PARIS (AP) - Suspendu neuf mois de toute compétition pour aveux de dopage, Richard Virenque dénonce à nouveau l'hypocrisie de la grande famille du cyclisme concernant ce fléau, révélé au grand jour par l'''affaire Festina'' en 1998 sur le Tour de France.


''Le seul souci pour un coureur, c'est de ne pas être positif'', indique Virenque dans une interview accordée au journal 'L'Equipe' mardi, à propos d'un peloton majoritairement enclin à contourner les réglements dans les années 90.

Mis en examen pour incitation au dopage, Virenque a fait des aveux complets lors du procès Festina en octobre dernier à Lille. Relaxé au plan pénal, il a été condamné sportivement à neuf mois de suspension, qui pourraient signifier à 31 ans, la fin de sa carrière. Il se dit toujours bouc émissaire et victime d'un système pervers. ''J'ai avoué avoir pris de l'EPO, et on m'a collé neuf mois de suspension; un gars qui va se faire pincer la semaine prochaine à 52% d'hématocrite après un contrôle sanguin, dont on a donc la quasi-certitude qu'il a pris de l'EPO, va prendre un arrêt de travail de quinze jours! Je ne peux pas accepter ça!''

L'Union cycliste internationale (UCI) n'est pas épargnée par le Varois, monté deux fois sur le podium du Tour de France où il a signé quatre victoires d'étapes et ramené cinq fois à Paris le maillot de meilleur grimpeur. Il rappelle qu'en mars 1997, l'UCI avait fixé la limite du taux hématocrite à 50%. ''Tous les coureurs tentaient (ensuite) de monter articiellement à 49''', indique Richard Virenque.

A propos de l'exclusion de l'équipe Festina du Tour 1998 après l'arrestation de son soigneur Willy Voet, il estime que sa formation a payé pour toutes les autres. ''Ce qu'il aurait fallu en juillet 1998, c'est que la police interroge tout le peloton. On aurait obtenu la même proportion d'aveux que chez Festina'', dit-il.

Virenque qui avoue avoir pris ''un maximum de trois injections par jour''... rajoute: ''Est-ce que j'avais le choix? S'ils avaient le choix, 90% des coureurs ne se doperaient pas, j'en suis certain. Les 10% qui restent, ce sont ceux qui n'ont pas le moteur, ceux à qui le dopage permet d'exister.

''Mon rêve? Un Tour beaucoup plus difficile et hyper-contrôlé. On serait trente à l'arrivée, et tous des héros. Au moins, ça prouverait quelque chose''.

La carrière de Richard Virenque est suspendue à la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne auprès duquel il a fait appel de sa suspension, qui court jusqu'à fin octobre. Cette décision ne devrait pas intervenir avant début mars.

Fin janvier, il a repris l'entraînement seul, sans équipe, sur les routes proches de Genève et de son domicile, ''au cas où il faudrait être prêt en juillet''...