Comme un air de revanche : le Tour d'Espagne, qui s'élance samedi de Puerto Banus (Andalousie), va remettre aux prises le récent vainqueur du Tour de France Chris Froome, en quête d'un épatant doublé, et le trio Quintana-Valverde-Nibali, ses dauphins de juillet.

 

Un mois après son deuxième sacre à Paris, Froome s'attaque pendant trois semaines (22 août-13 septembre) à un immense défi sur les 3357 km de cette Vuelta, qui fête à la fois sa 70e édition et son 80e anniversaire.

À ce jour, seuls Jacques Anquetil en 1963 et Bernard Hinault en 1978 ont réussi la même année le doublé Tour-Vuelta. Un tel exploit donnerait une toute autre allure au palmarès de Froome, transformant une saison réussie en année inoubliable.

En outre, la Vuelta est une course chère au coeur de Froome, qui s'y est révélé en 2011 (2e) et y a souvent brillé (4e en 2012, 2e en 2014).

Le parcours 2015 est à la mesure du champion britannique, avec huit arrivées au sommet, toutes inédites, et deux contre-la-montre qui l'avantagent, le premier par équipes (1re étape, 7,4 km), le second en individuel à quatre jours de l'arrivée à Madrid (38,7 km).

Mais pour succéder au tenant du titre Alberto Contador, absent, Froome devra avoir digéré ses efforts de juillet. « J'ai bien récupéré après le Tour et je suis prêt pour mon nouveau défi », a assuré le leader de l'équipe Sky.

 

Quintana-Valverde-Nibali, triple menace

Rarement le plateau du troisième grand Tour de la saison aura été aussi prestigieux.

Habituel lot de consolation des déçus de juillet, la Vuelta accueille cette année les quatre premiers du dernier Tour de France avec Nairo Quintana (2e), Alejandro Valverde (3e) et Vincenzo Nibali (4e).

Pour le Colombien (Movistar), cette épreuve n'était pas au programme. Mais après son excellent Tour, où le vainqueur du Giro 2014 a fait trembler Froome, il peut viser haut à Madrid avec son équipier Valverde.

Ce dernier réussit une saison pleine à 35 ans. Et outre sa victoire finale lors de la Vuelta 2009, le champion d'Espagne a fini cinq autres fois sur le podium de l'épreuve.

Enfin, Nibali (Astana) s'avance revanchard : le vainqueur du Tour 2014, du Giro 2013 et de la Vuelta 2010 doit faire oublier sa performance mitigée dans la Grande Boucle.

 

Derrière, un carré d'as

Dans l'ombre des favoris, quatre hommes peuvent émerger dans cette course d'usure, entre la chaleur de la première semaine en Andalousie et les hauts reliefs du nord de la péninsule programmés par la suite.

L'Italien Fabio Aru et l'Espagnol Mikel Landa, respectivement 2e et 3e du Giro en mai, formeront avec Nibali un redoutable trident Astana.

L'Espagnol Joaquim « Purito » Rodriguez (Katusha) reste un redoutable client dans les ascensions courtes et a fini deux fois troisième de la Vuelta (2010, 2012).

Enfin, l'Américain Tejay Van Garderen (BMC) était le grand déçu du Tour où il avait abandonné alors qu'il était en troisième position du classement général. Il a l'opportunité de sauver sa saison en Espagne.

Dans une moindre mesure, il faut également citer Geraint Thomas (Sky), Dan Martin (Cannondale) ou Pierre Rolland (Europcar), capables de viser un top-10 à Madrid.

 

Les sprinteurs cinq sur cinq

Dans leur préparation en vue des classiques de fin de saison et du Mondial de Richmond (États-Unis, 19-27 septembre), plusieurs sprinteurs ont rendez-vous en Espagne.

Cinq se détachent : le Slovaque Peter Sagan, l'Allemand John Degenkolb et le Français Nacer Bouhanni s'écharperont dans les arrivées groupées, avec le Belge Kris Boeckmans ou encore l'Italien Matteo Pelucchi en trouble-fêtes.

Mais les chasseurs d'étapes seront aussi des coureurs passe-partout : Sylvain Chavanel, Simon Gerrans, Luis Leon Sanchez ou Fabian Cancellara devraient être à l'affût dans une Vuelta toujours propice aux scénarios débridés.