MORZINE, France - Les Champs-Élysées sont en vue pour le Britannique Chris Froome, maillot jaune du Tour de France après la 20e et avant-dernière étape, gagnée samedi à Morzine par l'Espagnol Ion Izagirre.

Au lendemain de sa chute, Froome, vainqueur sortant du Tour, a contrôlé ses adversaires dans la dernière journée de montagne compliquée par la pluie.

« Demain c'est notre dernière chance »

Le col de Joux-Plane, épouvantail de cette dernière étape alpestre, n'a rien changé pour le podium. Aucun candidat ne s'est risqué à attaquer, pour le plus grand profit du Français Romain Bardet, toujours deuxième, et du Colombien Nairo Quintana, troisième, à 24 heures de l'arrivée à Paris.

Le gain de l'étape est revenu à Ion Izagirre, un coéquipier de Quintana dans la formation Movistar, qui avait déjà gagné le mois dernier une étape du Critérium du Dauphiné.

L'Espagnol s'est détaché dans la descente de Joux-Plane, dans les 12 derniers kilomètres. Il a distancé ses deux derniers compagnons, le Colombien Jarlinson Pantano et l'Italien Vincenzo Nibali, qui ont terminé dans cet ordre.

Dans cette étape ramassée (146,5 km) mais ardue (quatre ascensions), les équipes AG2R La Mondiale (Bardet) et Astana (Aru) ont tenté de prendre la course en mains dans le col de la Ramaz, à une soixantaine de kilomètres de l'arrivée, derrière une échappée fleuve partie de loin.

Izagirre en descendeur

À l'avant, Pantano et le Français Julian Alaphilippe, au prix d'une descente spectaculaire du col de la Ramaz, ont pris les devants sur la chaussée détrempée.

Le duo s'est présenté au pied de Joux-Plane (11,6 km à 8,5 %) avec plus d'une minute et demie sur ses anciens compagnons et près de six minutes sur le peloton. Nibali, laissé libre du fait des difficultés de son compatriote Fabio Aru, s'est lancé à la poursuite des deux hommes à 7 kilomètres du sommet.

Alaphilippe et Pantano ont essayé de se distancer l'un l'autre avant que Nibali revienne. À 3 kilomètres du sommet, le Sicilien a accéléré encore, mais le vainqueur du Tour 2014 a vu revenir Pantano et Ion Izagirre à l'approche du sommet.

Excellent descendeur, l'Espagnol s'est montré supérieur dans ce registre pour s'imposer pour la première fois dans le Tour. Agé de 27 ans, il a déjà gagné une étape du Giro 2012 et le Championnat d'Espagne 2014.

Derrière les trois premiers, Alaphilippe s'est offert un nouvel accessit (4e à 49 sec), très significatif en fin de Tour.

Froome, protégé par plusieurs coéquipiers (Thomas surtout), s'est relevé dans les 100 derniers mètres. Il a franchi la ligne, grand sourire sur les lèvres, dans la perspective de sa probable troisième victoire sur le Tour (après 2013 et 2015).

Au classement général, le Britannique compte 4 min 05 sec d'avance sur Bardet et 4 min 21 sec sur Quintana. Autant dire un écart insurmontable sur les 113 kilomètres de la dernière étape, qui s'assimile à un défilé avant le sprint final sur les Champs-Élysées.

Tout n'est pas terminé pour Duchesne

Le Québécois Antoine Duchesne (Direct Energie) a pris le 100e rang de la course.

Duchesne a fini seul à 29 minutes 40 secondes du vainqueur.

« J’ai fait une bonne montée et je suis resté auprès de Bryan [Coquard] tout le long. Nous n’avons pas pris de risque dans les descentes et nous nous sommes arrangés pour arriver à temps. Après, ç’a été plus difficile avec la pluie et les montées. Tout s’est bien passé. Il n’y a personne qui est tombé et nous allons tous à Paris demain matin [dimanche]. »

Les Français Sylvain Chavanel et Fabrice Jeandesbosz, membre de Direct Energie, ont réussi à se hisser dans le groupe de tête en plus de faire partie de l’échappée de 30 coureurs. Ils ont respectivement terminé 41e et 62e.

« C’était ça l’objectif, d’avoir des coureurs comme Sylvain, Thomas [Voeckler] ou Fabrice à l’avant dans l’échappée. En épreuve de montagne, ils étaient pas mal les seuls qui pouvaient réussir à sortir un truc de bien. Il y a une vingtaine de coureurs qui sont sortis en avant et les deux se sont fait décrocher dans les cols », a ajouté Antoine Duchesne, de Chicoutimi.

