Vive l'anarchie !
Cyclisme lundi, 10 juil. 2006. 12:36 samedi, 14 déc. 2024. 18:38
BORDEAUX (AFP) - Le Tour de France cycliste, qui s'est reposé lundi à Bordeaux (sud-ouest), affiche une hiérarchie toute provisoire, surprenante et appelée à être bouleversée dans les Pyrénées à partir de mercredi dans une course qui s'annonce excitante, faute de grands leaders.
"C'est l'anarchie !", analyse Cyrille Guimard, le technicien français (longtemps l'autorité des directeurs sportifs) qui est devenu le consultant de la radio Europe 1. "On savait que l'on allait manquer de repères à partir du moment où celui qui dominait depuis sept ans (Armstrong) n'était plus là. Et, en plus, on a coupé les têtes ! Mais, après tout, c'est normal dans une révolution..."
Guimard fait référence à l'éviction des favoris du Tour, l'Italien Ivan Basso et l'Allemand Jan Ullrich, accompagnés de quelques autres leaders (Mancebo, Vinokourov). Derrière eux, c'est la bouteille à l'encre tant le contre-la-montre de Rennes, samedi dernier, a apporté son lot de surprises avant la montagne.
"La course est évidemment plus excitante. Personne n'est capable de prendre le pouvoir. Dans ce Tour, on ne peut rien prévoir. On se retrouve avec un maillot jaune (Serhiy Honchar) qui a 36 ans. Ce n'est pas blâmable, au contraire, mais cela prouve qu'il y a des décrochages", estime l'ancien directeur sportif de Bernard Hinault et de Laurent Fignon, deux champions qui se sont affirmés d'emblée, à leur première participation, dans la Grande Boucle.
Landis et Klöden favoris
Existe-t-il un champion en devenir prêt à se révéler dans ce Tour de toutes les incertitudes ? Le consultant de référence cherche en vain: "Chez les moins des 25 ans, je ne vois pas un coureur qui a du charisme, de la personnalité et des chevaux sous le capot. C'est cela l'enseignement du Tour aujourd'hui."
Dès lors, il faut se retourner vers les valeurs établies pour tenter de dégager une échelle dans la liste des prétendants. Avec réticence, le technicien français lâche deux noms, ceux de l'Américain Floyd Landis, le vainqueur de Paris-Nice en mars dernier, et de l'Allemand Andreas Klöden, deuxième du Tour 2004.
Landis (30 ans), deuxième au classement général (à 1 min de Honchar) après le contre-la-montre de Rennes, a d'ailleurs assumé son statut de favori le jour suivant. Il a fait travailler son équipe pour contrôler la course. Sa formation Phonak l'a annoncé de longue date, l'ancien coéquipier de Lance Armstrong vient sur le Tour pour gagner.
Klöden (31 ans), sixième au classement (à 1 min 50 sec), représente la première chance d'une équipe T-Mobile placée en position de force. L'ex-lieutenant d'Ullrich s'estime en mesure lui aussi de gagner malgré un début de saison chaotique.
"De par leurs antécédents, Landis et Klöden sont les deux vrais favoris. Mais la grosse cote est peut-être à cinq, sept, dix minutes", souligne Guimard en rappelant les précédents de Pascal Lino (1992) et de François Simon (2001), longtemps maillot jaune après des échappées-fleuve: "Les T-Mobile vont bien finir par se marcher dessus, ils ne sont plus que sept dans l'équipe. Aujourd'hui, un coureur moyen, placé à 7-8 minutes, qui grimpe et roule relativement bien, peut gagner. C'est un Tour fou."
Un lien avec l'affaire espagnole
Est-ce une conséquence de l'affaire de dopage en Espagne ? "Le lien est direct dans la mesure où Basso et Ullrich ne sont plus là à cause de cette affaire", répond l'expert français. "C'est essentiel sur la façon dont se déroule le Tour cette année".
"Anarchie, cela veut dire aussi révolution, souligne-t-il. On est peut-être dans la vraie révolution cette année. On ne s'est pas vraiment rendu compte car le football a pris l'essentiel de la couverture médiatique du sport ces derniers jours. Mais, c'est peut-être le Tour de la rupture, plus que le Tour 1998 qui ne l'a pas été finalement. Cela n'empêche pas que l'on n'a pas de coureur charismatique".
Sur le risque de voir le dopage flamber de nouveau, Cyrille Guimard tient un discours qui incite à la relativité: "Il y a un moment où les problèmes de dopage vont se limiter à des produits relativement peu actifs. Je trouve d'ailleurs qu'on encense trop le dopage dans les médias. On en parle tellement qu'on le rend attractif, y compris au niveau des jeunes. Et ça, c'est grave. Il faut arrêter de dire que l'on ne peut gagner que si l'on se dope. Ce n'est pas vrai."
