ANS (AFP) - A l'exemple de l'équipe T-Mobile, soulagée d'avoir renoué avec la victoire, la caravane du cyclisme a quitté la Belgique rassérénée après un Liège-Bastogne-Liège de haute lignée remporté par le Kazakh Alexandre Vinokourov.

Anciens ou modernes, tous se sont accordés sur la qualité de la dernière classique du printemps, autrement plus spectaculaire que les courses qui l'ont précédée.

"Magnifique", s'est réjoui Jean-Marie Leblanc, le directeur du Tour de France et organisateur de la "Doyenne". "Un grand Liège-Bastogne-Liège", a renchéri Eddy Merckx, le Cannibale du carrefour des années 1970, tout heureux de voir le haut niveau de cette 91e édition coïncider avec la modification de parcours qu'il réclamait (réintégration de la côte de la Haute-Levée).

Les coureurs eux-mêmes ont applaudi à cette course de mouvement, à l'opposé des deux autres classiques ardennaises qui s'étaient jouées uniquement dans la côte d'arrivée. Pour le bonheur d'un seul homme, l'Italien Danilo Di Luca, tant dans l'Amstel Gold Race qu'à la Flèche Wallonne.

Plus dure, plus rigoureuse, la "Doyenne" a privilégié les coureurs aguerris, les trentenaires du peloton qui ont pris les quatre premières places (Vinokourov, Voigt, Boogerd, Bettini). La jeune génération, dont l'Italien Damiano Cunego et l'Espagnol Alejandro Valverde sont les deux chefs de file, s'est inclinée... provisoirement.

La stature de Boonen

"Alejandro découvre ces courses, il faut lui laisser le temps", tempérait son directeur sportif Eusebio Unzue avant le départ. "Dans deux ans, Damiano se présentera en vainqueur", a estimé Giuseppe Saronni, le responsable de l'équipe de Cunego au soir de la neuvième place du vainqueur du Giro.

Pour l'heure, Cunego ("j'ai fait une bonne course, c'est un résultat qui me satisfait") songe surtout au Giro qui s'élancera le 7 mai de Reggio de Calabre, tout en bas de la botte italienne. A son match avec son compatriote Ivan Basso, aperçu en deuxième rideau (18e) sur les côtes de la "Doyenne", et à sa cohabitation à risques avec Gilberto Simoni, l'autre chef de file de l'équipe Lampre.

Cunego vient en fait de payer le prix de l'apprentissage dans les courses ardennaises. Mais, à 23 ans, tous les espoirs lui sont permis -il a déjà gagné le Tour de Lombardie 2004- pour peu qu'il parvienne à concilier la préparation des grands tours avec son intérêt pour les épreuves d'un jour. Vinokourov, qui reconnaît être obsédé cette année par le Tour de France, lui a montré la voie.

Tom Boonen (24 ans), lui, a déjà pris de l'avance. Ses deux victoires dans le Tour des Flandres et Paris-Roubaix l'ont installé au sommet de la hiérarchie dans les courses de pavés. Avec, pour corollaire, une spécialisation affirmée dans ce registre bien que son potentiel lui permette en théorie de briller sur d'autres terrains.

D'une série de vainqueurs sans aucune surprise (à l'inverse de l'année passée), la haute stature de Boonen semble se dégager. Le Belge a maintenant rendez-vous avec le Tour de France et les sprints attendus de la première semaine. Puisque la Grande Boucle reste, instauration du ProTour ou non, l'évènement central de la saison.