Pogacar, le jour de la reconquête
NICE, France - Sauf cataclysme, Tadej Pogacar va gagner dimanche à Nice son troisième Tour de France, un sacre au goût de revanche face à son grand rival Jonas Vingegaard à l'issue d'une course dominée de bout en bout.
L'Italien Davide Ballerini a été le premier à s'élancer dimanche pour le contre-la-montre entre Monaco et Nice où la Grande Boucle se termine pour la première fois de son histoire, JO à Paris oblige.
Dernier du classement général, le coureur d'Astana est parti sous un ciel gris alors que quelques gouttes ont arrosé le parcours à la mi-journée.
Il était suivi de son coéquipier Mark Cavendish qui doit terminer son dernier Tour avec l'immense satisfaction d'avoir porté à 35 le record de victoires d'étape.
Les coureurs partant dans l'ordre inverse du classement général, le maillot jaune Tadej Pogacar sera le dernier à s'élancer pour environ 45 minutes d'effort sur un parcours difficile avec la côte de Turbie et le col d'Eze à escalader dans un décor somptueux.
Avec l'avance qu'il possède au classement général, Pogacar, qui précède Vingegaard de 5:14 et le Belge Remco Evenepoel de 8:04, il faudrait un accident pour que le Slovène laisse échapper le morceau.
« Profiter du public »
« Je vais surtout essayer d'arriver sain et sauf à Nice, car le parcours est assez dangereux. Je pense que je vais pouvoir profiter un peu plus du public », dit le Slovène qui connaît chaque centimètre de ces routes pour habiter à Monaco et les emprunter très régulièrement.
Vu la forme qu'il affiche depuis le début du Tour, et même de la saison, il est le favori de ce chrono avec Remco Evenepoel qui l'avait devancé de douze secondes dans le premier contre-la-montre dans les vignobles de Bourgogne sur un tracé plus plat.
S'il s'impose aussi dimanche, il finira cette 111e édition avec la bagatelle de six victoires d'étape, pas loin des razzias d'Eddy Merckx (8 en 1970 et 1974) et de Bernard Hinault (7 en 1979).
« Je me serais contenté d'une victoire. Avoir le maillot jaune, même sans gagner d'étape, aurait suffi à mon bonheur. Alors en avoir déjà cinq dans la poche, c'est plus que j'aurais pu rêver », souligne-t-il.
L'ultra domination du nouveau cannibale slovène, qui a éveillé des soupçons inévitables dans un sport longtemps entaché par le dopage, rappelle celle des grands fauves du passé.
À 25 ans, ce coureur tous terrains, aussi à l'aise dans les Flandriennes que dans les cols des Alpes, présente déjà un palmarès édifiant et fait même mieux parfois qu'Eddy Merckx, le plus grand de tous les temps.
« Il bosse énormément »
Samedi, il a endossé le 38e maillot de leader dans un grand Tour cette année, en comptant ses vingt jours en rose sur le Giro. Un nouveau record pour le Slovène qui devance désormais Merckx (37 en 1970) et Chris Froome (34 en 2017).
Il est à 33 kilomètres de devenir le premier coureur depuis Marco Pantani en 1998 à gagner la même année le Tour d'Italie et le Tour de France, un exploit souvent considéré comme impossible tant l'enchaînement de ces deux grandes courses de trois semaines brise les corps.
Ce sera aussi son troisième sacre dans le Tour de France après 2020 et 2021 et il a la saveur d'une revanche éclatante sur Vingegaard, qui l'avait dominé ces deux dernières éditions.
« La rivalité avec Jonas m'a poussé à devenir meilleur », insiste Pogacar qui a changé d'entraîneur cet hiver pour gommer ces deux points faibles, les longues montées en haute-altitude et la chaleur.
Il s'est aménagé des séances spécifiques, tout en travaillant sa position sur le vélo de chrono.
« Il n'a jamais été aussi bon mais ce n'est pas arrivé tout seul, rapporte son coéquipier Tim Wellens. À la fin de l'année, ce sera le coureur qui aura le plus passé de temps sur son vélo. Il bosse énormément. »
« Après un entraînement, il est souvent monté sur les rouleaux pour prolonger d'une demi-heure, sur son vélo de contre-la-montre avec une veste de pluie pour s'habituer à la chaleur, ajoute le Belge. On le regarde avec beaucoup d'admiration. »