Thibaut Pinot, vainqueur samedi au sommet de L'Alpe d'Huez, a fait sien l'art de rebondir après un début de Tour compliqué, à l'image du début de carrière « pas toujours linéaire » mais prometteur de ce coureur qui ambitionne d'un jour gagner la Grande Boucle.

« J'ai connu beaucoup de malchance pendant le Tour mais je n'ai jamais rien lâché, se félicitait-il samedi. J'y ai toujours cru et je finis par en gagner une de justesse. »

Professionnel depuis 2010, le coureur âgé de 25 ans s'était révélé au public en 2012 en prenant à 22 ans la 10e place de son premier Tour, remportant en outre la 8e étape.

Plus qu'une étape à tenir

La France, qui attend depuis 1985 un successeur à Bernard Hinault sur la première marche du podium de la plus grande course du monde, voit alors naître un champion potentiel.

Pinot confirme rapidement qu'il est taillé pour les courses à étapes. S'il doit abandonner en deuxième semaine le Tour en 2013 en raison d'une angine, le natif de Mélisey (nord-est) prend cette année-là la 4e place du Tour de Suisse et la 7e de la Vuelta.

« Thibaut doit grandir lentement. Nous avons un plan quinquennal pour faire de lui un coureur capable de gagner le Tour », disait à l'époque le manager de son équipe, Marc Madiot.

Les espoirs du dirigeant de la FDJ, la seule formation qu'ait connu le coureur depuis ses débuts chez les pros, se confirment en 2014. Meilleur jeune et troisième du classement final, Pinot se fait une place parmi les meilleurs grimpeurs de la planète.

« J'ai du caractère »

Adepte du « vélo plaisir », Pinot concède parfois être en délicatesse avec le Tour qu'il qualifiait de grand cirque au départ des Pays-Bas début juillet. « Cette ambiance un peu écrasante peut le rendre nerveux », explique son équipier Alexandre Geniez.

D'autant plus nerveux qu'au début de ce Tour, rien ne tourne rond pour le Français. Une bronchite tenace, un genou récalcitrant et une perte de temps le renvoient loin au général : samedi matin, il comptait plus de 40 minutes de retard sur Chris Froome.

Mais Pinot a su tirer profit de cette position délicate en attaquant quasi quotidiennement dans la dernière semaine.

« Je voulais me faire plaisir, dit-il. Je voulais aussi montrer à certains que j'ai du caractère. »

Belle lutte de Ryder Hesjedal à Pinot

« Thibaut s'impose parfois beaucoup de pression. Mais ce Tour est instructif : il parvient à mieux relativiser », explique son équipier et compagnon de chambre Jérémy Roy.

Car Pinot aurait pourtant pu perdre pied en début d'épreuve après la lourde chute de son équipier William Bonnet, vers Huy en Belgique. « J'ai craint le pire pour lui », a dit le leader de la FDJ.

Un deuxième coup dur, son échec à Mende après une mésentente avec Romain Bardet alors que la victoire leur tendait les bras, aurait pu l'abattre définitivement. Tout comme sa chute dans la descente d'Allos, mercredi, alors qu'il était en tête. Mais Pinot a su rebondir, « de justesse », concédait-il samedi.

« Comme mon début de carrière, mon Tour n'a pas été linéaire. Mais comme pour mon début de carrière, je peux m'estimer très heureux de mon Tour. »