AMSTERDAM - Le Tour d'Italie, qui veut chasser ses fantômes de dopage, part samedi d'Amsterdam pour une 93e édition à haute tension, très ouverte en l'absence d'un favori unique.

Des prétendants vulnérables: les trois coureurs qui disent venir pour gagner affichent tous des points faibles. L'Espagnol Carlos Sastre (Cervélo), le vainqueur du Tour 2008 qui excelle sur la durée, a tout à redouter de la première semaine. L'Australien Cadel Evans (BMC), l'éternel second des grands Tours qui a changé de statut l'an dernier en devenant champion du monde, s'appuie sur un entourage sans grande expérience. L'Italien Ivan Basso (Liquigas), la première chance italienne, avoue un degré de forme moins avancé qu'espéré.

Même le coriace Alexandre Vinokourov (Astana), plus secret dans ses réelles ambitions, possède son talon d'Achille. A 36 ans, le Kazakh découvre le Giro, ses cols à très fort pourcentage, sa façon de courir qui laisse la part belle tant aux petites formations qu'aux équipes des sprinteurs.

Faute de grand favori, d'autres coureurs se prennent à viser très haut. Que peut bien faire l'Italien Vincenzo Nibali, appelé en renfort à côté de Basso après le retrait forcé de son coéquipier Franco Pellizotti ? Et son compatriote Michele Scarponi (Androni), qui ambitionne le podium... au minimum ?


Une course piégeuse d'emblée: après le contre-la-montre d'ouverture, entre le Rijskmuseum et le stade olympique d'Amsterdam (8,4 km), les deux premières étapes en ligne s'annoncent à risques. A cause d'un parcours souvent urbain dimanche, des possibilités de bordure en front de mer lundi, avant le retour en Italie pour le contre-la-montre par équipes dans le Piémont.

Les grimpeurs craignent cette première séquence, qui se prolonge par les chemins de terre de Toscane à l'approche de Montalcino (7e étape). Mais ils ont l'embarras du choix pour s'exprimer par la suite. Avec de grandes ascensions (Zoncolan, Plan de Corones, Mortirolo, Gavia) réparties sur les huit dernières journées de course dans le nord de la péninsule, pour terminer par un contre-la-montre conduisant le 30 mai aux arènes de Vérone.

Des équipes telles que Rabobank, qui évolue à domicile, Garmin-Transitions (Millar, Vande Velde) et Sky (Wiggins) jouent leur Giro dans cette première partie de course. Pour des candidats au maillot rose, c'est aussi la possibilité de prendre les devants. Philippe Mauduit, le directeur sportif de Sastre, ne s'y trompe pas: "Vinokourov est le grand favori des deux premières semaines."


Une histoire récente plombée: les organisateurs annoncent un effort sans précédent, la "course la plus contrôlée de l'histoire du cyclisme". Car le palmarès des dernières éditions est gâchée par des affaires de dopage touchant ses principaux acteurs, a posteriori le plus souvent.

Du podium du Giro du Centenaire l'année passée, seul le vainqueur, le Russe Denis Menchov, est passé au travers les mailles du filet de l'antidopage. L'Italien Danilo Di Luca (2e) a été contrôlé positif pendant le Giro, et donc déclassé. Son compatriote Franco Pellizotti (3e) a été rattrapé plus tardivement.

Au départ d'Amsterdam, où le ciel hésitait vendredi entre grisaille et pluie, une ribambelle d'absences (Di Luca, Pellizotti, Ricco, Rebellin, Sella) s'explique par les conséquences du dopage. Les autres (Contador, A. Schleck, Armstrong, Menchov) ont préféré se consacrer exclusivement cette année au Tour de France.