PAU - Choc dans le Tour de France: l'équipe Astana a dû quitter la compétition mardi à la demande des organisateurs, après un contrôle positif d'Alexandre Vinokourov.

Le départ a été annoncé mardi par l'attachée de presse de l'équipe Corinne Druey, après la révélation d'un contrôle positif du coureur kazakh aux transfusions homologues après le contre-la-montre d'Albi le 21 juillet dernier.

"J'ai été averti par un coup de fil de Marc Biver sur mon téléphone portable que Alexandre Vinokourov avait été trouvé positif à l'issue du contre-la-montre, positif à une manipulation sanguine, m'a-t-il dit", a ensuite expliqué Patrice Clerc, le patron d'Amaury Sport Organisation, qui organise le Tour, lors d'une conférence de presse.

"Je lui ai demandé immédiatement de prendre la seule décision qui s'impose, à savoir celle de retirer l'ensemble de l'équipe Astana de la course, demande à laquelle il a accédé immédiatement.

"J'ai souvent dit depuis de nombreuses années que nous avions entrepris une guerre sans merci contre le dopage, a-t-il ajouté. Dans une guerre, il y a des dégâts; le Tour de France vit actuellement une période noire avec des dégâts, mais il n'est pas question de baisser les bras, d'abandonner la partie, il est pas question de laisser la place à ceux qui veulent tricher, il est pas question de ne pas aller jusqu'au bout de nos idées, de nos convictions."

De son côté, Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, s'en est pris sans la citer à l'Union cycliste internationale.

"Le système actuel ne fonctionne pas, il va falloir le changer. C'est une faillite totale", a-t-il jugé lors de la même conférence de presse.

"Un système qui ne défend pas la plus grande course du monde, est un système qui ne doit pas perdurer.

"L'avenir du cyclisme, la reconquête du cyclisme ne peuvent passer que par le Tour de France. Quelle épreuve peut draîner deux millions de personnes au départ de Londres? Il faut défendre une épreuve qui est l'essence même du cyclisme, sa légende."

Un peu plus tôt, le quotidien sportif "L'Equipe" avait révélé que le coureur kazakh avait été contrôlé positif aux transfusions homologues lors du contre-la-montre d'Albi le 21 juillet dernier, où il s'était imposé. Le site ajoutait qu'il avait subi lundi un nouveau contrôle sanguin après sa victoire d'étape à Loudenvielle.

"Ce prélèvement est analysé par le laboratoire de Chatenay-Malabry".

Favori de l'épreuve au départ du Tour, Vinokourov, 33 ans, a aligné exploits et contre-performances depuis le départ du Tour à Londres. Tombé dans la cinquième étape menant à Autun, gravement touché aux genoux, il avait perdu du terrain dans les Alpes avant de remporter le contre-la-montre d'Albi samedi. Il s'était effondré le lendemain dans l'étape du Plateau de Beille avant de remporter lundi sa cinquième victoire dans le Tour de France à Loudenvielle. Il pointait en 23e position au classement général à 28,21 minutes du leader le Danois Michael Rasmussen.

Interrogé sur RTL, le directeur sportif de l'équipe Crédit Agricole, Roger Legeay a jugé "pitoyable" pour "un garçon de la pointure de Vinokourov" d'avoir "triché éhontément avec des transfusions sanguines. "Qu'on leur ait demandé que toute l'équipe se retire, c'est le minimum, et surtout qu'ils ne reviennent pas! On ne veut plus les voir! C'est pitoyable d'avoir voulu tricher", a-t-il estimé.

"Parfois il y a des erreurs d'asthme ou des choses comme ça, mais là, c'est de la tricherie volontaire, a-t-il expliqué. C'est gravissime pour Astana, gravissime pour Vinokourov.

"Mais ça prouve que la lutte anti-dopage marche et que la recherche marche, et qu'on arrive à prendre les garçons les plus huppés", a jugé celui qui vient de créer une association "un mouvement pour un cyclisme crédible".

"C'est ça qui me réconforte aujourd'hui, il n'y a pas de pitié, même pour les grands et c'est super."

Michel Audran, professeur du laboratoire de biophysique et de bioanalyse de l'université de Montpellier, rappelait qu'une "transfusion homologue est faite avec le sang d'une personne du même groupe, par exemple A+ avec A+ ou de même Rhésus (négatif ou positif)".

C'est donc différent de l'autotransfusion avec son propre sang qui reste indétectable.

"Ce qui me stupéfie, c'est que l'on puisse encore utiliser la transfusion homologue, qui est détectable depuis les Jeux d'Athènes en 2004 où l'Américain Tyler Hamilton avait été pris, a-t-il souligné. On prend les globules rouges du donneur, on se les injecte, ce qui augmente la masse d'hémoglobine qui transmet l'oxygène aux muscles. Ca permet plus d'endurance, de travailler plus longtemps et plus fort.

"On peut avoir ainsi une augmentation de la performance de 5 à 20 pour cent, selon le volume de globule injecté, a-t-il expliqué. Si l'on est contrôlé, la probabilité de ne pas être détectée est très faible, de 1 pour 7000."