MONTRÉAL – Le Québécois François Parisien (Argos-Shimano) a participé dimanche à la première classique cycliste de sa carrière. Et pas n’importe laquelle. Celle d’Amstel Gold Race, une épreuve du World Tour qui s’est déroulée sur un parcours de 251 kilomètres sur les routes montagneuses des Pays-Bas. S’il se réjouit d’avoir franchi l’arrivée à Valkenburg, l’athlète de 30 ans aurait quand même espéré un meilleur résultat.

Parisien a terminé 76e, à 9 minutes 12 secondes du vainqueur, le Tchèque Roman Kreuziger. Le représentant de la formation Saxo-Tinkoff a remporté la 48e édition du prestigieux événement en 6 h 35 min 21 s. Au sprint final qui regroupait seize coureurs, Kreuziger a eu le meilleur sur l’Espagnol Alejandro Valverde Belmonte (Movistar). L’Australien Simon Gerrans (Orica-GreenEdge) a complété le podium.

« C’était ma première participation à une classique et je savais que ce serait difficile. J’ai vraiment compris aujourd’hui (dimanche) l’ampleur de ces courses-là. Ce sont des monuments du cyclisme. C’est vraiment impressionnant », a dit Parisien, vainqueur d’étape au Tour de Catalogne le mois dernier. « Ça me fait redéfinir complètement ma vision du cyclisme. Les courses que je considérais difficiles ne le sont plus. Aujourd’hui, ç’a été, et de loin, la course la plus dure de ma carrière. J’ai brûlé 5600 calories en 6 heures et 45 minutes de course… Pour un petit gars comme moi, c’est énorme. »

Au-delà de la satisfaction d’avoir terminé l’Amstel Gold Race, la plus technique des classiques ardennaises, Parisien était tout de même un peu déçu de son résultat. « Comme j’aime la performance et que je veux toujours repousser mes limites, c’est sûr que mes objectifs étaient élevés. Lorsque je suis rentré dans l’autobus après la course, j’étais assez déçu, a admis l’athlète de Bromont. Mes coéquipiers m’ont vraiment soutenu et m’ont expliqué qu’une course comme celle-là, on doit la faire deux à trois fois avant d’être confortable. J’ai l’habitude de courir 200 kilomètres et non 250. C’est un autre niveau du cyclisme, le plus élevé, et je dois m’adapter tranquillement. »

Se sacrifier pour un coéquipier

Si les directeurs d’Argos-Shimano avaient désigné l’Allemand Simon Geschke comme leader de la formation dimanche, Parisien avait aussi été identifié comme l’un des coureurs à protéger.

« Les gars ont travaillé tout au long de la course pour que nous soyons bien placés à 70 kilomètres de l’arrivée. C’était vraiment le point critique. Nous roulions sur une grande route d’environ quatre voies de large et, à ce moment-là, nous tournions sur une petite route à peine plus large qu’une voiture. Ensuite, nous avions encore 50 kilomètres à faire en continu sur les petites routes », a expliqué Parisien.

« J’étais un peu inconfortable. Je ne connaissais pas trop les routes et j’avais de la difficulté à bien me placer, a-t-il poursuivi. Dans cette course, le placement dans le peloton est très important parce qu’il y a tellement de virages, de bosses, de descentes… C’est vraiment technique. Donc si tu es derrière sur un peloton de 200 gars, ça s’étire vraiment et c’est extrêmement difficile de revenir en avant. »

« Après 150 kilomètres, je savais que je n’avais pas les jambes alors j’ai décidé que j’allais me sacrifier pour Simon à la fin, a raconté Parisien. J’ai roulé dans le vent pour pouvoir bien le placer à 70 kilomètres. J’ai bien fait mon travail puisqu’il a pris le virage en 10e place. Ça lui a permis de pouvoir rester avec le premier groupe d’une trentaine de coureurs. De mon côté, j’étais pas mal dans le rouge quand je suis arrivé à la bosse tout de suite après le virage. J’ai fini la course en roulant de petit groupe en petit groupe. »

Geschke a finalement conclu la course au 18e rang à 36 secondes du gagnant. « Ç’a payé de me sacrifier pour lui. Une 18e place, c’est assez impressionnant pour une équipe comme nous, a dit Parisien. Personnellement, c’est sûr que j’espérais mieux faire. Je m’attendais à être capable de rester avec Simon jusqu’au circuit final de 23 kilomètres. Mais vraiment aujourd’hui, j’étais un peu trop derrière. J’ai perdu beaucoup d’énergie inutilement. »

Le Québécois Dominique Rollin (FDJ), qui était également du départ, n’a pas conclu la course.

Dimanche prochain, Parisien aura la chance de se reprendre à la classique Liège-Bastogne-Liège, en Belgique. Celle que l’on surnomme « la doyenne » des classiques ardennaises fait craindre le pire à Parisien. « Apparemment qu’elle est encore plus difficile. J’ai bien hâte de voir comment ça va être. Mais même si c’est dur et que je me défonce comme un fou sur mon vélo, j’apprécie chacun de ces moments. Je vis vraiment un rêve présentement », a conclu Parisien.