Tous ses adversaires désignent Peter Sagan comme l'homme à battre de Milan-Sanremo, la première grande classique de la saison cycliste, mais le jeune Slovaque est loin d'avoir course gagnée, dimanche, sur la Riviera où de la pluie et du vent sont annoncés. Vous pourrez voir toute l’action à RDS2 dès 9h30.

LE FAVORI. « Je suis content d'être dans cette position », affirme Sagan, impressionnant dans Tirreno-Adriatico (deux succès d'étape). Quatrième l'an passé sur Lungomare Italo Calvino, terme des 298 kilomètres de la plus longue course de la saison, le maillot vert du dernier Tour de France ne doute de rien, surtout pas de lui-même: "Si mes rivaux pensent que je souffre de la pression, ils se rendront vite compte qui a raison."

« J'ai une bonne équipe avec (l'espoir italien Moreno) Moser comme alternative et je ne crains pas le mauvais temps », souligne le Slovaque de la formation Cannondale. « S'ils courent tous contre moi, un autre gagnera peut-être. Mais je jouerai à fond mes cartes ». Car Sagan, a priori invulnérable dans les courtes montées qui parsèment le final de la Primavera (Cipressa, Poggio), peut aussi se permettre d'attendre le sprint, la conclusion la plus fréquente de ce monument du cyclisme créé en 1907. D'une phrase, il résume son personnage: « Je n'ai peur de rien. »

Cette assurance, assimilée par ses rivaux à de la prétention, pourrait être le talon d'Achille du phénomène slovaque qui doit encore se construire un palmarès (pour l'instant vierge, à l'âge de 23 ans) dans les grandes classiques. « Il manque de respect aux autres », estime le Suisse Fabian Cancellara, un habitué du final dans la cité des fleurs (vainqueur en 2008, 2e en 2011 et 2012) qui rappelle aussi: « Gagner une étape de Tirreno est une chose, gagner la Sanremo est autre chose. »

LES ADVERSAIRES. Au départ de Milan, ils se répartissent entre les sprinteurs décidés à attendre l'arrivée sur le front de mer suivant que l'écrémage aura été plus ou moins complet (Goss, Cavendish, Hushovd, Boonen, Greipel, Modolo, Farrar, Haussler, Degenkolb), les puncheurs capables de régler un petit groupe (Cancellara, Gilbert, Pozzato, Boasson Hagen, Gerrans, Roelandts, Van Avermaet) ou ceux qui préfèrent arriver seuls sous peine de perdre l'essentiel de leurs chances (Nibali, Moser, Chavanel, Santambrogio, Offredo, Flecha, Slagter, voire Paolini et Ulissi).

Après le petit col du Turchino, où le peloton des 25 équipes pourrait rencontrer la neige en plus de la pluie prévue tout au long de la journée, et surtout la côte de la Manie (4,7 km à 6,7 %), à l'entrée des 100 derniers kilomètres, la course commence à se décanter suivant la présence ou l'absence à l'avant des sprinteurs les plus redoutés, le Britannique Mark Cavendish en premier lieu ("attention à lui", signale Pozzato). Dans les 25 derniers kilomètres, la Cipressa et le Poggio, dont le sommet est situé à 6,2 kilomètres de l'arrivée, sont les derniers tremplins offerts à ceux qui veulent éviter le sprint. A moins d'attendre le bas de la descente du Poggio, les 3400 derniers mètres dans les rues de Sanremo où la tension touche à son comble.

Usante pour les énergies et les nerfs, la « classicissima » réclame un sang-froid à toute épreuve, un zeste de chance, et une lucidité intacte après plus de six heures d'efforts. « Il faut pouvoir agir ou réagir en un instant », souligne Cancellara qui la résume d'une juste formule: « Ce n'est pas la course la plus dure mais c'est la plus difficile à gagner. »