L'Australien Ben O'Connor (AG2R Citroën) a enlevé en solitaire la 9e étape du Tour de France, la seconde dans les Alpes, dimanche à Tignes.

Le Slovène Tadej Pogacar (UAE), porteur du maillot jaune, a distancé ses rivaux directs dans le final et a grignoté une trentaine de secondes supplémentaires à la veille de la journée de repos.

Pogacar a changé de dauphin, puisque O'Connor a accédé à la deuxième place du classement, à 2 min 01 sec du Slovène.

Froid et pluie ont durci la course dans cette étape partie une nouvelle fois tambour battant, sans deux acteurs majeurs, le Slovène Primoz Roglic et le Néerlandais Mathieu van der Poel, d'ores et déjà tournés vers les JO de Tokyo.

Le Colombien Nairo Quintana, en quête du maillot à pois de meilleur grimpeur, a pris les devants dans la descente du col des Saisies, à plus de 90 kilomètres de l'arrivée. Il a été rejoint avant le col du Pré, la troisième des cinq ascensions du jour, par d'autres membres de l'échappée (Higuita, O'Connor, Hamilton, Poels puis Woods).

Quintana a gardé avec lui Higuita et O'Connor dans le Cormet de Roselend avant d'essuyer une défaillance au pied de la très longue montée vers Tignes (21 km à 5,6 %). A son tour, Higuita a coincé à 18 kilomètres de l'arrivée et a laissé O'Connor seul en tête.

Pogacar une nouvelle fois supérieur

Le peloton aminci autour de Pogacar, dont le retard avait culminé à 9 minutes jusqu'à octroyer un maillot jaune tout à fait virtuel à O'Connor, a commencé à se rapprocher dans cette ascension très roulante avant de lâcher du lest de nouveau.

Sur la ligne, O'Connor a précédé de plus de quatre minutes l'Italien Mattia Cattaneo, en contre-attaque dans le final. Le champion d'Italie Sonny Colbrelli, pourtant catalogué routier-sprinteur, a pris la troisième place devant le Français Guillaume Martin.

Dans les 4 derniers kilomètres, Pogacar a contré un démarrage de l'Equatorien Richard Carapaz et a franchi la ligne en sixième position, dans le sillage des coureurs intercalés. Le Français David Gaudu a lâché prise et a cédé près d'une minute à ses rivaux pour le classement général derrière Pogacar, une nouvelle fois supérieur en montagne.

O'Connor, âgé de 25 ans, a rejoint l'élite en 2017. Vainqueur de l'étape de montagne de Madonna di Campiglio l'an passé sur le Giro, il a été recruté à l'intersaison par l'équipe française de Vincent Lavenu pour laquelle il s'est fait remarquer au récent Dauphiné (8e).

L'Australien, qui participe pour la première fois au Tour de France, occupait la 14e place à 8 min 13 sec de Pogacar.

Roglic, deuxième du Tour 2020, et van der Poel, maillot jaune pendant six jours de la 2e à la 8e étape, ont quitté le Tour avant le départ de Cluses.

Journée chargée pour Houle et Boivin

Dans la pluie et le froid sur les 145 kilomètres alpestres séparant Cluses et Tignes, six coureurs n’ont pu terminer dans les délais et ont été exclus du Tour. Les Québécois Hugo Houle (Astana-Premier Tech), 52e (+25 min 55 s) et Guillaume Boivin (Israel Start-Up Nation), 72e (+31 min 37 s) n’ont pas été inquiétés, mais cela ne signifie pas que leur journée a été moins stressante. Bien au contraire.

« Avec la météo et les parcours, les deux dernières journées, honnêtement, c’était du stock ! Aujourd’hui (dimanche), on y a goûté ! Tout le monde a eu froid et c’était extrêmement dur, alors nous serons contents d’avoir une petite journée de repos demain (lundi) », a reconnu Boivin, qui avait déjà connu une journée semblable au Giro, il y a quelques années.

La journée de dimanche était toutefois un peu différente. « Le Tour, c’est encore un autre niveau avec des vitesses assez incroyables. On a pris de la grosse pluie pendant les quatre premières heures et on était bien contents de finir. »

Les deux Québécois ont raconté avoir surtout peiné dans la descente du Cormet de Roselend.

« Il faisait 4 degrés au sommet et il n’y a pas beaucoup de moyens pour rester au chaud, a confié Houle à Sportcom. Au pied de la descente, j’étais limite à rester calme pour que le vélo ne shake pas trop. C’était très froid et très exigeant. »

Boivin a lui aussi eu de la difficulté à contrôler son vélo parce qu’il était frigorifié.

« Mes bras commençaient à shaker et ma roue avant faisait des vagues. J’étais tellement gelé ! J’ai essayé de faire des push-up sur mon vélo et faire tourner mes bras pour avoir plus de sang aux extrémités. Mes épaules et mes bras étaient comme une barre de fer. »

Son coéquipier Michael Woods s’est pointé en tête de course avec 104 km à faire en compagnie de Nairo Quintana (Arkéa Samsic) et d’Omar Fraile (Astana-Premier Tech). L’Ontarien s’est fait décrocher dans l’avant-dernière montée et le Colombien a ensuite été rejoint par son compatriote Sergio Higuita (EF Education-Nippo).