MORZINE, France - Sauf improbable accident lors de la dernière étape, Chris Froome remportera dimanche le Tour de France devant Romain Bardet, soit le même ordre sur le podium qu'un mois plus tôt au Dauphiné, traditionnelle répétition générale de la Grande Boucle.

C'est un peu plus qu'une coïncidence. Chris Froome a remporté ses deux premiers Tours de France (2013 et 2015) dans la foulée de ses succès au Dauphiné début juin.

En juin comme en juillet, Froome a contrôlé la situation avec l'aide des mêmes équipiers (Landa, Poels, Henao). Landa n'était d'ailleurs pas prévu au départ du Dauphiné, puisqu'il avait été désigné leader de la Sky sur le Giro. Mais après avoir abandonné en Italie, il s'était porté candidat pour le Tour, ce qui passait par une intégration express au Dauphiné.

En juin comme en juillet, Froome n'a jamais vraiment été mis en difficulté, si ce n'est lors de sa chute vendredi à Domancy.

En juin, Froome avait aussi déjà construit son succès grâce à une victoire d'étape, à Vaujany. Un mois plus tard, il s'emparait de nouveau de la première place en s'imposant en solitaire à Luchon, grâce à une prise de risques maximale en descente.

Le 12 juin à Superdévoluy, le Britannique n'avait devancé Bardet au général que de 12 secondes, à l'issue d'une 7e et dernière étape gagnée en solitaire par le Britannique Stephen Cummings, auteur d'une longue échappée. Comme lors de la 7e étape du Tour, où le Britannique a triomphé en solitaire au lac de Payolle.

Rampe de lancement

Si Sky, comme les autres équipes, a testé son dispositif Tour au Dauphiné, c'est bien évidemment parce que les deux épreuves présentent la même difficulté majeure: la chaîne des Alpes, dans laquelle les meilleurs grimpeurs font la différence au classement général. Pas trop long (une semaine), le Dauphiné constitue donc la rampe de lancement idéale.

Ce n'est pas Bardet qui dira le contraire. À un mois d'intervalle, le Français a réalisé un beau doublé : après avoir accédé pour la première fois en juin à un podium WorldTour de premier niveau, il a franchi un palier supplémentaire en juillet dans la plus grande course du monde.

Au Dauphiné, l'Auvergnat s'était montré très prudent, tant sur la course que sur le Tour à venir. Avec le recul, samedi à Morzine, il a exprimé des regrets.

« Sur le Dauphiné, on était vraiment proche de l'exploit. En y croyant un peu plus, on pouvait renverser la course le samedi. J'en suis maintenant convaincu. Je n'ai pas assez cru en moi. Mais ça été fondateur dans la réussite du Tour, puisque j'ai appris de mes erreurs sur cette course-là », a relativisé Bardet.

Si le leader d'AG2R La Mondiale n'a pas tout donné en juin, c'est aussi parce qu'il craignait d'atteindre son pic de forme trop tôt.

« Le Dauphiné est ambivalent », estimait-il au départ de l'épreuve alpine. « On ne sait jamais trop quoi en penser. Si on fait un super Dauphiné, on se dit qu'on est trop tôt en forme. Si on n'est pas bien du tout, on se dit qu'il y a un souci et qu'on ne sera jamais prêt pour le Tour. »

Un mois plus tard, pari gagné : vainqueur en solitaire vendredi à Saint-Gervais, il sera de nouveau sur le podium dimanche à Paris, aux côtés de Chris Froome. Mais pas avec le même écart.

« Sur le Tour, c'est vraiment la meilleure place que je pouvais espérer. Quatre minutes d'écart au général, il y a un fossé. J'ai fait le maximum sur ce Tour. Il n'y a aucun regret à avoir », a-t-il assuré. Contrairement au Dauphiné.