FOIX (AFP) - Le coureur italien Riccardo Ricco, convaincu de dopage sur le Tour de France mais niant s'être dopé à l'EPO, a été mis en examen pour "utilisation de substance classée vénéneuse par le Code de la santé publique" et placé sous contrôle judiciaire vendredi à Foix.

Le procureur de la république de Foix, Antoine Leroy, a signifié au coureur sa mise en examen et son placement sous contrôle judiciaire "avec interdiction d'entrer en contact avec d'autres membres de l'équipe" Saunier-Duval, dont il faisait partie.

Il a indiqué que Ricco "conteste fermement avoir utilisé de l'EPO (et) par conséquent conteste les faits qui lui sont reprochés".

Entré au palais de justice encadré par une dizaine de gendarmes, Riccardo Ricco, apparemment détendu et portant un sweat-shirt à rayures noires et grises, n'a fait aucune déclaration, ni avant ni après les deux heures de sa présentation à la juge d'instruction.

"C'est fini, il est libre et il repart chez lui" (en Italie), a pour sa part indiqué son avocate, Me Stéphanie Rabat, après la mise en examen de Ricco.

Selon le procureur, le coureur italien n'a pu donner aucune explication sur le fait que de l'EPO ait été trouvée dans son urine par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), le 8 juillet lors du contre-la-montre de Cholet, 4e étape du Tour.

Valises suspectes

Interpellé jeudi, quelques minutes avant le départ de la 12e étape Lavelanet-Narbonne, le coureur italien avait été placé en garde à vue en milieu de journée à la gendarmerie de Mirepoix (Ariège).

Riccardo Ricco devra également répondre de la découverte par les gendarmes, lors de la perquisition effectuée jeudi en début de soirée à l'hôtel où il devait séjourner à Narbonne, de deux valises lui appartenant et qui avaient été déposées dans sa chambre.

Selon le procureur, ces valises contenaient "des petits matériels médicaux non-utilisés style seringues, cathéters, pansements et un certain nombre de produits dont on est en train de vérifier s'ils sont dopants ou non".

Riccardo Ricco a expliqué lors de son audition que le matériel saisi dans sa chambre "est utilisé de façon habituelle et sur prescription médicale". "Il a donné des explications qui relèvent de sa santé. Pour l'instant c'est du secret médical", a indiqué le procureur.

Cependant, le magistrat a précisé que "l'instruction qui commence permettra de savoir si ces produits sont interdits, et on essaiera de savoir dans quel cadre ils ont pu être utilisés".

Soupçons de dopage organisé

Les véhicules de l'équipe Saunier Duval ont également été arrêtés jeudi à quelques kilomètres de la frontière espagnole, mais selon le procureur la fouille "n'a pas permis de trouver d'éléments probants. Le médecin de l'équipe a été entendu et il conteste avoir prescrit quelque produit dopant que ce soit".

Si Riccardo Ricco est pour l'heure le seul membre de l'équipe Saunier-Duval à avoir été testé positivement à l'EPO, "l'enquête et l'instruction ne porteront pas sur l'utilisation massive de produits dopants sur le Tour ou dans l'équipe", a précisé le procureur.

"Nous sommes saisis de la présence d'EPO attestée scientifiquement dans l'urine de ce coureur. Les contre expertises seront ordonnées comme la loi le permet et aucun élément ne permet d'étendre les investigations à d'autres personnes qui appartiennent à cette équipe", a-t-il ajouté.

L'équipe Saunier-Duval, qui s'est retirée de la course, fait néanmoins l'objet de soupçons de dopage organisé. La formation espagnole a annoncé vendredi le licenciement du coureur italien et de son compatriote Leonardo Piepoli.

Selon une source proche de l'enquête à Paris, un quatrième nom de coureur positif, qui appartiendrait à la formation Saunier-Duval, devrait être annoncé par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).