BERNE (AFP) - Dans sa progression vers le Tour de France, l'Allemand Jan Ullrich a accroché pour la deuxième fois le Tour de Suisse cycliste à son palmarès, dimanche à Berne, après sa victoire dans le contre-la-montre final.

Malgré un violent orage qui a sévèrement handicapé les derniers partants, Ullrich a dominé le "chrono" de 30,7 kilomètres reliant Chiètres à la capitale suisse. Il a amélioré de 23 secondes le temps de l'Australien Cadel Evans, qui a échappé aux intempéries et a surtout gommé son retard (50 sec) sur l'Espagnol Koldo Gil, porteur du maillot jaune avant cette neuvième et dernière étape.

Adepte immuable d'un braquet de géant, le champion olympique de Sydney (2000) a peiné dans la première partie, plus vallonnée, pour distancer son rival. Au pointage intermédiaire de la mi-course, son avance a atteint seulement 12 secondes sur Gil, crédité du deuxième temps.

Mais, dans la seconde partie, plus roulante et souvent en faux-plat descendant, Ullrich a imposé sa puissance supérieure d'autant que Gil a dû affronter une pluie qui redoublait sur les rues pavés montant vers le coeur de la ville de Berne.

A l'arrivée, l'écart a atteint 1 min 14 sec mais Gil (9e de l'étape) a fait mieux que le troisième prétendant, l'Allemand Jörg Jaksche (10e), a priori meilleur rouleur que lui.

"A 90 pour cent"

Dans ce contre-la-montre, le seul de l'épreuve, la surprise est venue de l'Espagnol Angel Vicioso, lui aussi gêné par l'orage mais crédité du troisième temps à 31 secondes à peine d'Ullrich. Catalogué routier-sprinteur, celui dont le nom a été cité dans l'affaire de dopage en Espagne a devancé au classement deux vrais espoirs du cyclisme, le Slovène Janez Brajkovic (22 ans) et l'Allemand Linus Gerdemann (23 ans).

En revanche, le Suisse Fabian Cancellara, qui courait à domicile devant son public bernois, a échoué à la 12e place de l'étape, loin des espérances de ses supporteurs. A l'image de son parcours dans le Tour de Suisse que le vainqueur de Paris-Roubaix a passé dans l'anonymat.

Au bilan, Ullrich a battu de 24 secondes Gil, deux ans après avoir déjà renversé la situation dans l'ultime contre-la-montre (1 sec sur le Suisse Fabian Jeker). L'Allemand, qui réside en Suisse sur les bords du lac de Constance, a remporté ainsi son deuxième succès de la saison, après celui signé dans le contre-la-montre du Giro le 18 mai dans la ville toscane de Pontedera.

En moins de deux mois, puisqu'il a disputé sa première course fin avril (Tour de Romandie), Ullrich s'est replacé sur la trajectoire d'un candidat au maillot jaune du Tour (1er au 23 juillet). Son unique objectif, répète-t-il chaque année sans pour autant connaître la même réussite qu'en 1997 quand il était devenu à l'âge de 23 ans le premier coureur de son pays vainqueur de la Grande Boucle.

Le leader de l'équipe T-Mobile, qui dit avoir couru le Tour de Suisse "à 90 pour cent" de sa forme, s'est félicité du résultat et de la chaleur qui a le plus souvent enveloppé l'épreuve: "Mon but, c'était d'avoir une approche parfaite du Tour. Avec la victoire, c'est encore plus beau !"