"C'est l'anarchie !", analyse Cyrille Guimard, le technicien français (longtemps l'autorité des directeurs sportifs) qui est devenu le consultant de la radio Europe 1. "On savait que l'on allait manquer de repères à partir du moment où celui qui dominait depuis sept ans (Armstrong) n'était plus là. Et, en plus, on a coupé les têtes ! Mais, après tout, c'est normal dans une révolution..."
Guimard fait référence à l'éviction des favoris du Tour, l'Italien Ivan Basso et l'Allemand Jan Ullrich, accompagnés de quelques autres leaders (Mancebo, Vinokourov). Derrière eux, c'est la bouteille à l'encre tant le contre-la-montre de Rennes, samedi dernier, a apporté son lot de surprises avant la montagne.
"La course est évidemment plus excitante. Personne n'est capable de prendre le pouvoir. Dans ce Tour, on ne peut rien prévoir. On se retrouve avec un maillot jaune (Serhiy Honchar) qui a 36 ans. Ce n'est pas blâmable, au contraire, mais cela prouve qu'il y a des décrochages", estime l'ancien directeur sportif de Bernard Hinault et de Laurent Fignon, deux champions qui se sont affirmés d'emblée, à leur première participation, dans la Grande Boucle.
Landis et Klöden favoris
Existe-t-il un champion en devenir prêt à se révéler dans ce Tour de toutes les incertitudes ? Le consultant de référence cherche en vain: "Chez les moins des 25 ans, je ne vois pas un coureur qui a du charisme, de la personnalité et des chevaux sous le capot. C'est cela l'enseignement du Tour aujourd'hui."
Dès lors, il faut se retourner vers les valeurs établies pour tenter de dégager une échelle dans la liste des prétendants. Avec réticence, le technicien français lâche deux noms, ceux de l'Américain Floyd Landis, le vainqueur de Paris-Nice en mars dernier, et de l'Allemand Andreas Klöden, deuxième du Tour 2004.
Landis (30 ans), deuxième au classement général (à 1 min de Honchar) après le contre-la-montre de Rennes, a d'ailleurs assumé son statut de favori le jour suivant. Il a fait travailler son équipe pour contrôler la course. Sa formation Phonak l'a annoncé de longue date, l'ancien coéquipier de Lance Armstrong vient sur le Tour pour gagner.
Klöden (31 ans), sixième au classement (à 1 min 50 sec), représente la première chance d'une équipe T-Mobile placée en position de force. L'ex-lieutenant d'Ullrich s'estime en mesure lui aussi de gagner malgré un début de saison chaotique.
"De par leurs antécédents, Landis et Klöden sont les deux vrais favoris. Mais la grosse cote est peut-être à cinq, sept, dix minutes", souligne Guimard en rappelant les précédents de Pascal Lino (1992) et de François Simon (2001), longtemps maillot jaune après des échappées-fleuve: "Les T-Mobile vont bien finir par se marcher dessus, ils ne sont plus que sept dans l'équipe. Aujourd'hui, un coureur moyen, placé à 7-8 minutes, qui grimpe et roule relativement bien, peut gagner. C'est un Tour fou."
Un lien avec l'affaire espagnole
Est-ce une conséquence de l'affaire de dopage en Espagne ? "Le lien est direct dans la mesure où Basso et Ullrich ne sont plus là à cause de cette affaire", répond l'expert français. "C'est essentiel sur la façon dont se déroule le Tour cette année".
"Anarchie, cela veut dire aussi révolution, souligne-t-il. On est peut-être dans la vraie révolution cette année. On ne s'est pas vraiment rendu compte car le football a pris l'essentiel de la couverture médiatique du sport ces derniers jours. Mais, c'est peut-être le Tour de la rupture, plus que le Tour 1998 qui ne l'a pas été finalement. Cela n'empêche pas que l'on n'a pas de coureur charismatique".
Sur le risque de voir le dopage flamber de nouveau, Cyrille Guimard tient un discours qui incite à la relativité: "Il y a un moment où les problèmes de dopage vont se limiter à des produits relativement peu actifs. Je trouve d'ailleurs qu'on encense trop le dopage dans les médias. On en parle tellement qu'on le rend attractif, y compris au niveau des jeunes. Et ça, c'est grave. Il faut arrêter de dire que l'on ne peut gagner que si l'on se dope. Ce n'est pas vrai."