SAN GIORGIO DEL SANNIO, Italie - Paolo Tiralongo, venu du sud de la Sicile, a enlevé l'étape la plus méridionale du Giro 2015, dimanche, à San Giorgio del Sannio, dans la région de la Campanie, où l'Espagnol Alberto Contador a sauvé son maillot rose.

À 37 ans et 313 jours précisément, Tiralongo est l'un des cinq coureurs les plus âgés du peloton du Tour d'Italie. Et aussi le vainqueur le plus âgé de l'histoire (moderne) du Giro, selon les statistiques de l'organisation.

Au-delà de l'anecdote, le Sicilien d'Avola, l'un des vignobles réputés de l'île, a surtout apporté son premier succès à l'équipe Astana, dont le chef de file, Fabio Aru, au tempérament incandescent, a une nouvelle fois attaqué Contador dans cette étape éprouvante.

Si son démarrage dans la dernière difficulté du parcours, a été muselé par Contador, son sprint dans le faux-plat d'arrivée a permis à Aru de grignoter une seconde à l'Espagnol. Et se rapprocher à trois secondes du maillot rose, avant la première journée de repos.

Aru, qui a manifesté une autorité naturelle malgré son jeune âge (24 ans), a enflammé une nouvelle fois la course. Sans parvenir à distancer Contador et l'imperturbable Richie Porte, l'Australien qui est resté dans les roues de ses deux rivaux dans les douze derniers kilomètres.

Quand le trio s'est dégagé, avec un autre coureur d'Astana (Landa), sur les pentes du Passo Serra, un petit col très raide, le Sarde n'a pas hésité à demander à ses compagnons de rouler afin de distancer Rigoberto Uran.

À l'arrivée, le Colombien (2e du Giro en 2013 et 2014) a lâché une cinquantaine de secondes supplémentaires pour compter désormais plus de deux minutes de retard au classement.

Contador, « un dur au mal »

L'ironie de cette 9e étape veut que Tiralongo, précieux coéquipier d'Aru, soit l'un des coureurs les plus proches de Contador avec lequel il a partagé la saison 2010 lors de sa première année sous le maillot Astana.

L'année suivante, le « Pistolero » lui avait fait cadeau de l'étape du Giro arrivant à Macugnaga, au pied du Mont Rose, en se gardant de revenir sur lui dans le dernier kilomètre. « Il a travaillé pour moi toute la saison écoulée », avait alors expliqué Contador.

Tiralongo, qui a gagné ensuite une autre étape du Tour d'Italie (en 2012), s'est dévoué aussi pour un autre Sicilien, Vincenzo Nibali, et, depuis l'année passée, pour Fabio Aru, qu'il a servi au Giro et à la Vuelta.

« Il se comporte comme un protecteur à mon égard, je suis super content pour lui », a déclaré Aru à propos de la victoire de Tiralongo, qui a condamné dans le final le Néerlandais Tom-Jelte Slagter, longtemps seul en tête.

« Mon rôle était de servir d'appui à Aru, mais l'équipe a changé les plans, elle m'a donné carte blanche pour tenter d'aller gagner l'étape », a expliqué Tiralongo qui a lâché ses compagnons à quatorze kilomètres de l'arrivée, pour rejoindre puis distancer Slagter.

Interrogé sur Contador, qui affirme se sentir « de mieux en mieux physiquement » après sa chute de jeudi dernier, le Sicilien a sobrement répondu: "C'est un dur au mal!"

Pour le maillot rose et la caravane, qui ont pris en soirée la direction de Civitanova Marche, distant de près de 400 kilomètres, la prochaine journée est consacrée au repos. Avant la remontée vers le nord.