LE GRAND-BORNAND, Haute-Savoie - Le jeune Allemand Linus Gerdemann s'est révélé samedi dans la Colombière, le premier col du Tour de France, pour remporter au Grand-Bornand la 7e étape et endosser le maillot jaune de leader.

A 24 ans, Gerdemann a triomphé d'une étape de 197,5 kilomètres, la première dans les Alpes, qui a laissé les candidats au podium sur leurs positions au cours d'une très chaude journée.

Epuisé à l'arrivée mais rayonnant, au comble de la joie sur le podium, Gerdemann a revêtu le maillot jaune de leader que portait depuis le prologue le Suisse Fabian Cancellara.

Pour gagner, le coureur de l'équipe T-Mobile, l'un des plus prometteurs de la jeune génération, s'est dégagé d'un groupe d'échappés dans la Colombière à 20 kilomètres de l'arrivée.

En compagnie du Kazakh Dmitriy Fofonov, qu'il allait distancer par la suite, il est revenu sur les Espagnols David de la Fuente et Ivan Gutierrez, qui avaient pris les devants sur les premières rampes du col.

Au sommet, à 14,5 kilomètres de la ligne, il a basculé avec 18 secondes d'avance sur l'Espagnol Inigo Landaluze, qui s'était rapproché à son tour.

"Vino" tient le choc

Dans la rapide descente vers le Grand-Bornand, bien qu'il ait adopté par moments une position risquée en s'installant sur le cadre plutôt que sur la selle, il a augmenté son avantage sur Landaluze pour le porter à 40 secondes sur la ligne d'arrivée.

Derrière de la Fuente, troisième, le Colombien Mauricio Soler, sorti du peloton dans la Colombière, s'est adjugé un accessit devant Laurent Lefèvre, premier Français à l'étape et membre de la principale échappée du jour.

Le peloton, comprenant la quasi-totalité des prétendants au podium, s'est présenté avec un retard de 3 min 38 sec.

Malgré leurs blessures, l'Allemand Andreas Klöden et le Kazakh Alexandre Vinokourov ont réussi en effet à garder leur place au sein de ce premier groupe fort d'une quarantaine d'unités.

"Je suis passé avec tout le monde et, pour moi, c'est comme une victoire", a estimé Vinokourov.

En revanche, plusieurs outsiders, le Français Sandy Casar et, plus encore, les Allemands Stefan Schumacher et Patrik Sinkewitz, ont été distancés dans la Colombière.

Gerdemann, qui possède la réputation d'être un coureur talentueux en même temps qu'une forte tête, a enlevé le deuxième succès de sa carrière, après une étape du Tour de Suisse 2005.

Dix ans après Ullrich

"L'an prochain, je compte courir pour le classement général. Il me faut travailler le contre-la-montre", a déclaré le coureur de Cologne qui, par coïncidence, a revêtu le maillot jaune, pratiquement dix ans après le premier endossé par son aîné Jan Ullrich (le 15 juillet 1997 à Arcalis, en Andorre).

Après un début agité par plusieurs tentatives, cette étape a été ouverte par une échappée de 15 coureurs formée en plusieurs vagues aux alentours du 40e kilomètre (Gerdemann, R. Perez, Fofonov, Martinez, Lefèvre, Vaugrenard, Savoldelli, Landaluze, De la Fuente, Gutierrez, Flecha, Tankink, Elmiger, Wegmann, Pineau).

Le groupe, qui a compté jusqu'à 8 min 30 sec d'avance (Km 86), s'est présenté au pied de la Colombière, à 30 kilomètres de l'arrivée, avec un avantage de 4 min 30 sec sur le peloton.

Cancellara, qui avait travaillé auparavant pour revenir sur l'échappée, a été distancé sur les premières rampes de la Colombière, comme il l'avait annoncé. Il a perdu au total plus de 20 minutes.

Au classement général provisoire, Gerdemann précède désormais Landaluze de 1 min 24 sec à la veille d'une dure étape (165 km) comprenant trois ascensions de première catégorie.

Sur les sommets

Dimanche, le Tour arrive sur les sommets alpestres, à Tignes, à l'altitude de 2068 mètres, en conclusion de la huitième étape (165 km) qui part du Grand-Bornand.

Le parcours alternant montées et descentes franchit d'abord le col de Tamié (2e catégorie) avant le ravitaillement installé à Beaufort, capitale de l'un des fromages les plus réputés de France, puis attaque l'interminable Cormet de Roselend (19,9 km à 6 %).

Le sommet de ce col majestueux, éloigné de 65,5 kilomètres de l'arrivée, précède une descente piégeuse, propice aux chutes, en direction de Bourg-Saint-Maurice. Suivent encore deux montées, longues mais d'une pente modérée, Hauteville (15,3 km à 4,7 %) et enfin Tignes (18 km à 5,4 %), où la banderole du GP de la Montagne est installée à 2 kilomètres de la ligne.

Tignes, station créée en 1956, où les coureurs resteront lundi pour la première journée de repos, reçoit pour la première fois la Grande Boucle.

Départ du Grand-Bornand à 12h55, arrivée à Tignes vers 17h30 (prévision à 36 km/h de moyenne).