PARIS - Le Kazakh Alexandre Vinokourov, convaincu de dopage par transfusion sanguine lors du Tour de France, a bénéficié de la clémence de sa fédération qui lui a infligé jeudi un an de suspension, avant d'annoncer qu'il mettait un terme à sa carrière.

Jeudi soir, quelques heures après la diffusion d'un communiqué dans lequel le coureur disait "attendre avec impatience la fin de sa suspension et l'opportunité de recommencer à courir", le site internet du quotidien l'Equipe annonçait que Vinokourov avait décidé de prendre sa retraite.

Une information que le coureur de 34 ans devrait confirmer vendredi matin lors d'une conférence de presse à Almaty.

Car, avant même cette annonce, l'avenir du Kazakh s'annonçait confus. En le suspendant pour une année, la fédération nationale s'était mise en opposition avec les standards internationaux de l'Union cycliste internationale (UCI) (deux ans de suspension).

"Les documents et preuves présentés par Vinokourov et ses avocats n'étaient pas convaincants, nous avons décidé de le disqualifier pour un an", avait déclaré Nikolaï Proskourine, vice-président de la fédération kazakhe, avant d'expliquer la relative mansuétude de la décision: "Je considère que Vinokourov pourra, s'il le veut, participer aux Jeux olympiques de Pékin." (8-24 août)

Le dirigeant avait également expliqué que la commission de discipline avait sanctionné sa vedette, même légèrement, "pour que la fédération kazakhe ne soit pas suspendue par l'UCI".

L'UCI surprise

Le "tarif" appliqué à tout sportif convaincu de dopage par transfusion est en effet loin d'avoir été facturé à "Vino", contrôlé positif, à deux reprises, à la transfusion sanguine homologue (ndlr : avec le sang d'un donneur de même groupe et même rhésus), lors du dernier Tour de France.

À titre d'exemple, l'Américain Tyler Hamilton et l'Espagnol Santi Perez, "tombés" en 2004 pour transfusion homologue, avaient été suspendus deux ans, assortis de deux années supplémentaires d'interdiction de recrutement par une équipe du ProTour.

Ce décalage a "surpris" les responsables de l'UCI, qui souhaitaient éplucher les attendus de la décision kazakhe. "Nous nous demandons où la fédération a trouvé les éléments pour prononcer une telle sanction", a indiqué à l'AFP Enrico Carpani, porte-parole de l'UCI, au nom de son président Pat McQuaid.

L'UCI entendait étudier le dossier et les détails de la décision, et le cas échéant faire appel de cette sanction auprès du TAS" (Tribunal arbitral du sport), dans les 30 jours à compter du 6 décembre.

À l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui a également un droit d'appel, on se montrait tout aussi interloqué.

"À moins qu'il y ait des éléments (à décharge) dans le dossier, je ne vois pas ce qui a pu motiver cette sanction. Une transfusion, ce n'est pas comme une substance que l'on peut prendre par mégarde", a indiqué son directeur juridique Olivier Niggli, précisant toutefois n'avoir pas encore été notifié de la décision kazakhe, donc, comme l'UCI, n'en avoir pas lu les attendus.