MORZINE-AVORIAZ (AP) - Lance Armstrong a deux idées en tête: gagner un septième Tour de France et couler ensuite des jours heureux en famille.

Dans un entretien accordé samedi à l'agence Associated Press, le champion américain, confortablement installé dans un salon de son hôtel à Morzine, a accepté de disserter sur ses préoccupations du moment et de revenir sur ses prestations pendant le Dauphiné Libéré.

Déterminé à mettre un terme à sa carrière en beauté sur les routes de France cet été, Armstrong, qui se sent "moins stressé" que l'an passé à la même époque, envisage également d'épouser sa compagne, la chanteuse Sheryl Crow, et d'avoir de nouveaux enfants.


Q: Votre directeur sportif Johan Bruyneel vous a crédité d'une note de B+ après le contre-la-montre de Roanne et votre ascension du Mont Ventoux? Comment jugez-vous votre prestation sur l'ensemble du Dauphiné?

Lance Armstrong.: "Pour le Ventoux, ça ne valait pas un A. B+ pour toute la semaine? C'est peut-être un peu généreux. Je n'étais pas assez explosif et pas capable de faire la différence. J'ai dû me contenter de suivre. Mais je sais que je peux atteindre un autre niveau."


Q: Sentez-vous davantage de pression que l'année dernière? Avez-vous des regrets de disputer cet été votre dernier Tour?

L.A.: "C'est un sentiment doux-amer. J'ai moins de pression que l'année dernière. Je ne tente pas de battre un record. L'an passé, il y avait aussi des tas de raisons de gagner. Cette année, je suis motivé par l'idée de terminer ma carrière sur une note élevée. De ce point de vue-là, c'est plus motivant qu'un gros bonus ou d'entrer dans l'histoire."


Q: Quels enseignements sur vos rivaux avez-vous tirés pendant ce Dauphiné Libéré:

L.A.: "Nous avons vu que Vino (NDLR: ALexandre Vinokourov) était fort. On a également vu Levi (Leipheimer). L'équipe Phonak est forte. Floyd (Landis). Le Tour de Suisse débute, on y verra Jan Ullrich.

Ici, il y avait aussi des gars qui se sont cachés et qui attendent, comme (Roberto) Heras. Il y a aussi Ivan Basso, qui récupère du Giro et se prépare pour le Tour. Tous ces types seront toujours forts.

Et il y aura aussi les surprises, comme (Jose) Gomez Marchante. Je suppose qu'il sera bon pendant le Tour. Il a l'air bien sur le vélo. Il pédale bien, il a l'air fort.

En bref, nous nous posons toujours des questions. Chaque année, on nous demande une liste de dix ou 12 mecs qui pourraient nous concurrencer. Mais devons-nous vraiment faire une liste? La question n'est pas là. La question est de savoir comment je serai. Serai-je assez bon pour gagner? C'est la question. C'est pour ça que nous sommes là. Après cette course, nous mettrons tout en oeuvre pour avoir trois bonnes semaines."


Q.: Quel est le programme pour ces trois semaines?

L.A.: "Rester en bonne santé et relax. Je m'apprête à passer trois semaines sans stress, concentré. C'est le plus important. Parce que le Tour est tellement stressant au début. Je vais essayer de rester calme et tranquille avant le Tour et de me préoccuper de mon mode de vie, de mon entraînement. Ce qui signifie un régime, du repos. Le but est d'arriver le 2 juillet frais et dispos et prêt à se livrer."


Q: Participerez-vous au contre-la-montre par équipes d'Eindhoven?

L.A.: "Ca se pourrait... Je dois encore décider. C'est un format intéressant, par équipes de six. Mais nous ne savons pas encore."


Q: Vous mettrez un terme à votre carrière dans six semaines. Vous avez peur?

L.A.: "Pour être honnête, je suis excité par l'idée de passer à autre chose. Je dis ça à chaque fois, mais c'est très dur d'être ici sans mes enfants. Je vois un enfant sur le bord de la route, un petit qui pleure ou qui rit. C'est très dur pour moi de rater ça. Même quand je rentre chez moi, les enfants ne sont pas avec moi 100 pour cent de mon temps. Les deux mois (où je suis en course) sont tellement durs."


Q: Est-ce pire que la douleur physique sur le vélo?

L.A.: Au cours des deux dernières années, ça a été la chose la plus difficile. Vous avez toujours la peur de rentrer chez vous et que vos enfants vous disent: 'Qui es-tu?'

Mais les enfants sont solides. Souvent, les enfants ne font pas la différence entre trois jours et trois mois. Le temps file pour eux, et c'est la bonne nouvelle. Je leur parle tous les jours. J'en ai assez des mois de séparation. Ils seront là pendant le Tour, et à l'arrivée. Pour moi, c'est incroyablement motivant. Je ne veux pas que mes enfants me voient rouler dans Paris seulement avec le maillot Discovery.


Q: Vous voulez qu'il soit jaune?

L.A.: "C'est ça."


Q: Aimeriez-vous avoir d'autres enfants, vous remarier?

L.A.: (Rires) "C'est elle (NDLR: Sheryl Crow) qui vous a parlé de ça? J'adore les enfants... donc. Pour moi, quand vous avez une relation amoureuse, quand vous êtes heureux, les enfants font naturellement partie de l'équation. Je suis heureux..."


Q: Le mariage est aussi une chose naturelle?

L.A.: "Oui, normalement, oui. Dans ce sens, je suis traditionnel. J'ai eu un mariage qui n'a pas marché, mais je continue à croire profondément à l'institution du mariage. Je pense que c'est bien."


Q: Existe-t-il une possibilité pour que la famille Armstrong s'agrandisse?

L.A.: "Oui. Sheryl et moi sommes heureux. Nous sommes deux êtres humains avec des vies pleines et nous avons défié les probabilités d'échec. Nous sommes aussi heureux qu'au premier jour. Regardez-la, elle vient dans des endroits comme celui-là, elle fait de la voiture et ensuite elle part faire une sortie à vélo. Elle est super de faire ça. Et les rôles seront changés dans six mois, quand je serai dans le bus pour la soutenir en tournée."


Q: Ca vous fait quoi de vivre dans un monde de célébrités?

L.A. "On touche aussi un peu à ça à travers le sport au fil des ans. Mais ça fait longtemps qu'elle tourne au plus haut niveau. C'est incroyable de voir à quel point les gens sont normaux au sommet, que ce soit en musique ou en politique. Sheryl est une personne normale, qui s'entend avec des gens normaux."