PARIS (AFP) - Le Belge Willy Voet, condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Lille à 10 mois de prison avec sursis et 30.000 francs d'amende, a vu sa vie basculer en juillet 1998 quand les douaniers français l'ont interpellé au volant d'une voiture pleine de produits dopants en route pour le départ du Tour de France cycliste, interpellation qui déclencha de ce qui allait devenir l'"Affaire Festina".

Originaire de Malines, Willy Voet a grandi dans le giron d'un cyclisme perverti par les combines. A 23 ans (1968), il travaille comme chauffeur d'autocar quand il met un terme à une courte carrière de cycliste amateur. Sept ans plus tard, il devient soigneur, mot propre à toutes les ambiguïtés, dans des équipes de son pays.

D'un naturel chaleureux, apprécié par les coureurs, il intègre la formation Festina en 1993 après être passé par l'équipe française RMO où il avait lié connaissance avec Bruno Roussel et Richard Virenque, deux des principaux prévenus au mois d'octobre dernier à Lille.

Efficace, disponible, toujours présent au ravitaillement en course ou dans la zone d'arrivée, la serviette éponge sur le bras, il accompagne alors le champion et certains de ses coéquipiers, en auxiliaire fidèle.

"Comme mon fils"

Virenque ? "C'était comme mon fils", a pleuré Willy Voet dans les interviews à charge qu'il a accordées depuis l'été 1998. Car en deux ans, l'ex-soigneur, retiré dans sa maison de Veynes (Hautes-Alpes), s'est transformé en procureur.

Il a signé l'an dernier un livre à succès, "Massacre à la chaîne", dans lequel il a délivré sa vérité sans clarifier pour autant les zones d'ombre. Il a récidivé cette année avec un récit basé sur l'activité sexuelle dans les pelotons cyclistes.

L'homme, qui rappelle avoir beaucoup aimé les coureurs, au point d'expérimenter lui-même l'effet de certains produits interdits, n'en finit plus de s'exprimer.

Marqué par ses deux semaines de détention préventive, il s'est étonné que peu de gens lui aient exprimé leur solidarité et s'est senti lâché par un milieu qu'il a accablé ensuite.

L'ancien masseur, qui assurait le cheminement de grandes quantités de produits dopants, s'est confessé partiellement devant le grand public.

Lors du lancement de son premier livre, il a divulgué une partie de ses carnets dans lesquels il prétend avoir noté le détail de ses opérations.

Il a affirmé avoir voulu libérer sa conscience "de trente années de mensonge" et agir "pour que le système s'arrête un jour".