Duchesne, âgé de 24 ans, pointe au 108e rang au général à 3 heures 44 minutes 54 secondes de Froome.

À 100 % pour Bryan

Dimanche, les cyclistes verront enfin la lumière au bout du tunnel avec l’étape ultime, une course de 113 kilomètres qui commencera à Chantilly pour se terminer aux Champs-Élysées à Paris. Pour l’instant, le Québécois ne réalise pas vraiment qu’il complètera son premier Tour de France. L’équipe de Direct Energie a encore beaucoup de pression sur les épaules selon lui puisqu’il s’agit de sa dernière chance de gagner une étape.

« Ce sera vraiment important. Nous avons des chances de réussir. Pour moi, le Tour n’est vraiment pas fini, a expliqué le Canadien. C’est sûr que je vais le finir. Il y a deux jours, ce n’était pas assuré avec les deux courses en montagne et la pluie. Là, je sais que c’est certain que je vais pouvoir le finir, mais j’ai encore demain en tête. »

« Antoine peut avoir une carrière extraordinaire »

Pour la 21e étape, toute l’énergie d’Antoine Duchesne sera dirigée vers Coquard.

« Je fais partie du train comme dans toutes les étapes au sprint. Surtout avec Angelo [Tulik] en moins depuis l’étape du Ventoux, nous avons un rôle très important pour placer et amener Bryan. »

Même si l’heure du bilan n’a pas encore sonné, le cycliste du pays peut déjà affirmer qu’il a beaucoup appris durant ces trois dernières semaines. C’était d’ailleurs la première fois qu’il avait un rôle aussi important à jouer en ce qui concerne les sprints.

« Je pense que je peux dire que j’ai fait l’événement le plus dur qu’il peut y avoir dans le vélo. Je suis capable de faire ça. J’ai super bien récupéré et la dernière semaine s’est justement très bien passée. Je suis très content de ma capacité à récupérer surtout avec l’âge que j’ai, deuxième tour, premier Tour de France. Je vois qu’il y a encore des aspects sur lesquels je peux travailler davantage dans le futur, mais j’en ressors quand même avec un beau bilan. »

La prochaine compétition du Canadien, les Jeux olympiques de Rio, approche à grands pas. Il s’agira d’un tout autre défi et Duchesne a avoué n’avoir aucune préparation en vue de cet événement planétaire avec le dernier mois qu’il vient de vivre.

« La seule chose que je peux faire d’ici les Jeux, c’est rester sérieux et récupérer de ces trois semaines et arriver avec la meilleure forme. Le plus difficile, c’est de ne pas décrocher après un événement où nous sommes partis depuis un mois. Mentalement, c’est difficile. C’est les Jeux olympiques et je suis quand même motivé. Je rentre dans deux jours, je vais mettre ma tête vers ça et je fais tout faire pour arriver avec la meilleure condition possible pour Rio », a conclu Antoine Duchesne.

Top-10 de la 20e étape :

1. Ion Izagirre (ESP/MOV) les 146,5 km en 4h06:45 (moyenne : 35,6 km/h)

2. Jarlinson Pantano (COL/IAM) à 0:19.

3. Vincenzo Nibali (ITA/AST) 0:42.

4. Julian Alaphilippe (FRA/ETI) 0:49.

5. Rui Costa (POR/LAM) 1:43.

6. Roman Kreuziger (RÉP. T./TIN) 1:44.

7. Wilco Kelderman (P.-B./LNL) 0:49.

8. Joaquim Rodriguez (ESP/KAT) 3:24.

9. Daniel Martin (IRL/ETI) 4:12.

10. Romain Bardet (FRA/ALM) 4:12.

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100. Antoine Duchesne (CAN/DEN) 29:40.

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Top-10 au classement général :

1. Christopher Froome (GBR/Sky) 86h21:40.

2. Romain Bardet (FRA/ALM) à 4:05.

3. Nairo Quintana (COL/MOV) 4:21.

4. Adam Yates (GBR/ORI) 4:42.

5. Richie Porte (AUS/BMC) 5:17.

6. Alejandro Valverde (ESP/MOV) 6:16.

7. Joaquim Rodriguez (ESP/KAT) 6:58.

8. Louis Meintjes (RAS/LAM) 6:58.

9. Daniel Martin (IRL/ETI) 7:04.

10. Roman Kreuziger (RÉP. T./TIN) 7:11.

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108. Antoine Duchesne (CAN/DEN) 3:44:54.

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