MADRID (AFP) - Les nuages de toutes sortes se sont accumulés ces dernières semaines au-dessus de la tête de Hein Verbruggen, dont le troisième et en principe dernier mandat de président de l'Union cycliste internationale (UCI) s'achève vendredi.

Contraint de se battre sur plusieurs fronts, le Néerlandais (64 ans), président de l'UCI depuis 1991, voit sa fin de règne troublée par un climat empoisonné. Au point de devoir comparaître mercredi devant un juge suisse qui a été saisi par la fédération espagnole afin que Hein Verbruggen ne préside pas le congrès électif prévu vendredi à Madrid.

Affaire Armstrong, conflits internes à l'UCI, ProTour. Sur les trois sujets, Hein Verbruggen se retrouve en première ligne dans des litiges étalés de plus en plus sur la place publique.

La gestion du cas Armstrong a débouché dernièrement sur une nouvelle polémique avec l'Agence mondiale antidopage (AMA) et son président Dick Pound. Principalement sur les sources d'information qui ont permis au journal L'Equipe d'annoncer la positivité à l'EPO du coureur américain lors de sa première victoire dans le Tour de France en 1999.

Sur le fond, l'UCI a gardé une grande prudence qui a été analysée comme un soutien à Armstrong. Il est vrai que Lance Armstrong, qui rejette ces imputations de dopage, ne semble pas encourir de sanction au vu du règlement sportif.

Verbruggen, habitué à ferrailler avec Pound depuis plusieurs années, est encore plus accaparé par les problèmes internes à l'UCI. A l'approche de l'élection, les procédures se sont multipliées, de la part de Sylvia Schenk (ancienne présidente de la Fédération allemande et opposante déclarée au sein du comité directeur), du Malaisien Darshan Singh et de la fédération espagnole.

"C'est allé trop loin"

"Une véritable campagne de déstabilisation", s'est indignée l'UCI quand elle a rendu compte de l'avis de son conseil d'appel qui a rejeté pour l'essentiel les plaintes de Singh et de Schenk. La plus importante visait le versement d'une indemnité à l'Irlandais Pat McQuaid, le candidat de Verbruggen et du comité directeur pour la présidence de l'UCI.

La fédération espagnole, qui soutient dans cette élection un autre candidat (Gregorio Moreno), a également porté le fer sur le terrain juridique. En utilisant publiquement des termes tels que "indices de manipulation du processus électoral", elle s'est attirée une réponse courroucée du président de l'UCI, qui a transféré le comité directeur de Madrid à Genève et a écrit au roi d'Espagne (en tant que président d'honneur du comité d'organisation des Mondiaux) pour dénoncer une "atteinte à la tradition d'hospitalité" de son pays.

"C'est allé trop loin", relève, sous couvert d'anonymat, un haut dirigeant de l'UCI. "Il est débordé", estime pour sa part le président de la Fédération française, Jean Pitallier, qui reproche de longue date au président de l'UCI de court-circuiter les fédérations nationales et de "mettre les gens devant le fait accompli".

Pour l'UCI, ces "attaques répétées et apparemment orchestrées" ne sauraient être une simple coïncidence avec le problème du ProTour, le circuit de l'élite voulu par Verbruggen mais rejeté par la société-mère du Tour de France (ASO) et les organisateurs des deux autres grands tours (Giro, Vuelta) avant sa mise en place en début d'année.

Cette analyse a été nourrie par les dernières accusations de dessous-de-table lors de l'élection à la confédération africaine, développées par un dirigeant burkinabé dont le tour national est organisé par ASO et relayées par L'Equipe qui appartient au même groupe.

Le désaccord de l'automne 2004 se serait donc transformé en vrai conflit. Avec, au bout du compte, une position sans doute affaiblie pour le futur président de l'UCI et une possible sortie gâchée pour Verbruggen.