Passeport sanguin : l'AMA se retire
Cyclisme jeudi, 27 mars 2008. 13:26 jeudi, 12 déc. 2024. 23:44
PARIS - Les divergences scientifiques, juridiques et surtout politiques ont poussé l'Agence mondiale antidopage (AMA) à rompre jeudi sa collaboration avec l'Union cycliste internationale (UCI) sur un passeport sanguin qui devait permettre au cyclisme de lutter plus efficacement contre le dopage.
L'AMA a motivé sa décision par l'action en justice intentée par l'UCI et son ancien président Hein Verbruggen contre celui de l'AMA Dick Pound, son ennemi notoire. Une plainte pour "propos injurieux continus" totalement incongrue, particulièrement au moment où devait aboutir, via le passeport, un dialogue renoué tant bien que mal entre deux entités historiquement en guerre via leurs ex-patrons.
"À la lumière de l'attaque de l'UCI, l'AMA considère qu'un partenariat avec l'UCI n'est plus tenable", indique le communiqué de l'Agence qui précise que l'AMA "va mener des discussions avec d'autres sports afin d'aller de l'avant avec le projet de passeport de l'athlète".
Mais la rupture brutale entre les deux partenaires principaux du passeport trouve son origine dans des désaccords bien plus anciens que la dernière joute Verbruggen-Pound et sensibles dès octobre 2007, lors du lancement en grande pompe d'un projet rendu nécessaire par la déferlante d'affaires de dopage subie par le Tour de France 2007.
Très longues à s'accorder sur les détails scientifiques du projet, UCI et AMA s'étaient ensuite opposées sur la viabilité juridique de l'utilisation du passeport - la première méthode indirecte de dépistage du dopage - à des fins de sanctions disciplinaires. Sans parler des contributions financières de chacun des acteurs qui avaient également fait l'objet de maintes discussions animées.
L'UCI continue seule
Enfin, la crispation était devenue plus que palpable fin février, en marge du conflit l'opposant à ASO, l'organisateur du Tour de France, lorsque l'UCI avait dit vouloir appliquer "prioritairement (le passeport) à ses partenaires respectueux du règlement".
Cette menace ouverte de ne pas transmettre les résultats du passeport sanguin aux organisateurs du Tour de France avait cristallisé l'agacement de l'AMA et inquiété le ministère français de la santé, de la jeunesse et des sports, troisième maître d'oeuvre du passeport et initiateur du sommet antidopage d'octobre, justement dans l'espoir de préserver le Tour 2008.
Jeudi, l'UCI n'a voulu voir qu'une péripétie dans la rupture annoncée par l'AMA. En marge des championnats du monde sur piste à Manchester, un de ses responsables a indiqué à l'AFP qu'"à défaut, l'UCI poursuivra elle-même la mise en place du passeport sanguin" tout en se disant "étonné de la réaction de l'AMA (...) organisation dont elle a contribué à la fondation et avec laquelle elle a toujours entretenu d'excellentes relations" et qu'elle distingue de son ancien président Dick Pound.
Le passeport aura pourtant du mal à se remettre de la perte de la caution de l'AMA. Sans présager des conséquences, pour son image et celle du cyclisme, d'un refus probable de l'UCI d'en faire bénéficier le Tour de France 2008.
L'AMA a motivé sa décision par l'action en justice intentée par l'UCI et son ancien président Hein Verbruggen contre celui de l'AMA Dick Pound, son ennemi notoire. Une plainte pour "propos injurieux continus" totalement incongrue, particulièrement au moment où devait aboutir, via le passeport, un dialogue renoué tant bien que mal entre deux entités historiquement en guerre via leurs ex-patrons.
"À la lumière de l'attaque de l'UCI, l'AMA considère qu'un partenariat avec l'UCI n'est plus tenable", indique le communiqué de l'Agence qui précise que l'AMA "va mener des discussions avec d'autres sports afin d'aller de l'avant avec le projet de passeport de l'athlète".
Mais la rupture brutale entre les deux partenaires principaux du passeport trouve son origine dans des désaccords bien plus anciens que la dernière joute Verbruggen-Pound et sensibles dès octobre 2007, lors du lancement en grande pompe d'un projet rendu nécessaire par la déferlante d'affaires de dopage subie par le Tour de France 2007.
Très longues à s'accorder sur les détails scientifiques du projet, UCI et AMA s'étaient ensuite opposées sur la viabilité juridique de l'utilisation du passeport - la première méthode indirecte de dépistage du dopage - à des fins de sanctions disciplinaires. Sans parler des contributions financières de chacun des acteurs qui avaient également fait l'objet de maintes discussions animées.
L'UCI continue seule
Enfin, la crispation était devenue plus que palpable fin février, en marge du conflit l'opposant à ASO, l'organisateur du Tour de France, lorsque l'UCI avait dit vouloir appliquer "prioritairement (le passeport) à ses partenaires respectueux du règlement".
Cette menace ouverte de ne pas transmettre les résultats du passeport sanguin aux organisateurs du Tour de France avait cristallisé l'agacement de l'AMA et inquiété le ministère français de la santé, de la jeunesse et des sports, troisième maître d'oeuvre du passeport et initiateur du sommet antidopage d'octobre, justement dans l'espoir de préserver le Tour 2008.
Jeudi, l'UCI n'a voulu voir qu'une péripétie dans la rupture annoncée par l'AMA. En marge des championnats du monde sur piste à Manchester, un de ses responsables a indiqué à l'AFP qu'"à défaut, l'UCI poursuivra elle-même la mise en place du passeport sanguin" tout en se disant "étonné de la réaction de l'AMA (...) organisation dont elle a contribué à la fondation et avec laquelle elle a toujours entretenu d'excellentes relations" et qu'elle distingue de son ancien président Dick Pound.
Le passeport aura pourtant du mal à se remettre de la perte de la caution de l'AMA. Sans présager des conséquences, pour son image et celle du cyclisme, d'un refus probable de l'UCI d'en faire bénéficier le Tour de France 2008.