des articulations.

"La prise de corticoïdes permet de soigner en un mois un mal qui nécessiterait six mois de repos, a expliqué Jacques de Ceaurriz, le directeur du laboratoire national de Châtenay-Malabry.

"Les corticoïdes sont une passerelle vers la prise de stéroïdes anabolisants, car l'un de leurs effets secondaires les plus terribles est de faire fondre la masse musculaire."

Des membres de l'Agence mondiale anti-dopage (AMA), organisme créé par le Comité international olympique (CIO) en 1999 pour mener de façon indépendante la lutte anti-dopage, militeraient selon Verbruggen pour une refonte de la liste des produits interdits. Les corticoïdes seraient sortis de la liste officielle recensant les produits interdits au niveau international.

Le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD), organisme français indépendant lui aussi, considère les cas de prise de corticoïdes comme positifs jusqu'à preuve du contraire. Des traces de corticoïdes avaient été décelées en 1999 dans les urines de Lance Armstrong, actuel triple vainqueur du Tour de France cycliste. L'Américain avait d'abord nié avoir pris tout médicament interdit, puis produit un certificat médical indiquant la prise de corticoïdes pour soigner un problème de selle, mais par pommade, l'un des modes d'administration autorisés pour cette substance.

Hein Verburggen indique que les corticoïdes continueront d'être détectés, pour la bonne santé des athlètes, mais qu'aucune suspension pour dopage ne sera plus prononcée.

"Nous continuerons à les détecter dans une logique de santé. Ceux qui les utiliserons à mauvais escient seront convoqués. Non (ils ne seront pas sanctionnés), mais ils seront mis au repos si leur état l'exige", dit-il.

Verbruggen continue à soutenir la méthode urinaire de détection de l'EPO mise au point par le laboratoire de Châtenay-Malabry, validée par l'UCI le 1er avril dernier. Le CIO et l'AMA ont opté le 7 novembre dernier pour une double détection urine-sang de l'EPO pour les prochains JO de Salt Lake City.

"Je maintiens ma confiance à la méthode française, indique Verbruggen dans l'interview à L'Equipe. D'ailleurs, si le test sanguin fait partie de la preuve, comme le souhaitent l'AMA et le CIO, je remarque qu'il ne fait pas l'objet d'une contre-expertise. Il n'y aura contre-expertise que sur l'échantillon-B urinaire, ce qui prouve qu'il est l'élément essentiel de la preuve. La méthode française est donc validée..."

Selon le président de l'UCI, quelques "incidents" lors des analyses peuvent se produire, sans remettre en cause la fiabilité du procédé français. Verbruggen estime ainsi que les pistards Juan Llaneras et Massimo Strazzer, déclarés "non négatifs" à l'EPO lors des championnats du monde à Anvers en septembre dernier, et qui ont vu la contre-expertise infirmer ce premier résultat, sont innocents.

"Je suis formel: ils sont innocents. Ils étaient tous les deux de faux positifs. Il y a eu un incident au laboratoire lors de l'analyse, c'est tout ce que je peux vous dire. La méthode urinaire n'est pas en cause."